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Les commentaires de Christian Labrune



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 16:42

    @rosemar,
    le problème de la notation est des plus épineux. Une notation locale qui ferait des profs de parfaits subalternes soumis à toute sorte de pressions locales et rendrait possibles toute sorte de dérives mafieuses est évidemment à proscrire et il est souhaitable que les décrets que vous évoquez soient abrogés de toute urgence.
    Le système existant ne vaut pas grand chose non plus, et j’ai été parmi les premiers à le contester radicalement en refusant une inspection. Les inspecteurs généraux sont plutôt des gens intellectuellement assez ouverts, ils sont en fin de carrière et n’ont plus grand chose à attendre, mais les IPR qui veulent monter sont prêts à tout et se comportent dans l’institution comme des chiens de garde de l’idéologie qui prévaut au ministère à un moment donné. J’en ai vu un certain nombre qui s’étaient faits les inoculateurs de la vérole pédagogiste dont on a pu constater en vingt ans les très belles conséquences. Ce qu’il faudrait, c’est que les enseignants puissent récupérer une autonomie de jugement et une liberté dont je les ai toujours vus tragiquement démunis. On cesserait de les noter, purement et simplement, la situation qui en résulterait ne pourrait pas être pire que celle que nous observons dans une institution désormais moribonde et qui relève des soins palliatifs



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 13:13

    Rosemar,
    Ces sortes de péripéties sont complètement dépourvues d’intérêt. Des décrets sont signés, ils seront abrogés quinze jour plus tard, c’est sans grande importance.
    La politique du dernier gouvernement en matière d’école aura été lamentable. Je ne parle pas seulement de la suppression des postes au fur et à mesure des départs en retraite. Il semble qu’on n’ait toujours pas compris que lorsqu’on détruit le système d’instruction publique, c’est à la République elle-même qu’on s’attaque.
    Mais cette destruction n’aura pas été l’oeuvre du sarkozysme. Elle aura eu lieu sur une période d’une quinzaine d’années, initiée par le socialiste, avec leur mot d’ordre stupide des 80% au niveau du bac. Pourquoi se limiter à 80% et accepter encore le sacrifice de 20% de la population scolaire ? On pouvait aller jusqu’à 100% pendant qu’on y était, puisqu’on ne se souciait plus du tout du réel. On pouvait même décréter que les citoyens naissaient libres, égaux et bacheliers, cela leur eût évité bien des souffrances. Cette politique de gribouille a eu des conséquences atroces. En 86, je me souviens que j’avais joint à un paquet de copies de bac particulièrement calamiteux une petite note demandant quel serait le pourcentage d’illettrés aux prochaines sessions du bac. L’année suivante, pour la première fois, on avait préféré ne pas me convoquer, cela avait très fortement déplu ! Et pourtant, aujourd’hui, il n’y a plus personne (et en particulier parmi les enseignants) qui ne se soit rendu compte qu’avec un bac en poche on peut être resté parfaitement illettré, incapable de lire un texte et en même temps de le comprendre, plus encore incapable de rédiger sans fautes un paragraphe de trois lignes qui ait un sens. Comment en est-on arrivé là, avec l’appui des syndicats jaunes, de la FEN en particulier ? Ce serait trop long à expliquer, tout un livre n’y suffirait pas.
    Mais ce qu’on peut craindre, c’est que les enseignants définitivement inféodés à la peste rose et très bien anesthésiés par ses productions idéologiques ne continuent à appliquer sans réagir (quand on est fonctionnaire, on obéit, disent-ils, en oubliant Vichy) des dispositions de plus en plus abominables. De « réforme » en « réforme », les enseignements se sont peu à peu vidés de tout contenu, l’école a consenti à n’être plus que le lieu de plus en plus violent de l’apprentissage d’une « citoyenneté » qui, sans la culture, est désormais un mot vide, une vraie baudruche.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 11:18

    Najat,

    J’admire votre art d’essayer de noyer le poisson ! Je ne vois pas en qui la théorie de la réminiscence, si elle est fausse, pourrait me servir à comprendre le Coran. S’il y a une affinité entre la conception platonicienne et celle du Coran, la fausseté de l’une n’est propre qu’à attirer l’attention sur la fausseté de l’autre. Le néoplatonisme des conciles chrétiens, de la même manière, ne plaide certainement pas en faveur d’une vérité des concepts théologiques par eux pondus.

