L’épigénétique, le mécanisme au-dessus du seul chromosome, est lié au contexte -à travers les générations- donc au cursus personnel. Il fait notre existence et notre essence mais il est très méconnu.
Ce qu’on appelle la psychologie d’une personne, peut très bien être cause et conséquence de son épigénétique.
Je vais poursuivre en partant de l’hypothèse c’est le cas.
La définition d’une personne est pour une part posée dès le stade foetal mais elle évolue aussi constamment. On met donc en prison des gens qui ne sont pas les mêmes qu’au moment de leurs transgressions.
Problématique de l’ipséité. Le coq est-il l’oeuf qu’il était, est-il le poussin qu’il a été ? Le coq de 4 ans est-il le coq de 3 ans. Le coq de ce matin est-il celui d’hier ?
Doit-on décapiter le papillon parce qu’en son temps de chenille, il avait fait une connerie ou parce que papillon c’est plus laid, plus malséant que chenille ?
Leur séjour en prison a une influence sur l’épigénétique des taulards mais elle ne peut faire d’eux que des êtres davantage marqués par une identité de taulards.
Je dis prison mais c’est à entendre aussi en termes de prison virtuelle, je parle là de la prison avant la prison en dur. Je parle du fait qu’un transgresseur, bien avant d’être jugé et incarcéré, se voit déjà incarcéré et que ça influe sur son épigénome en le transformant déjà en taulard.
Tous, bien avant d’être officiellement condamnés en raison de nos mille péchés, nous devenons des taudards, nous nous enfonçons dans une mentalité de coupables et de proscrits. La culpabilité nous colle à la peau. Les Pussy riots s’enfoncent et ne peuvent plus en sortir.
Un rinçage de cette auto-dévolution négative pourrait être entrepris par une procédure purificatrice.
C’est un peu ce qu’essayait de faire le confessionnal. On posait son péché et on en repartait purifié. On pouvait ainsi éviter l’enfoncement.
Mais cette confession ne pouvait fonctionner que dans la mesure où les croyant ne croyaient qu’en leur culpabilité face à dieu. Peu leur importait la condamnation séculaire, être purifié par dieu leur suffisait pour échapper à l’enfoncement.
Dès le moment où l’on croit moins en dieu, où l’on croit davantage en sa condamnation par le corps social, le confessionnal ne peut plus purifier.
Il faudrait un confessionnal public.
Il faudrait pouvoir se confesser publiquement et bénéficier d’un pardon social sans se retrouver proscrit.
C’est peut-être ce que chacun essaye de trouver dans le fait des confessions sur la Toile.
Mais comme ce n’est pas encore compris officiellement de cette manière, ceux qui se confessent d’un péché sur le web se retrouvent insultés et proscrits par ceux qui ont le réflexe de s’auto-purifier en renvoyant vers les autres les épées qu’ils voient au-dessus de leur tête.
En l’état, le web ne sert à rien d’un point de vue purificateur, il ne nous rend pas innocents, il ne nous permet pas de sortir de l’enfoncement.
Comme il n’y a ni confessionnal à l’ancienne, ni web confessionnal, nous nous enfonçons tous.
Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faudrait plus de prisons, je dis qu’avant et pendant la prison, nous devrions disposer d’un Web Confessionnal pour alléger notre épigénome.
Un WC de serait pas sorcier à mettre au point. Ceux qui vivent d’être des procureurs protesteraient tant ils tiennent à condamner mais techniquement et légalement ils ne pourraient s’y opposer. Il permettrait à chacun de recouvrer un cerveau plus virginal, de se reconstruire sur une base purifiée.
Je vous prie de m’excuser de faire peut-être trop lien entre l’épigénome et la psychologie mais j’ai fortement l’impression qu’on met en prison des gens prisonniers d’un destin.
Si seulement on ne condamnait les gens que pour leur mauvais geste selon les termes de la loi (non pour leur opinion) ce ne serait pas grave d’incidence sur l’épigénome.
Or, vous le savez tous, on traite de chauffard celui qui a grillé un feu. Ce n’est pas son geste qu’on hait, c’est lui en son entièreté. Un type qui commet un vol est qualifié de voleur.
Il se retrouve donc avec un contexte qui diabolise sa définition, son essence. Son épigénome en tient compte et fait de lui un diable. Il s’enfonce.
La relation que nous faisons entre geste et mentalité, nous l’apprenons dès notre enfance, dès l’école.
Quand nous disons 2 + 2 = 5 , nous avons zéro pour le geste, ça va encore. Mais quand le prof nous met le bonnet d’âne sur la tête, il fait relation entre le mauvais geste et la mentalité. C’est très conséquent et l’enfant ne peut plus sortir de cet enfermement. Son épigénome en tient compte et le transforme en âne.
Un bonnet de clown, de trubion, de subversif, d’iconoclaste est moins catastrophique car le malheureux peut tout de même passer le reste de sa vie à dire le contraire des autres. C’est pénible à vivre mais ça peut être heureux, y compris pour la société.
Le bonnet d’âne, de traître, de menteur, de tricheur, de voleur, de violeur, de tueur, est par contre beaucoup plus toxique.
Il suffit à Soeur Emmanuelle de faire un bon geste pour que la masse la considère sainte (Il faut alors lire ce qu’elle dit sur elle pour voir une autre réalité)
Il suffit à Maurice Herzog d’offrir aux Français une victoire sur l’Everest pour que la masse le considère saint (Il faut alors lire ce qu’en dit sa fille pour voir une autre réalité)