Pour bien comprendre la philosophie qui a présidé à la création de ce ministère québécois de l’immigration, il faut se reporter à la doctrine cullen-couture. Voici en quelques mots en quoi consiste la politique d’immigration du Québec.
Au Canada, l’immigration est, en
vertu de l’article 95 de la Constitution, un domaine de compétence partagée entre les
gouvernements fédéral et provinciaux. Ce n’est toutefois qu’à partir de
la fin des années 1960 que le gouvernement du Québec a commencé à exercer ses
pouvoirs en ce domaine. Avec la signature de l’Entente
Cullen-Couture en 1978, le Québec a acquis les premiers pouvoirs lui
permettant d’influencer de façon significative l’immigration lui étant
destinée. C’est alors qu’il s’est doté d’outils de sélection et qu’il a
entrepris de planifier l’utilisation de ceux-ci en fonction d’objectifs
spécifiques liés à la capacité d’accueil du Québec ainsi qu’à la composition de
l’immigration qu’il souhaitait accueillir pour une période donnée. La décision du gouvernement du Québec
d’intervenir dans la gestion de l’immigration se destinant à son territoire
procède de la conviction que l’immigration peut et doit servir d’instrument
de développement de la société québécoise. Dans cette optique, la planification
des niveaux d’immigration doit prendre en compte les enjeux auxquels est
confrontée la société québécoise.
Seule
collectivité majoritairement francophone en Amérique du Nord, la société québécoise
attache la plus haute importance à la pérennité du fait français, car s’il ne
résume pas à lui seul le caractère distinct du Québec moderne, le fait français
n’en demeure pas moins l’élément le plus significatif. C’est en ces termes que l’Énoncé de politique en matière
d’immigration et d’intégration, publié en 1990, exprimait la volonté
gouvernementale de préserver l’identité culturelle de la société québécoise et
d’assurer la pérennité du fait français sur son territoire. Près de quinze
ans plus tard, le consensus en la matière demeure ferme au Québec : la préservation
de l’identité culturelle de la société québécoise et la pérennité du fait
français représentent toujours un enjeu majeur de développement pour le Québec.
Des pénuries
importantes de main-d’œuvre se profilent donc à l’horizon, dans presque tous les
secteurs d’activité et dans un bon nombre de régions du Québec. L’immigration,
parce qu’elle permet un apport direct et immédiat de jeunes travailleurs
qualifiés et, éventuellement, d’entrepreneurs et
d’investissements, est en mesure de contribuer à atténuer ces pénuries.
La dynamique
démographique québécoise (faible natalité, vieillissement rapide de la
population, déclin conséquent de la population en âge de travailler dès le
début de la décennie 2010, etc.) plaiderait en faveur de l’admission de contingents considérables
d’immigrants, se situant bien au-delà des niveaux actuels
d’immigration. En outre, pour répondre aux impératifs d’ordre démographique, la
politique québécoise d’immigration devrait maintenir pendant plusieurs
décennies ces forts volumes d’admission. En revanche, d’autres enjeux associés
à l’immigration peuvent militer en
faveur de niveaux d’admission plus modérés. C’est particulièrement le cas pour l’enjeu économique qui commande que les volumes d’immigration,
mais également le profil socioprofessionnel des immigrants admis, correspondent
aux besoins spécifiques du marché du travail et de l’économie du Québec. L’objectif ayant trait au maintien d’une certaine
proportion, au sein de l’immigration, de personnes connaissant déjà le français
au moment de leur admission, influence aussi la fixation des volumes
d’admission planifiés, notamment dans la mesure où la disponibilité, dans les
bassins internationaux de sélection, de candidats francophones présentant un
profil professionnel favorable, demeure limitée.
En somme,
l’exercice de planification des niveaux d’immigration consiste donc à trouver
le point d’équilibre optimal entre des besoins et des contraintes, sachant que
le consensus social, par rapport à l’immigration, dépend en grande partie
de l’atteinte de ce point d’équilibre. (Source : LA PLANIFICATION DES NIVEAUX D’IMMIGRATION - 2005-2007,
Ministre des Relations avec les citoyens et de
l’Immigration)
Pierre R.
Montréal (Québec)