@Melara
"Il semble pourtant qu’il y a une vrai gauche héritière de la philosophie
des Lumières et de son universalisme, du moins si on prend le temps
d’écouter M. Mélenchon sans a priori."
Mélenchon est moins inculte que ses concurrents, il connaît ses classiques et maîtrise plutôt bien une certaine rhétorique tribunicienne, mais son projet ressemble à celui des sophistes : persuader avant tout. La question de la vérité est pour lui très secondaire et en un sens il peut tout à fait se permettre ces sortes de fantaisies : il ne sera pas président et il ne risque aucunement d’être jamais contredit par les exigences du réel. C’est un marchand de rêves... ou de cauchemars.
Les Lumières ne sont pas non plus un bloc et j’ai peut-être eu tort de m’y référer comme je l’ai fait, sans trop nuancer. On le voit bien lorsqu’on regarde ce que font de toutes ces idées les révolutionnaires de 89. La révolution commence très bien, la déclaration des Droits de l’homme, l’abolition des privilèges, tout cela est fort généreux, mais je ne pense pas que les philosophes du XVIIIe eussent beaucoup approuvé les Marat, les Robespierre, et encore moins la terreur qui résulte de leurs agissements. Rousseau peut-être, mais je n’en suis même pas sûr. Or, la corde qu’essaie constamment de faire vibrer Mélenchon, c’est celle du ressentiment ; il ne lui manque que la guillotine, et c’est ce qui fait de lui un populiste de la pire espèce, et tout le contraire d’un philosophe au sens cette fois le plus général du terme.