    Quand je parle d’un islam réel, il ne me semble pas non plus qu’on puisse dire que ce soit dans une intention délibérément sophistique. Je ne vous parle pas d’une essence de l’islam, mais de celui qui se présente, comme phénomène, à ma perception de citoyen français vivant à Belleville. Si, quand je vais sur le marché je ne voyais pas d’emblée une multitude de femmes couvertes d’un foulard et un fort grand nombre d’autres qui se présentent ostensiblement comme des objets sexuels empaquetés des pieds à la tête, je ne penserais ni à la gaudriole ni à l’islam. Mon approche de la question est purement phénoménologique et c’est vous qui nous renvoyez à je ne sais quelle essence qui émanerait des textes et de leur lecture correcte.

    Je ne serais assurément pas confronté à ces sortes de « phénomènes » et à bien d’autres - mais je donne à celui-ci une fonction allégorique pour les résumer tous – si mes compatriotes musulmans lisaient le Coran comme vous le faites et s’ils étaient eux aussi imprégnés de cette « philosophie de non-violence intrinsèque à l’islam » que, lecteur moi aussi du Coran, je n’ai encore jamais vue. On trouve tout, dans ce livre, tout et son contraire, c’est une véritable auberge espagnole et ce n’est pas en contextualisant les sourates que vous parviendrez à convaincre quiconque.

    Quand je vous disais que les querelles théologiques conduisaient généralement à des violences, c’est surtout au christianisme que je pensais, je ne sais pas trop ce qu’il en est touchant à l’islam, encore que les sunnites et les chiites n’aient pas toujours fait bon ménage, c’est le moins qu’on puisse dire, mais c’est là une question secondaire, et je serais bien le dernier à me réjouir que les tenants de conceptions religieuses opposées dans l’islam ou toute autre religion en viennent à s’entretuer comme vous paraissez le supposer.

    Le fait est que les musulmans « réels » ignorent complètement le Coran, même si on les a forcés à en apprendre par coeur des sourates qu’ils récitent comme des perroquets. Je ne saurais le leur reprocher, étant bien convaincu par ailleurs que les solutions pour vivre en bonne intelligence avec ses semblables dans le monde actuel ne sont certainement pas à trouver dans un corpus de textes concoctés à la fin du haut moyen-âge, pour des gens de cette époque et de nulle autre. Un certain nombre de musulmans commencent à proposer une « grève du ramadan », vous le verrez en interrogeant Google, et refusent le jeûne et les tarfufferies qu’il engendre. C’est bon signe !

    A cet égard, je trouve rigolo, quand je vous parle des intuitions scientifiques dans la théorie des atomes de Lucrèce, elle-même héritée des spéculations d’un penseur à la charnière des Ve et Ive siècles avant J.-C., que vous vous en moquiez, sans même historiciser la chose (c’est pourtant votre péché mignon !), sous prétexte qu’on n’y trouve pas encore l’idée que les atomes sont formés de particules ! Je voudrais bien que les discours de nos religions puissent approcher autant d’une définition exacte de la nature des choses que ces textes antérieurs à la révélation chrétienne. S’il existait un Dieu soucieux de communiquer la vérité aux hommes, il aurait été infiniment plus généreux avec Démocrite et Epicure qu’avec aucun autre prophète de l’ancien testament et des dernières révélations. Or, ces penseurs sont extrêmement proches de la zone de moindre erreur (ne parlons pas de vérité), mais ils ne se réclament d’aucune inspiration venue d’en haut, ils ne prophétisent pas, ne se réclament que de la simple raison et leur théories, du reste, n’ont jamais conduit les hommes à s’entre-tuer.

    Ce que je vous dis là ne ressemble en rien à la propagande d’un athée qui « prêcherait pour sa propre paroisse ». Les théories touchant à l’atomisme, de Démocrite à Rutherford, sont toutes complètement fausses ou insuffisantes comme le seront bientôt les théories actuelles. J’ai la plus grande admiration pour l’oeuvre de Descartes mais ses conceptions touchant à la médecine ou à la cosmologie sont aujourd’hui ridicules, il n’y a absolument rien à en tirer si on veut comprendre le monde tel qu’il est. Elles peuvent intéresser le physicien cultivé curieux de l’histoire de sa discipline, mais s’il les ignore, cela ne risque pas de l’empêcher de faire des découvertes. Pour progresser dans les sciences comme dans la philosophie, il faut savoir faire table rase des anciennes croyances et faire confiance à sa raison. C’est ce que n’hésite pas à faire Wafa Sultan, dont vous trouviez naguère la lecture intéressante et la critique nécessaire. Je ne sache pas qu’elle s’oppose à ce qui lui paraît monstrueux dans l’islam, en particulier par rapport à la condition des femmes, en prônant une « vraie » lecture du Coran. Elle parle simplement en rationaliste, elle fait le ménage et n’essaie pas de faire du neuf en bricolant du vieux.

