Avec la meilleure volonté du monde, j’ai un peu de difficultés à vous suivre. De l’Iran au troisième Reich, il me semble que le débat est large à l’infini. Je me suis interrogé à savoir si vous aviez actualisé votre propos. Olmert et Bush sont en sérieuses difficultés. Ils sont très affaiblis. L’Iran le perçoit fort bien.
Blair va quitter. L’Iran le sait également. Le joueur le plus important qui émerge - et qui entend jouer un rôle essentiel dans la région - est le roi Abdallah. Abdallah n’a pas hésité à qualifier d’illégitime la présence américaine en Irak, montrant ainsi certaines divergences d’approche sur l’Irak : coup dur pour les américains venant d’un de ses plus solides alliés au Proche-Orient. Le souverain saoudien a dénoncé l’« occupation étrangère illégitime » de l’Irak et s’en est pris aux « forces étrangères à la région » qui entendent « dessiner le futur » du Moyen-Orient.
Pendant que Washington cherche à isoler à tout prix l’Iran, Riyad - à la tête d’un nouvel « Axe des Modérés » - a tissé des liens avec Téhéran au plus haut niveau.
Bush semble de plus en plus en désaccord avec le consensus qui règne au sein des arabes modérés. Il se trouve également davantage d’esprits critiques aux États-Unis pour remettre en question très sérieusement le soutien inconditionnel des américains à l’égard d’Israël.
Dans un long article, paru dans le bi-hebdomadaire, New York Book of Review, Georges Soros a, en février dernier, lancé un pavé dans la mare de Georges W. Bush. Soros a déclaré : « Aucun progrès vers la paix ne pourra se faire tant que Georges Bush soutiendra Ehoud Olmert dans son refus de négocier avec le gouvernement palestinien, Hamas inclus. (...) L’exigence faite au Hamas de reconnaître le droit à l’existence d’Israël ne doit pas être une condition de départ des négociations, mais au contraire, une clause qui interviendrait au moment de la signature finale d’un accord ».
L’éditorialiste d’opinion Nicholas Kristof a également lancé un pavé dans la mare en écrivant dans le New-York Time : « Security for Israel will emerge only from a peace agreement with Palestinians. We even know what that peace deal will look like : the Geneva accord, reached in 2003 by private Israeli and Palestinian negotiators ».
Nicolas Sarkozy ne vient-il pas de déclarer : « On ne peut pas réduire l’Iran aux déclarations insensées de son président sur l’avenir d’Israël ». [...] La France ne serait « pas solidaire » d’éventuelles frappes américaines et britanniques contre l’Iran ».
Les ministres européens des affaires étrangères ont demandé à Téhéran de libérer immédiatement les marins britanniques. Ils ont estimé que leur capture le 23 mars dans le nord du Golfe contitue« une violation du droit international ». Déclaration qui a fortement indisposé Téhéran qui a dénoncé« le soutien irrationnel ». de l’Union européenne à Londres.
Vous conviendrez que rien n’est simple au Moyen-Orient.
En terminant, lorsque vous écrivez : « Comme lors du déclenchement de la seconde guerre en Irak, une stratégie de guerre ouverte avec l’Iran pourrait conduire les Américains à essuyer un nouveau veto des pays alliés par le truchement des Nations unies », permettez-moi de ne pas être d’accord. Le premier veto viendrait d’abord du peuple américain lui-même.
Pierre R.
Montréal (Québec)