Bonsoir Annie,
Les 33 mineurs piégés au fond de la mine de San José, dans le nord du Chili, sont à la fois des miraculés et des martyrs. Objets de toutes les attentions, ils suscitent maintenant la convoitise des cupides de toutes sortes. S’ils s’en tirent, eux qui ramassaient de l’or et du cuivre dans l’antichambre de l’enfer pour 500 euros mensuels en moyenne, auront gagné leur vie. Pour de bon. Ils sortiront épuisés, aveugles, traumatisés, blêmes, maigres, mais probablement riches et célèbres.
Ils sont descendus en dix minutes, il y a déjà plus d’un mois. Ils vivent en slip dans un abri de cinquante mètres carrés, où ils ont fondu de 10kg. Aux dernières nouvelles, l’euphorie des premiers contacts a laissé place à un moral incertain. Il faut dire que leur refuge connaît des pannes de courant et de ventilation. Avec 98% d’humidité dans l’air, la respiration s’alourdit. La température reste constamment entre 32°C et 36°C. Dans le kilomètre de galeries qui entoure le refuge, le noir est tel que l’on y voit comme derrière ses paupières. Lorsqu’on se réveille, il semble que l’on dort encore.
’Dans les deux prochaines semaines, s’ils acceptent, nous leur proposerons un programme d’entraînement aux techniques d’interview’, a expliqué mardi à l’AFP le psychologue responsable du suivi en surface des 33 hommes, le Dr Alberto Iturra. Les psychologues leur apprendront à distance des mécanismes pour par exemple ’garder son calme pendant une interview, demander à répéter une question qu’on ne comprend pas, ou dire quand on préfère ne pas répondre à une question’, a-t-il précisé. On leur apprendra aussi ’à demander les règles de l’interview au préalable’, et on leur inculquera ’des techniques oratoires, pour qu’ils soient satisfaits’ de leur prestation, a précisé le psychologue, aux abords de la mine San Jose (nord).
Selon le Dr Iturra, les mineurs sont tout à fait conscients de l’immense impact médiatique de leur épopée. Ils ’sont d’ailleurs très enthousiastes à ce sujet et parlent même de droits d’auteur’, dit-il. Une fois libérés, les 33 mineurs devront aussi ’tourner la page de leur expérience’ souterraine sans précédent, a-t-il ajouté. ’Ils se sont à présent adaptés à la vie au fond de la mine, mais quand ils sortiront, ils devront se réadapter à une vie de famille, et ce ne sera pas facile non plus, ils devront y travailler’, explique-t-il.
Cordialement.