    En parlant d’Abraham et de son sacrifice, je vous avais dit qu’il s’était trouvé bien des gens, du côté des religions comme de la psychanalyse (cette fumisterie), pour justifier la chose en la contextualisant, mais que c’était irrecevable. Or, vous ne trouvez rien de mieux que de m’imposer l’interprétation classique : Dieu n’est pas un salaud, il veut donner une leçon à Abraham pour lui faire comprendre qu’il faut cesser les sacrifices humains. Mais ce que vous ne voyez pas, c’est qu’il convient d’inverser la perspective, de se placer non pas du côté des raisons de Dieu, mais du côté des choix de l’homme et de sa liberté. Je me soucie des raisons inaccessibles de Dieu comme d’une guigne. En revanche, du point de vue de l’homme, c’est tout autre chose. Un type qui entend des voix, qui se croit inspiré par une entité céleste dont l’existence reste à prouver, -c’ est le délire de tous les paranoïaques- n’hésite pas à lever le couteau sur son plus proche semblable. Laissons de côté l’hypothèse de Dieu et sa responsabilité dans l’affaire, si vous le voulez bien  : je dis que ce bonhomme est soit un fou soit une crapule (au sens étymologique du terme) de la pire espèce. Il est l’exemple même de la folie furieuse des fanatiques. Un de ses derniers fils spirituels, c’est Mehra. S’il faut contextualiser ces textes pour des fidèles peu instruits, ce qu’il importe de leur dire, c’est que tout cela est complètement archaïque et qu’il n’y a rien à en tirer pour l’homme moderne. J’ajouterai que toute référence à Girard est pour moi calamiteuse. La théorie de ce bonhomme, qui veut touiller une nouvelle sorte de psychanalyse à la sauce chrétienne, c’est le charlatanisme incarné.

    Passons maintenant à l’histoire. Les gens du Hezbollah, me dites-vous, font le salut nazi parce qu’ils n’ont pas le choix. Quand on ne jouit pas d’une position dominante, donc, on peut bien donner par désespoir un petit coup de chapeau à la mémoire d’Adolf Hitler -dont on ne sait probablement pas grand chose ?- et il n’y a sans doute pas d’autre solution à inventer. C’est ça ou rien. On pourrait tout aussi bien dire que pour les Allemands quelque peu étranglés après la grande guerre par le traité de Versailles, c’était Hitler ou rien. Il faut les comprendre, après tout, ces pauvres Allemands, ils n’avaient que ça, ils n’avaient rien d’autre. Et dans la situation de crise que traversent actuellement la France et l’Europe, il y a la blonde Walkyrie du FN. Et rien d’autre ? Entendons-nous bien, Najat, je ne suis pas en train de vous accuser de justifier le fascisme, je vous connais assez maintenant pour savoir que vous seriez la première à prendre les armes pour lutter contre toute barbarie, mais il est de bonne guerre, tout de même, que je fasse se refermer sur vous le piège rhétorique où vous prétendiez m’enfermer !

    Je n’ai jamais été passionné par le conflit palestinien, il n’y a à peu près deux ans que je m’y intéresse ; j’avais dès longtemps remarqué que l’antisionisme, en France, était surtout la forme suppurante autorisée de l’abcès antisémite mais je n’y pensais pas plus qu’à l’occupation du Tibet par les Chinois. C’est seulement quand on a prétendu me faire avaler les délires d’un Shlomo Sand que je me suis dit que cela suffisait et que j’ai commencé à étudier une question que je connais encore nécessairement moins bien que vous, mais suffisamment tout de même pour n’ignorer pas le rôle abominable joué par Mohammed Amin Al-Husseini, le tonton d’Arafat. Il est peut-être souvent évoqué à des fins de propagande, mais il n’a rien d’un personnage imaginaire. Ce que vous m’en dites me fait penser à un article du Monde diplomatique que je pourrais sans doute retrouver, et qui est aussi un article de contre-propagande, visant à nier les faits. Le Monde diplomatique, c’est le journal dont l’adjoint au directeur est Alain Gresh, un bon copain de Tarik Ramadan.

    Je ne vous ai toujours pas répondu à propos de l’intelligence artificielle. Je m’y collerai peut-être demain.



  • Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2012 16:39

    gordon71

    Je n’ai ni enfants ni petits-enfants, Dieu merci. Ceux-ci au moins ne se drogueront pas, ne fumeront pas, ne nuiront jamais à leur entourage et ne feront pas souffrir leurs semblables. Mieux encore, ils ne mourront jamais. Je pense que, du plus profond du néant d’où j’ai refusé de les tirer, ils peuvent me remercier. Tout le monde ne peut pas en dire autant mais pour moi, la cohérence est le premier principe.



  • Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2012 16:32

    « Vous tenez le même raisonnement pour les grossesses non désirées et l’IVG »

    Gordon71

    Je n’y avais pas pensé, et j’ai dû oublier encore d’autres cas. En fait, si on cherche bien, il n’y a pas d’acte médical nécessaire dont le malade ne porte au moins partiellement la responsabilité : il aurait pu prendre des précautions. Bien sûr que j’appliquerais le même traitement dans ces deux cas.

    Cela dit (vous n’aviez peut-être pas vu mes autres interventions) j’étais dans l’ironie et l’antiphrase. En fait, le suicidaire qui se tire une balle dans la tête et n’en meurt pas est tout à fait responsable de ce qui lui arrive, mais je pense que la sécurité sociale doit quand même prendre en charge son hospitalisation. Un tel point de vue se défend rationnellement et ceux qui prétendent le contraire n’ont pas compris grand chose au principe de la solidarité collective.



  • Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2012 11:51

    Najat,

    Ma connaissance des langues sémitiques est parfaitement nulle. Je suis par conséquent réduit à cette position assez inconfortable qui consiste à vous croire sans même pouvoir esquisser une argumentation. Que l’Islam soit la paix plus que la soumission, si vous le dites, je le veux bien, mais je vous l’ai déjà dit, l’Islam particulier de Najat Jellab ne me gêne pas plus que le christianisme tel qu’il est devenu, le shintoïsme ou le bouddhisme. Quand vous me dites que vous n’êtes pas athée, c’est à peu près comme si vous me disiez que vous n’aimez pas le Coca Cola dont je boirais, moi, des seaux entiers.

    Tout de même, il y a des choses qui me hérissent un peu. Je sais bien que l’homme, en principe, et du point de vue de l’Islam, naît musulman, mais ça n’est absolument pas mon cas. D’une manière innée, comme vous dites, je suis athée. On a bien essayé de me faire croire qu’il y avait un dieu mais je n’en ai jamais été intimement persuadé, même dans l’enfance. Je ne pouvais pas douter qu’il y eût une religion et un clergé, ils me cassaient suffisamment les pieds, mais je n’ai jamais pu admettre la notion de péché, encore moins l’hypothèse d’un enfer et d’un paradis, tout cela me paraissait d’un infantilisme vraiment comique. J’étais un sujet pensant autonome, et tout à fait cartésien sans le savoir. Celui que vous désignez comme « le pire athée » restera donc toujours pour moi le meilleur penseur. Dieu n’existe pas. Ou, si vous préférez, le concept de Dieu fabriqué par les religions existe bel et bien, mais l’être qu’il prétend définir est tellement sinistre et repoussant qu’il vaut assurément mieux pour lui et pour nous qu’il ne soit pas.

    Je pensais, à vous lire récemment, que vous étiez du côté de la phénoménologie, et voilà maintenant que vous utilisez la théorie platonicienne de la réminiscence, comme s’il y avait des arrière-mondes. Vous me permettrez de vous faire remarquer que s’il faut renoncer à cette belle fiction purement littéraire des réminiscences, votre argument n’est que flatus vocis.

    Vous me parlez encore d’Abraham. Je sais bien qu’il est aussi récupéré par Muhammad, mais à votre place j’éviterais d’évoquer ce personnage lorsqu’il s’agit de parler de la soumission à Dieu puisqu’aussi bien c’est de là que notre discussion est partie, je vous disais qu’Abraham était à la source même du fanatisme présent dans toutes les religions du Livre. Ce sinistre personnage n’est en effet connu que par un acte de soumission inconditionnelle tout à fait choquant. Regardez la peinture classique : s’il y est question d’Abraham, ce qui est peint, c’est toujours le sacrifice et rien d’autre, ce qui n’empêche évidemment pas l’esquisse de Rubens, au Louvre, d’être un pur chef d’eouvre.

