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easy 5 août 2009 09:13
easy


Posons que le peuple marocain soit majoritairement attaché au principe de la monarchie.
Et bien il nous faut réaliser ce que cela représente. C’est un concept dans lequel la personne du roi incarne un idéal. Sa personne est alors bourrée de transcendances. Il est sur le trône par la grâce divine ou en tous cas par une loi impossible à transgresser et il n’est donc pas interchangeable (Idem pour le Dalaï Lama)

Dans un tel contexte de foi, les critiques envers lui doivent rester individuelles, doivent conserver une position d’extrême humilité ou être très circonscrites à une décision par exemple.

Or le seul fait de réunir des gens pour discuter du Roi, constitue une masse d’un ordre supérieur à l’individu isolé et cette masse formée hors transcendance royaliste, tend à rejoindre le haut niveau de crédibilité où se trouve le Roi.

Il est possible que si l’on demande très publiquement à 1000 Marocains (ou Monégasques) de se réunir dans une salle pour faire un sondage d’appréciation sur le Roi, personne n’accepte d’y participer. Non par peur de représailles terrestres mais par horreur du saccage d’une valeur qui leur est centrale et idéale.

Ce sondage a donc probablement été fait en interrogeant des individus pris isolément et aucun d’eux n’aura pris conscience qu’il été utilisé en tant que minuscule partie pour participer à la formation d’une masse susceptible de concurrencer l’image du roi, de l’égaler, de la juger depuis une certaine hauteur
Car la caractéristique d’un sondage c’est qu’il fonde sa crédibilité sur la quantité. La quantité fait foi et fait valeur.
Or, face à la personne morale du roi, il ne doit y avoir que des personnes morale à rang de sujet et non de super-sujet-presque-roi 

Il est probable que tous ceux qui ont participé à ce sondage, réalisent maintenant qu’ils ont été joués. Il est même possible que certains d’entre eux, effrayés par le procédé déloyal aient porté plainte, quitte à ce qu’on leur oppose qu’ils ont été naïfs voire stupides

Ce principe d’intouchabilité, qu’en bon inconoclastes que nous sommes, nous refusons, c’est celui qui soude le peuple Marocain

Tout cela ne veut pas dire q’un roi comme Louis XIV ou MVI ne reçoit jamais de critiques et n’en fait qu’à sa tête. Loin, très loin de là.
Notre Nicolas reçoit chaque jour 30 millions de critiques et de railleries dont il n’a cure tant il y en a. Il n’est pas roi, il n’est pas du tout dans cet esprit.

Un vrai roi est ultra sensible aux moindres protestations. Les rois sont complètement pris par leur rôle, ils ont été élevés pour ce rôle et ils savent qu’ils doivent répondre au besoin d’idéal de leur peuple. Alors la moindre critique d’un conseiller les fait rougir et réagir. Et à son tour, chaque haut conseiller est très sensible à toute critique venant de la marche juste en dessous, etc.

Un royaume est un système pyramidal. Il faut que chaque marche vers le sommet soit considérée avec la plus grande attention. Il n’est pas question de shunter en passant directement du trottoir au trône, même par le truchement d’un sondage, même laudatif. Il n’est pas question qu’un quidam puisse interpeller le Roi. Si Paul venait à le faire, Pierre en serait malade. Il n’est pas question que se produisent des scènes du genre « Casse-toi pov con ! »

Dans un royaume, la masse ne peut s’exprimer en tant que masse que pour applaudir sans réserves ce système royaliste qui le soude. Elle ne peut se constituer pour soupeser directement les actions du roi.
Si elle le fait, si son travail de critique est acté, c’en est fini de la transcendance et on se retrouve dans notre situation. 

Berlusconi répond en substance à ceux des Italiens qui lui reprochent son manque de tenue « Vous le saviez que je ne suis pas un sain, alors faites avec »
C’est là une attitude radicalement différente de celle d’un roi comme MVI ou d’une reine comme Elizabeth
MVI aura, depuis toujours, préféré la discrétion au clinquant et on n’est pas près de le prendre en flagrant délit de turlute sous un bureau.




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