Voici des extraits d’un très intéressant rapport du Sénat
http://www.senat.fr/rap/r03-063/r03-0631.html#toc14
« Les inquiétudes que formulait la mission d’information en 1995 à l’égard des risques d’effets pervers de la politique d’apprentissage précoce des langues vivantes, à savoir le prolongement et la consolidation du « tunnel du tout anglais », se sont vues confirmées, en dépit des harangues du ministère précédent à faire de la diversification le pendant de la généralisation des langues à l’école.
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Plus de dix ans après le premier bilan de l’EILE établi par l’Inspecteur général Jean Favard en décembre 1992, lequel soulignait que « l’expérimentation n’a pas permis de progresser dans la diversification de l’offre des langues enseignées », le constat reste toujours insatisfaisant, même si la part des autres langues reste plus élevée à l’école qu’en 6ème.
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Si le Bulletin officiel décline les programmes de langues vivantes à l’école primaire en 8 langues étrangères (chinois, russe, anglais, allemand, espagnol, italien, portugais, arabe) et en langues régionales (basque, breton, catalan, corse, langues régionales d’Alsace et des pays mosellans, occitan-langue d’oc), ce large éventail théorique contraste avec la réalité : à la rentrée 2002, l’anglais est étudié dans 78,6 % des classes de cycle III (soit 82 % des élèves) dans le secteur public, et 89 % des classes (90 % des élèves) dans le secteur privé.
L’allemand s’affaiblit d’année en année : dans le public, 16,4 % des classes de cycle III (13,5 % des élèves) l’étudient en 2002, contre 15 % l’année précédente ; dans le privé, l’allemand est implanté dans moins de 8 % des classes, contre 11 % en 2001.
Quant aux autres langues, leur part est minime :
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(2) L’« appel de la frontière » : des traductions limitées
La prépondérance de l’anglais est écrasante dans l’ensemble des académies : plus de 90 % des effectifs l’étudient dans 29 départements, contre 24 en 2001. Si la répartition des autres langues est généralement liée à la situation géographique, cette influence reste bien fragile pour contrebalancer la part dominante de l’anglais :
- si l’allemand conserve encore sa place de leader dans l’académie de Strasbourg (plus de 95 % des effectifs), il se maintient plus difficilement à Nancy-Metz (47,3 %, derrière l’anglais, 51,5 %), ou à Besançon (23,5 %) ;
- la proximité de la péninsule ibérique n’attire que 15 % d’hispanisants dans l’académie de Toulouse, environ 8 % à Bordeaux ou Montpellier, l’effet ne se prolongeant pas jusqu’à susciter un intérêt pour le portugais ;
- 6 % seulement des CM apprennent l’italien dans l’académie de Grenoble, et 8 % dans l’académie de Nice : mais l’écart existant entre les départements des Alpes-Maritimes (où 16,2 % des élèves étudient l’italien) et celui du Var (seulement 1,9 % des élèves) révèle combien l’effet proximité reste précaire et soumis à des engagements de personnalités locales variables d’un département à l’autre ;
- seuls 2 % des élèves optent pour le Néerlandais dans l’académie de Lille, la seule à proposer cet enseignement à l’école primaire ;
- quant aux langues régionales, leur part reste faible, excepté en Corse, en Bretagne ou dans l’académie de Bordeaux (basque ou occitan). »
A noter que malgré la pertinence et la précision de ce rapport, on trouve une phrase ambiguë comme « la proximité de la péninsule ibérique n’attire que 15 % d’hispanisants dans l’académie de Toulouse ». Rappellons qu’en 2006, certains collèges dans les départements proches de l’Espagne n’offraient aucune possibilité de prendre Espagnol en LV1 ! Malgré les protestations de groupes de parents dans l’Académie de montpellier. Par contre, il était possible de prendre allemand.
Mais on y trouve aussi un chapitre de propositions, par exemple :
« Supprimer la hiérarchie LV1 - LV2 - LV3 et mettre en place, au lycée notamment, des groupes de performances, aux contenus adaptés aux objectifs des élèves. »