Ce serait utile qu’un spécialiste nous explicite ce qui est dit sur le sujet des sortes de concurrences avec des systèmes disons d’ambulances médicalisées (15, 18)
On peut se douter qu’à partir du gros machin qu’est l’hôpital, il y a plein de gens qui montent des structures de service qui, sous mine de servir, profitent (ajouter « grassement » serait facile et gratuit). Mais il faudrait nous l’expliciter.
Cette lettre de médecin d’hôpital renvoie la responsabilité de l’implosion du système de santé à nous tous et ça j’apprécie.
Jouer ici les « Moi je n’abuse pas ; les abuseurs sont les autres » serait grotesque.
Si sur ce genre de sujet ne déboulent que les commentaires en « Ah la la que les autres sont cons » ce topique va ressembler à tous les autres.
Nous abusons tous en tant qu’utilisateurs.
Mais puisque le terme médico-légal et été utilisé, autant dire un mot sur ce qui nous pousse à abuser. C’est peut-être plus de 50% des cas où nous abusons du système de santé pour un tiers, non pour nous-mêmes. Rares sont ceux d’entre nous qui ont exigé le maximum pour eux-mêmes. La plupart d’entre nous sont peu soucieux de leur propre vie ou santé, ce qui donne à chacun de nous l’impression qu’il n’abuse pas.
En réalité nous abusons très souvent mais pas pour nous-mêmes. Nous abusons en position d’archange, donc pour autrui.
Nous abusons pour nos vieux. Ici ce n’est pas trop une problématique légale qui nous pousse à abuser mais plutôt notre besoin de nous décharger en tant qu’enfants de ces vieux. Nous hurlons que c’est à la société de s’occuper de nos vieux parents afin de n’avoir pas à nous en occuper personnellement. Cf. Le film Les invasions barbares qui expose un cas inverse de démerde privée (Chacun pourrait en faire autant même en disposant de bien moins de moyens pécuniaires)
Nous abusons pour nos enfants. Et là, la composante légaliste est forte. Je ne conteste pas que des parents grimpent de toutes manières au rideaux dès que leur enfant semble malade. De toutes manières ils abuseraient déjà en utilisant mille rhétoriques humanistes. Mais il s’y ajoute depuis 30 ans une pression judiciaire. Des parents sont très souvent traînés en justice parce qu’ils n’auraient pas appelé le médecin dès le premier toussement du petit. En partant de cas exposés en faits divers où des parents ont été très négligents et où il s’en est suivi leur stigmatisation ou diabolisation, les autres parents se retrouvent à devoir jouer les parents parfaitement archanges. Ce qui les pousse à hurler toutes sirènes au moindre bobo de leur petit. Ils jouent une comédie sociale en plus de leur véritable angoisse naturelle. Ou, dit autrement, ils résolvent leur angoise naturelle en la surjouant.
Prenons la problématique de l’enfant secoué. Il ne me semble pas sorcier d’imaginer que pendant des milliers d’années des enfants en sont morts et des parents se sont alors retrouvés surpris, secoués.
Savoir désormais que secouer peut tuer n’empêche pas les parents à bout de nerfs de secouer. Et de plus, le savent-ils vraiment ? A quel point ? Où a-t-on formé les parents à éviter mille erreurs ?
Or un parent qui a tué d’avoir secoué se retrouve diabolisé. Bientôt son avocat sera lui aussi diabolisé.
Il ne peut pas y avoir diabolisation d’un comportement parental sans que ça produise un tissu d’hystérisations.
L’implosion actuelle résulte d’un cercle vicieux diabolisations-hystérisations.
Oui il y a une grande pression judiciaire sur les personnels soignants.
Mais sur les parents aussi.
Et cette pression, c’est nous tous qui nous l’infligeons mutuellement.