Alain Bondu,
Je pense effectivement que nous sommes à deux doigts de voir l’anglais proclamé lingua franca officielle de l’UE, en tout cas les voix qui le demandent ne se cachent plus.
Je préfèrerais à la limite cela, la vérité, à l’hypocrisie actuelle.
Et dans cette hypothèse, l’espéranto pourrait se développer en fédérant certains de ceux qui trouveraient une telle hégémonie injuste.
D’autres demanderaient probablement (naïvement à mon avis) un retour au plurilinguisme, disons à un plurilinguisme mythique qui n’a réellement existé tant bien que mal qu’à l’époque ou les trois langues de travail étaient réellement utilisées, français, allemand, anglais.
Sur la dialectisation et la complexification de l’Eo dans l’hypothèse où il aurait un développement plus rapide, il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un cas à part dans les langues, ce qui d’ailleurs perturbe parfois le jugement des linguistes. A partir de mots déjà existants, fruits de millénaires de travail de l’humanité (car les langues et leurs mots sont un travail collectif), Zamenhof a rationalisé la grammaire (là encore en s’inspirant de diverses langues, et pas uniquement occidentales). En 120 ans, les 16 règles de base ont été respectées, ce qui n’a nullement empêché de petites évolutions syntaxiques, l’adoption de quelques suffixes spécialisés, et la création de nombreux mots pour suivre la société. L’évolutivité est d’ailleurs, aux dires des linguistes, un des critères essentiels qui distinguent une langue vivante d’une langue morte.