Je ne peux que conseiller un texte remarquable :La Laïcité : un principe d’émancipation par Henri PENA-RUIZ.
Extraits : "Il convient de rappeler que la laïcité n’est pas le produit d’une culture, qui serait celle de l’Occident judéo-chrétien. C’est au contraire un idéal d’émancipation conquis à rebours de cette culture, souvent dans le sang et les larmes. ... et plus loin dans le texte :
Quant à l’islamisme politique il s’appuie sur une certaine lecture du
Coran qui n’en retient que les versets belliqueux pour justifier le
terrorisme. Le verset 29 de la sourate IX affirme : « Combattez ceux qui
ne croient pas en Dieu ». Un verset contredit par le verset 256 de la
sourate II, qui stipule : « Pas de contrainte en religion » (lè ikrahè
fi din) ». Il est donc faux de dire que les attentats contre Charlie
puis contre l’hyper cacher et le Bataclan n’ont rien à voir avec la
religion musulmane. S’il s’agit de faire de la prévention contre le
racisme anti-musulman, la dénonciation de l’amalgame entre musulmans et
terroristes islamistes n’implique nullement de préserver l’Islam, qui
rend possibles plusieurs interprétations. Dans la bataille des idées, le
choix des mots est essentiel, surtout quand on veut éclairer la
politique par la culture. Le même genre d’analyse vaut d’ailleurs pour
les deux autres monothéismes.
Ainsi dans l’Ancien Testament Moïse ordonne à la tribu des Lévi de
tuer les infidèles alors qu’un des dix commandements dit « Tu ne tueras
point ». 3000 morts en une journée. Le livre de Josué raconte les
massacres qui jalonnent la marche du « peuple élu » vers la « terre
promise ». Yigal Amir s’y réfère pour assassiner Yitzhak Rabin le 4
Novembre 1995. Il considère en effet que le retrait de Cisjordanie prévu
par le processus de paix d’Oslo priverait les Israéliens de
« l’héritage biblique récupéré grâce aux colonies ». Le massacre
d’Hébron relève de la même inspiration religieuse. Le matin du 25
février 1994, Baruch Goldstein entre dans la partie musulmane du Tombeau
des Patriarches au moment où 800 palestiniens musulmans font la prière
de l’aube (fajr). Placé dans le dos des fidèles, il en tue 29 et en
blesse 125.
Quant aux Evangiles, deux paraboles attribuées au Christ,
interprétées littéralement, débouchent également sur la violence. La
parabole du Banquet stipule à propos des infidèles « Contrains les
d’entrer (dans ma maison) » (en latin, compelle intrare). Selon la
lecture littérale d’Augustin, la parabole du bon grain et de l’ivraie
légitime la répression contre les « infidèles ». L’inquisiteur
Torquemada s’en est servi pour justifier les bûchers de l’Inquisition.
L’Eglise Catholique a longtemps utilisé la théorie des deux glaives
formulée par Bernard de Clairvaux (devenu Saint Bernard), qui considère
le pouvoir politique comme le bras séculier pour réprimer les
hérétiques.
Cessons de brouiller les cartes à propos de la laïcité, bel idéal
d’émancipation si l’on prend la peine d’en comprendre le sens. Sachons
articuler le combat laïque et le combat social, car l’heure est grave."
Cet article d’un grand défenseur de la laïcité est disponible sur le Web.