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Commentaire de easy

sur Super monstres et super héros de l'Amérique crépusculaire…


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easy easy 8 septembre 2012 08:32

Vous me donnez l’impression d’être le directeur d’un théâtre français des environs de 1800 qui critique le théâtre américain actuel.

Moi, c’est le théâtre que je dirais.

Encore qu’il me semble indispensable à l’homme. C’est peut-être le cinéma de la vie qui permet d’enfumer l’angoisse que provoque la perspective assez absurde ou insensée de notre mort.
Je ne dis donc pas qu’il faut fermer les théâtres. Mais je crois qu’il faut, de temps en temps, dire en toute lucidité que l’Humanité n’a cessé de faire du théâtre, du cinéma de vie, du cinéma de mort.

Dès que sur un cadavre de proche on pose des pierres, on commence le théâtre. Aucun autre être vivant ne fait ça.

Or, du petits tas de pierres aux panthéons en passant par les pyramides, il n’y a rien de plus qu’une surenchère de ce théâtre d’une autre vie, d’une autre mort, d’une autre raison de vivre, d’une autre raison de mourir.



Dans l’Histoire de ce cinéma, il y a eu des sauts en escaliers chaque fois qu’une société d’hommes a eu l’occasion de revivre dans un contexte plutôt nouveau, en particulier suite à une migration.
Territoire nouveau, contexte différent, théâtre différent.

Il n’y avait aucune raison que les Américains reproduisissent exactement le théâtre européen. Alexandre avait réinventé un théâtre, les Américains aussi.
Ici on a nos Lancelot et autres Arthur, il était normal qu’ils inventassent leurs Rambo. Avec en toute logique, une tendance plus mécanique, machiniste, technologique.



Chaque fois qu’on dénonce le théâtre d’un autre, on défend jalousement le sien. On défend encore le théâtre. Du reste, vous utilisez une rhétorique très théâtrale.


Pour éviter ce qui n’est alors qu’une surenchère conduisant à toujours plus de cinéma, je ne vois qu’une solution :
Chaque fois qu’on critique un cirque, on rappellerait d’abord que Socrate, un homme qui avait décidé de vivre très pauvrement et de seulement questionner les gens dans la rue, non de leur délivrer une doctrine, seulement de les habituer à s’interroger sur le barnum, avait été condamné dans un procès tout en bidonnages.
Condamné à mort pour ce que théâtre français actuel appelle « trouble à l’ordre public ». En clair parce qu’il dénonçait le théâtre.


Si de nos jour, on refaisait ce procès en établissant que cette condamnation était absurde, tous les théâtres du monde s’effondreraient.
Alors personne ne propose de le refaire ce procès
(En France, il y a peu, Hossein avait proposé de refaire le procès de Marie Antoinette. Elle ressortait à nouveau coupable. Mais je l’aurais parié d’avance puisque nous ne pouvons déjuger ceux qui ont conduit à ce que nous profitions du théâtre actuel)


Mais je le répète en conclusion, je crois qu’au problème près de la surenchère, l’Homme ne peut pas se passer de l’enfumage. Il ne parvient pas à laisser un cadavre là, tel qu’il est tombé sur le sol. Quelque chose le pousse à poser des pierres dessus.

Je ne sais pas comment nous pourrions sortir de la surenchère mais il me semble évident que de cheval de Troie en Statue de la Liberté, nous ne pouvons que finir fous de jeu.

Le seul dieu des Hommes est le théâtre.




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