En toute franchise, Alain, êtes-vous crédible ?
Aujourd’hui même se réunit
à Pékin le plénum du Parti communiste chinois (17e Comité central du Parti communiste) qui doit prendre des
décisions sur ses dirigeants et son orientation. Entre temps,
vingt-trois anciens responsables du Parti communiste et de médias
chinois, signataires d’une lettre ouverte
au gouvernement chinois, lui demandant de lever les restrictions qui
pèsent sur le contenu des livres et des médias d’information : « Les citoyens chinois ont le droit de connaître les côtés sombres du parti au pouvoir ».
Parmi ces derniers, figurent Li Rui, ancien secrétaire personnel de Mao
Zedong, fondateur de la République populaire de Chine, et Hu Jiwei, un
ex-rédacteur en chef du Quotidien du peuple, l’organe de presse officiel
du PCC.
« The truth can’t be blocked ; now the letter has spread », a déclaré Xin Ziling, un des signataires de cette lettre ouverte qui a été rapidement censurée par les autorités chinoises mais qui peut être lue ici. Comme l’indique à nouveau Xin Ziling au quotidien The Guardian : « There
are people [in the leadership] who object to the idea of reforms, and
their power is not small, but they are not big enough to control the
whole society and such a big country ».
Et les signataires dénoncent, entre autre censure, la décision des « mains noires invisibles »
de museler la presse et d’avoir censuré une allocution du Premier
ministre, Wen Jiabao, qui appelait à une plus grande ouverture
politique. Selon toujours ces mêmes signataires : « Lors de la
fondation de notre nation en 1949, notre peuple a crié sa joie d’avoir
été libéré, sa joie de pouvoir être son propre maître. Mais maintenant,
61 ans après la proclamation de notre République et après 30 ans
d’ouverture et de réformes, nous n’avons toujours pas atteint le niveau
de liberté d’expression et de la presse qui était celui de Hong Kong
sous l’emprise coloniale ».
Pourquoi ne soulignez-vous pas, vous qui habitez la Chine, que la réforme politique, souhaitée par Wen Jiabao, pourrait figurer à l’ordre du jour après son discours de Shenzhen appelant, encore une fois, à une plus grande ouverture politique ? Pourquoi ne soulignez-vous pas que les appels à la réforme politique sont devenus encore plus pressants depuis que le dissident Liu Xiaobo - actuellement incarcéré - a reçu le prix Nobel la semaine passée ? Pourquoi ne soulignez-vous pas que plusieurs Chinois déplorent le fait que Hu Jintao a failli à ses promesses de faire évoluer la Chine vers une politique plus libérale ?
Pourquoi omettez-vous de dire qu’aujourd’hui même a été publiée une autre lettre signée cette fois par plus de 100 chercheurs, militants et avocats chinois, demandant la démocratie dans le pays ainsi que la libération de Liu Xiaobo et tous les autres prisonniers politiques, selon l’AFP ?
Que dit cette dernière lettre : Nous appelons les autorités chinoises à adopter une attitude
raisonnable face à l’attribution du Prix à Liu Xiaobo, et en observant
les réactions chaleureuses en Chine et à l’étranger, à se mettre en
accord avec le courant mondial ; la Chine doit entrer dans le courant
principal des valeurs universelles et de la civilisation de l’humanité,
et établir l’image d’un grand pays positif et responsable. Nous sommes
convaincus que toute amélioration et toute bonne intention du
gouvernement chinois sera accueillie par la compréhension et le soutien
de tous, et poussera la société chinoise dans une direction pacifique.
Permettez-moi d’adhérer aux principes énoncés dans cette dernière lettre et de ne pas partager vos analyses sommaires sur la Chine. Même si vous l’habitez et que vous bénéficez d’une liberté d’expression que n’ont pas la majorité des Chinois.