A Tom Roud,
Je vois que j’ai affaire à un militant, à un soldat.
(On peut être soldat ou militant sans sortir pour autant d’une caserne ou d’un centre de training)
Moi, Tom, j’ai posé mes réflexions à partir du seul état des lieux des deux siècles scientistes, si l’on veut bien démarrer à Napoléon 1er.
Je me fiche de savoir ce que projettent les nihilistes, les anarchistes, les onrefaitouistes, les créationnistes, je ne les connais pas , ils ne me prennent pas la tête, contrairement à toi.
Ces gens contre qui tu milites ne sont pas au pouvoir. Ce qui est au pouvoir depuis deux siècles c’est le courant scientiste et son bilan n’est pas bon.
Le Monde ne ressemble pas du tout aux images que nous proposaient à longueur de mois Sciences et Vie ou Alpha ou Life et auxquelles j’ai cru.
Oui, on a pu traverser l’Atlantique suspendu sous un dirigeable en dégustant du champagne ; ça ne se fait plus et on ne s’en porte pas plus mal.
Oui, on a pu marcher sur la Lune ; ça ne se fait plus et on ne s’en porte pas plus mal.
Oui on a pu faire Paris New-York en vitesse supersonique ; ça ne se fait plus et on ne s’en porte pas plus mal.
Il circule encore sur nos routes des voitures ayant plus de puissance que des tracteurs de semi remorque ; il n’y en aurait plus, on ne s’en porterait pas plus mal.
Certes, il ne faut pas confondre la science et ce qu’on en fait. Il pourrait exister une manière d’utiliser la science de sorte que ...
Ah ! C’est alors qu’il faudrait introduire une notion d’éthique ou de morale si je puis me permettre ce léger glissement sémantique
La science n’a pas de morale dis-tu ?
Elle est a-morale, dis-tu ?
Bien possible Tom, bien possible que ce soit pour cela que nous en soyons rendus à concevoitr de tirer du savon ou des serpillères à partir de corps vivants qu’on tuerait rien que pour ça.
C’est pas croyable le baratin que l’on fait partout sur le thème de la vie posée au sommet de toute chose pendant que dans l’exact même temps on tue 5 milliards d’êtres vivants chaque jour sans la moindre cérémonie, sans la moindre prière, sans la moindre tristesse, sans la moindre tombe
Ce n’est pas la mort qui est dure, c’est le manque de considération. C’est l’écart qu’il y a entre la mort de Roland de Roncevaux et celle des gus jetés en tas dans des fosses
Je ne crois pas qu’avant 1800 il y ait jamais eu dans le Monde un quelconque endroit où des hommes ont pu concevoir un tel manque de considération pour la vie
Oh ! Des guerres et des masacres il y en a eu depuis des lustres et j’en suis informé autant que toi
Faisons un tour sur la liste des massacres que nous offre Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_massacres
Ohlala, que de sang depuis des lustres !
Mais à partir de quand voit-on apparaître le concept de monter des usines à tuer pour faire du savon, du rouge à lèvres ?
L’esclavagisme n’était pas forcément moral puisqu’il peut exister mille et une morales, chacune prêchant pour sa paroisse, mais au moins il impliquait de se servir de la vie d’autrui et non de sa mort.
Je ne dis pas que le fossé est immense entre exploiter la vie d’autrui et le tuer pour en extraire du savon mais je dis que je ne vois pas bien le progrès quand on va de l’esclavagisme au nazisme dont nous sommes tous forcément porteurs, quoi que nous puissions en dire.
Oui nous sommes tous porteurs des principes qui ont porté le nazisme. Ces principes consistent à ne plus accorder la moindre personnalité aux individus, qui consistait à les considérer en tant que chiffre, en tant que masse de chair à traiter sans lui accorder la moindre transcendance, la moindre valeur morale, de manière froide et scientifique.
Tout en nous prétendant tous fermement opposés au nazisme, nous entretenons et bichonons ses fondamentaux en accélérant la productivité de nos élevages de boeuf et de nos abattoirs
Visitons le camp du Strutof, puis visitons un de nos élevages de volailles puis un de nos abattoirs scientifiquement conçus et hygiénés, puis le bâtiment d’Aventis d’Ivry-sur -Seine. Celui où il est strictement interdit d’entrer pour des raisons d’isolement bactériologique, et dans lequel il y a des cages en inox placées dans des salles marquées « Humanoïdes non humains ». Puis visitons nos prisons, visitons Guantanamo.
Puis rentrons chez nous épuisés et comparons toutes ces images. Partout, l’esprit scientifique a prévalu. (Cf expérience de Milgram)
Qu’est ce que les créationnistes ont à voir avec tout ça Tom ?
Tu n’es qu’un militant, tu t’es névrosé contre quelque chose, les créationnistes en l’occurrence et tu ne peux plus remettre en question le bouillon dans lequel tu baignes depuis que tu es né.
Il était inévitabe que les prométhéens que nous étions en viennent à concevoir de fabriquer de l’humain sans passer par le sexage et la gestation in vivo. Mais à peine avons-nous commencé à concevoir le robot, projection de l’homme que nous avons conçu l’homme projection du robot. A peine la science nous a-t-elle monté que l’homme pouvait faire des machines que nous avons conçu que l’homme pouvait devenir une machine.