@ Gazi Borat
Vous vous adressez à moi en m’appelant Marie-Pierre. Je ne suis pas Marie-Pierre, même si je l’apprécie beaucoup, et contrairement à ce que prétendent certains imaginatifs du forum, donc merci de bien vouloir m’appeler Cosmic Dancer.
Non, « on ne décide pas comme ça d’être un caïd macho ou un individu respectueux des femmes », effectivement, il s’agit bien de valeurs liées à un contexte culturel.
Mon frère a toujours participé au même titre que ses soeurs au débarrassage de table, à la tournée de vaisselle, etc., en même temps que mon père et ma mère.
Il n’a jamais eu l’idée de nous considérer comme inférieures à lui, devant lui obéir et le servir. Il est devenu un homme bien, même si nous l’adorions toutes comme un coq en pâte, étant le plus petit et le seul garçon de la famille.
Les femmes, en tant que mères, donc, élevant leurs fils comme de petits pachas ou de gros poussahs, sont en effet responsables de ce qu’ils deviennent de grands princes devant qui les femmes doivent se prosterner. Pareillement celles élevant leurs filles comme d’affreuses petites reines capricieuses exigeant que les hommes se prosternent à leurs pieds.
Il y a simplement des cadres dans lesquels ces tendances générales s’expriment avec plus de coercition. Et notamment dans le cas des caïds des banlieues. J’en reviens donc à ce que je disais plus haut à propos de problèmes d’éducation, au sein de la famille, mais pas seulement.
Car en effet, si l’on est en partie déterminé par le milieu d’où l’on est issu, nombreux - pas si exceptionnels que vous le dites, pas si chanceux isolés que vous le dites - sont ceux qui, en grandissant, peuvent remettre en cause certains héritages. Un caïd n’est pas tenu de le rester toute sa vie. D’autant moins que ses soeurs et ses cousines essaient de lui faire comprendre leurs problèmes.
Quant à l’adolescence, elle est en effet particulièrement difficile pour les garçons en général (suicides nombreux), et pour tout le monde en particulier.
Je comprends que vous ne considériez pas votre cas comme exemplaire, mais lorsque vous évoquez une dérive délinquante, je pourrais vous répondre que moi aussi, j’aurais pu mal tourner, et que pourtant cela n’est pas arrivé.
En fait, je ne souhaitais pas du tout entrer dans cette logique de la méritocratie qui peut balayer d’un geste indifférent les difficultés réelles auxquelles sont confrontées les classes dites populaires.
Je souhaitais simplement expliquer mon point de vue selon lequel l’exercice d’autorité voire de totalitarisme que subissent les femmes en banlieue ne provient pas nécessairement des conditions économiques dans lesquelles vivent ceux qui les oppriment.
D’ailleurs, ainsi que le rappelait Léon, les violences faites aux femmes sont de tous les milieux socio-culturels.
Simplement, NPNS a pointé le problème particulier et précis dont nous parlons sur ce fil.