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Commentaire de easy

sur Thomas More, premier critique du capitalisme


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easy easy 14 décembre 2012 14:25

J’admire More

Merci de parler de lui.

Mais je n’aime pas les récupérations.
J’estime qu’il faut parler des anciens en les laissant dans leur contexte.

Ce que More dénonçait dans les assertions que vous nous exposez, c’était un petit paquet de choses qu’il serait réducteur de trop simplifier mais qui tenait au propriétarisme (des terres pour l’essentiel, mais du coup, des serfs qui y étaient enchaînés car ils ne pouvaient circuler librement).
L’enclosure a aliéné la gueusaille.



Le capitalisme c’est le fait de faire de l’argent rien qu’avec de l’argent (en n’ayant plus aucun regard, aucune connaissance, pour les terres, les vaches, les prés, les mines, des usines, les boutiques...)

On peut considérer que dès qu’il y a eu de la monnaie, il avait surgi des formes pré-capitalistes. Par exemple un fortuné pouvait prêter 1000 à un marchand pour équiper un navire de commerce et recevoir 2000 au retour du navire, s’il revenait. Dans ce genre de pré-capitalisme, celui qui a le capital a tout de même des considérations pour le navire, la marchandise, l’équipage et les pirates.

Au fil des siècles, le précapitalisme est devenu capitalisme car il est désormais possible de gagner de l’argent en échangeant de l’argent (des valeurs mobilières, des titres)

Kerviel avait une vision archi capitaliste. Un boulon, une vache, il ne savait pas ce que c’était quand il était dans son affaire.

La tendance des Blythes Masters n’est pas d’investir dans des usines avec des consommateurs à un bout et des bénéfices de l’autre mais uniquement de jouer entre des titres d’un côté et des titres de l’autre. C’est cela le véritable capitalisme (qui aura mis deux siècles à advenir et que More n’a pas connu)

Il y avait eu vers 1300-1400 des astuces pécuniaires consistant par exemple à récupérer de l’argent en vendant des grâces, des Indulgences. Les papes rentraient du fric en vendant des absolutions morales. C’était pas con du tout comme arnaque mais ce n’était pas faire de l’argent avec de l’argent. Cette arnaque s’appuyait à 100% sur la Morale, sur la bonne moralité. Idem pour la chiromancienne.

Or une Blythes Master, un Madoff, ne s’appuient pas du tout sur la morale. Ils ne s’appuient que sur espérance de gain à leur main gauche et espérance de gain à leur main droite. Ils se sont installés en plein milieu de l’esprit de l’âpreté au gain ou personne, absolument personne n’évoque la moralité.

Si autrefois, seuls les princes pouvaient prétendre à la fortune, à l’hybris, depuis 1789, tous les gueux peuvent y prétendre, ils y ont droit et ils font tout ce qu’ils peuvent pour gagner plus, y compris en jouant au Loto. La morale anti cupidité n’a plus de place (ne râlent que les jaloux mais quiconque gagne au Loto le garde pour lui et chacun sait cela)
Comme désormais tous les gens sont âpres au gain, nous pouvons tous être des Madoff, des capitalistes
Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’un capitaliste gagne à tous les coups.

On peut toujours évoquer la situation à l’époque de More pour comprendre comment nous en sommes venus là mais il ne faut pas dire que c’était déjà la nôtre alors que ce n’en était que les prémices.

A l’époque de More, aucun gueux n’avait idée de porter un bijou, ça lui était interdit. De nos jours, tous les hommes ont le devoir d’offrir au minimum un bijou à leur belle.
Un jour, pour des amis se mariant, je leur ai taillé des alliances dans un bout de plexiglass, je te dis pas la tête des invités et du curé.


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