Le sens de la révolte est devenu hégémonique. Même dans les écoles, même dans les couples. C’est lui qui nous donne une contenance en ce moment.
Il existe cependant un sens contraire, celui de la pacification, de l’apaisement, de la conciliation, qui passe forcément par le don ou sacrifice de soi. Il ne s’y trouve pas de gain pour soi-seul (ainsi que dans le travail d’autrefois) mais un gain pour un groupe ou duo. Ce sens est en ce moment accessoirisé voire carrément péjoré.
Il est en tous cas infiniment moins à l’honneur que celui de l’indignation.
Mieux, s’indigner est devenu un devoir, donc une obligation. Si l’on ne s’indigne pas, on est complice d’une injustice, d’un écrasement, d’un viol.
L’abbé Pierre a poussé au moins deux coups de gueule, il sait donc s’indigner et se révolter (en produisant de grands effets à la suite).
Mais qu’a-t-il fait principalement sinon tirer silencieusement la charrue aux côtés des galériens ?
Vous l’avez entendu passer son temps à faire ce que tout le monde fait sur ce site : protester ?
Dominique Lapierre idem, Albert Schweitzer, Henri Dunant, Gladys Aylward, Norman Béthune, Alexandre Yersin, idem.
Son argumentation sortait ab nihilo et pourrait être discutée mais l’abbé Seyès a fondé la position réhaussée et majeure du Tiers-état uniquement sur le fait du travail (ce qui était un renversement total des valeurs). Selon lui il fallait travailler pour avoir le droit de gouverner. Et le travail dont il parlait à l’époque consistait en du travail manuel. Toute notre Révolution est fondée sur ce principe (ce qui n’est ni le cas de la révolution anglaise ni celle des EU)
Plus nous dérivons vers du travail qui n’en est plus au sens de l’Ancien Régime (oeuvre pénible réservée aux gueux) plus nous nous écartons des fondamentaux de notre république.
Dire qu’on se complaît dans le servage, partout dans le monde, est un point de vue contestatairiste qui provient en droite ligne de l’archangisme. Le contestatairiste constate une situation de paix (peu importe où) mais immédiatement, l’archange en lui fouille, retourne les pierres, soulève les mousses et dénonce les soumissions.
Il se croit non seulement archange mais des Lumières, il se croit voltairien (s’il savait !)
Ce qui est entièrement contenu dans l’expression très courante
« M’enfin comment peux-tu supporter de vivre avec X ? »
Etant bien entendu que la personne qui prend cette position de juge-sauveur du triangle de Karpamn, est elle-même en train de supporter de vivre avec Y
Les gens voient des couples et jugent en archanges. « M’enfin comment une nana aussi belle peut-elle sortir avec un type aussi moche ? »
ou
« Comment tu peux le laisser te parler comme ça !!! »
La réponse à ce genre de question récurrente ne peut pas être publique. Elle se situe dans le secret des couples. Ils ne peuvent rester ensemble, donc pacifier, que s’ils consentent à des concessions.
Ainsi des gens offrent à l’extérieur une image de grands protestataires et chez eux, se comportent en toutous.
Sans ce modus vivendi (somme toute vivable donc) ce serait la guerre totale et permanente entre nous.
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