@Massada
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce que vous écrivez du CRIF. J’ai écouté attentivement un certain nombre de discours de Franck Khalifa, son président, particulièrement au fameux « dîner », et ils étaient sans concession, mettaient clairement le pouvoir en face de ses responsabilités, sans trop recourir à des formules diplomatiques, et cela faisait contraste avec certaines attitudes du CRIF qui m’avaient paru tout à fait détestables à l’époque du mitterrandisme, où on paraissait ignorer délibérément, par un coupable souci d’arrondir les angles, que l’homme à la francisque était le copain de l’ancien chef de la police de Vichy, organisateur des rafles. Je ne le savais pas encore à l’époque, mais le CRIF, très bien informé par les Klarsfeld, ne pouvait certainement pas l’ignorer.
Ce qui est très critiqué actuellement, c’est que le vice-président du CRIF, Gilles Taieb ait accepté, à la demande de l’Elysée, d’organiser un rapport sur la question de l’antisémitisme. Je ne l’ai pas lu, mais il est à craindre qu’il ne soit trop complaisant, et de toute façon, il connaîtra le même destin que le rapport de « l’homme blanc » Borloo sur les banlieues. En utilisant le vocabulaire même des Indigènes de la République, Macron laissait entendre que les banlieues appartenaient déjà légitimement à ceux qui les avaient progressivement occupées, et que la République française des « blancs » n’avait plus rien à faire dans ces territoires perdus devenus au fil des ans terres d’islam. Depuis quand les Juifs pourraient-ils avoir quelque chose à dire en terre d’islam, quand bien même ils y seraient persécutés ? S’ils ne sont pas contents, qu’ils dégagent.
En acceptant de rédiger, sous l’autorité d’un gouvernement aussi pétainiste que celui de l’homme à la francisque, un rapport sur l’antisémitisme, Taieb, comme c’était à craindre, cautionne d’avance ce qu’il fera, ou plutôt, ce qu’il ne fera jamais. La seule position cohérente eût été celle d’un « J’accuse », à la Zola.C’est celle, par exemple, d’un Goldnagel, qui me paraît autrement plus pertinente.