Le manager du pays est-il un problème pour la France ?

par Aimé FAY
vendredi 12 novembre 2010

Quand un homme politique clairement de droite comme Villepin dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, tant au niveau national qu’international, faut-il dire le contraire si cela est avéré ?
 
Villepin crie haro sur l’homme qui, depuis 2007, a tout fait pour se faire passer pour ce qu’il est vraiment jusqu’au fond des tripes, c’est-à-dire un manager et non un président.
 
Cet homme est aujourd’hui ce qu’il voulait être depuis tout petit ! Il est un manager, et non pas un roi fainéant dans son intouchable tour d’ivoire élyséenne comme il aime à décrire tous ceux qui ne sont pas comme lui !
 
Alors, en tant que manager et parfois DRH de l’entreprise France, comment les actionnaires qui l’ont élu, à une faible majorité (53 %) mais élu quand même, doivent-ils le juger, c’est-à-dire apprécier s’il a fait honneur à la confiance qui lui ont accordée en le plaçant à la tête de l’entreprise ?
 
Depuis plus de 3 ans déjà, quels sont les faits avérés qui pourraient lui être reprochés et éventuellement lui valoir une sanction légitime et juste ?
 
De fait, ce manager fait-il ou non partie des problèmes que rencontre aujourd’hui notre l’entreprise, ou peut-il être intégré à la solution ?
 
D’après les faits qui nous ont été rapportés, il semblerait que notre collaborateur, manager de notre entreprise, aurait :
 
- souvent confondu vitesse et précipitation,
- annoncé la mise en œuvre d’une rupture positive alors qu’il a mis en place une suite ininterrompue et vertigineuse de plans d’action aux effets contraires,
- au début de son mandat et, sans trop connaître la situation des caisses de l’entreprise, fait voter la distribution de quelque 25 milliards − malheureusement renouvelable chaque année − à des clients et amis fortunés,
- passé beaucoup de son temps à parler de lui-même et non de l’entreprise tout en s’auto-félicitant et minimisant le travail de son premier adjoint,
- traité un client potentiel de "pauvre con",
- souvent été irrespectueux en maniant le tutoiement à tord et à travers, tant au niveau national, qu’international,
- généralement très peu délégué, persuadé de tout savoir sur tout, tout seul,
- ridiculisé ses personnels en leur disant que leurs grèves passaient désormais totalement inaperçues,
- donné une image de l’entreprise plutôt bling-bling et désinvolte,
- fait passer l’entreprise pour une entité économique versatile qui privilégie la forme et les éléments de langage, sur l’opérationnel,
- fait passer les dirigeants d’entreprises partenaires espagnoles (Zapatero) et américaines (Obama) pour des personnes peu intelligentes ou peu expérimentées,
- fait dire à notre plus important acheteur allemand (Merkel) des choses qu’il n’avait pas dites,
- fait breveter comme sienne l’idée d’une autre entreprise anglaise (Brown) qui avait mis sur le marché mondial un brillant processus pour sortir le monde de la crise bancaire de 2008,
- été coupable de mesures discrétionnaires à l’endroit d’une peuplade venue de Roumanie. Mesures qui nous ont valu un avertissement de la part d’instances internationales parmi les plus honorables, telles que l’ONU et la Communauté européenne,
- commandé un super nouvel avion, de quelque 200 millions d’euros, alors que la direction de l’entreprise dispose déjà d’une flotte complète,
- etc.
 
Continuer cette litanie de fautes, qualifiées par notre Droit du travail comme fautes professionnelles, ne sert à rien. De fait, l’homme semble bien être le problème et non pas la solution ... au problème !
 
Dans une vraie entreprise, ce manager aurait été viré ad nutum − sans préavis et sans indemnité −, sur-le-champ.
 
Malheureusement, nous, actionnaires et contribuables, avons été imprudents, en 2007, en nommant l’homme à la tête de notre structure pour un mandant de 5 années irrévocables. 53 % des actionnaires ont cru semer du blé. Ils nous ont fait récolter l’ivraie. Eux, comme nous, devons faire avec ! Encore pendant 18 mois !
 
Tout au plus, nous pouvons le mettre sous surveillance et faire en sorte qu’il soit déchargé de toute fonction opérationnelle hors les manifestations, les réunions ou les présidences, bling-bling ou pas, mais, qui ne "mangent pas vraiment de pain". G8, G20 et Otan comprises.
 
L’essentiel étant maintenant et durant les derniers mois de son mandat, qu’il ne se passe rien. On sait trop dans quelle ornière nous sommes aujourd’hui. Bouger ne pourrait qu’aggraver notre situation économique, sociale et financière.
 
Aussi, il convient au plus tôt de s’enquérir d’une personne que nous pourrions préparer à l’échéance de 2012, pour la nommer à la présidence de notre entreprise, avec pour missions prioritaires de :
 
- redonner confiance aux personnels dans "le" politique ;
- engager l’entreprise vers le redressement économique et social, et faire en sorte que la redistribution des richesses produites − notre PIB continue à grossir en valeur, qu’on le veuille ou non − soit plus équitable et plus juste, même s’il faut faire sauter des tabous trop souvent archaïques ;
- privilégier le fond sans pour autant rudoyer la forme ;
- faire Président ou Présidente, et non le "pote" du coin de la rue, prêt à faire le coup poing avec le premier venu. Racaille ou non ;
- …
- reconquérir notre crédibilité internationale auprès de nos partenaires naturels et fondamentaux, sans pour autant toiser de manière arrogante ceux qui demain seront nos relais de croissance…
 
Face à ces ambitieux challenges, ni Villepin, ni notre actuel manager ne semblent être de bons chevaux. L’un est trop axé sur l’élégance de la forme, l’autre n’est pas encore mûr pour sortir de son l’adolescence.
 
Photo Wikipédia.
 

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