    L’islam n’est certes pas la seule religion à avoir fait ses choux gras de cette fable, mais enfin les musulmans réels, ceux que je vois, ceux à qui je parle, font de cette soumission – peut-être à tort – quelque chose de tout à fait essentiel ; en vingt ans, l’influence du wahhabisme en France a été telle qu’un musulman qui, aujourd’hui refuserait le jeûne et boufferait du cochon se percevrait lui-même comme une sorte de monstre ; un tel comportement lui ferait peur. Ca, c’est l’islam réel, et quand vous vous emportez avec des mots très durs à propos de toutes ces fausses croyances, vous me faites un peu penser à un inquisiteur chrétien chargé de débusquer l’hérésie et de la combattre. Vu par moi, cela n’a rien à voir avec les vérités scientifiques, lesquelles sont toujours falsifiables ; c’est croyance contre croyance, et je ne peux pas donner raison aux uns plutôt qu’aux autres. Tous se réclament d’une même fable et pourtant je les vois tout à fait prêts à s’étriper, ce qui serait comique si ces sortes de différends, en général, ne finissaient pas dans la tragédie.

    Je ne dirais pas que le communisme et l’athéisme se sont construits sur fond d’athéisme. C’est même le contraire. Le communisme est une nouvelle religion munie d’une très sérieuse eschatologie pas si éloignée que cela de la chrétienne. Il n’y aura certes pas de résurrection, mais à la fin de l’Histoire, la terre sera le paradis et ceux qui n’y croient pas sont des mécréants qu’il faut combattre. Hitler n’a jamais renié le christianisme, particulièrement dans sa tendance antisémite. Il avait encore plus d’admiration pour l’Islam parce qu’il y voyait -probablement à tort – une disposition à la soumission qui convenait à ses vues sur le monde, et on sait très bien que l’armée de Rommel en Afrique du nord a su tisser des liens assez étroits et durables avec les autorités locales. Quand on se rencontre aujourd’hui, dans le Hezbollah on fait encore le salut hitlérien. Vous me parlez d’Onfray. Il analyse très bien, dans son traité d’Athéologie, ces sortes de connivences, et la sinistre entreprise du mufti de Jérusalem qui n’a pas été sans conséquences sur la crise désormais chronique entre Palestiniens et Juifs.

    Le nietzchéisme d’Onfray me fait rigoler autant que vous. Mais je ne parlerais pas du matérialisme sans prendre des pincettes. C’est un terme qui renvoie au XIXe siècle, à une époque où on ne savait encore presque rien de la matière. On voyait l’atome comme quelque chose de consistant et de massif, comme les briques dont on fait les murs ; on ne savait pas encore qu’il était plein de vide et pas du tout insécable, que la réalité ultime ne serait probablement jamais accessible à l’expérience sensible : les accélérateurs font bien voir les traces des particules constituant les atomes, et celles de leurs collisions, mais on ne sait guère de quoi elles sont faites ; bref, depuis l’école de Copenhague, on cherche la matière et plus on la cherche, moins on la trouve, elle existe surtout dans les équations des physiciens. Les réalistes (Einstein était de ceux-là) continuent à penser qu’il existe bien quelque chose au-delà des équations, mais beaucoup préfèrent suspendre leur jugement et pratiquer l’épochè de la phénoménologie. La notion de matière est donc une aporie qu’on ne peut plus manipuler sans précautions.

    Quand vous écrivez que « le matérialisme postulant que tout est matière, ne peut en aucune façon produire des idées, par définition. » et qu’il signerait donc par là la fin de toute philosophie, je trouve donc que vous allez un peu vite en besogne et que vous nous reprenez les accusation des spiritualistes de l’âge classique contre les « pourceaux d’Epicure ». Mais ce sont là de simples anathèmes, lesquels n’éclairent rien du tout. Le matérialisme est né en même temps que la philosophie grecque, il perdure très bien de Démocrite à Lucrèce, et relisant il y a quelques mois le De rerum natura, j’était particulièrement frappé de la puissance d’une pensée dépourvue de tout moyen technique d’appréhender son objet et qui s’accorde pourtant si bien avec les conceptions les plus modernes de la physique. Les conséquences qu’en tire Lucrèce sur la croyance à l’existence des dieux, elles aussi, n’ont pas vieilli d’un poil. Elles vous choqueraient grandement !

    Vous m’amusez beaucoup quand vous évoquez les musulmans criminels qui ont confisqué la foi et propagent l’erreur. Au risque de vous choquer, j’aurais plutôt tendance à considérer que les salafistes (pour qui je n’ai pas beaucoup de tendresse !) sont les vrais musulmans, comme les vrais chrétiens sont ceux qui, à Paris, se réunissent à Saint-Nicolas du Chardonnet pour des messes en latin organisées selon le rite de Saint Pie V et sont lepénisés jusqu’à la moelle. Les catholiques que je peux voir dans ma propre famille, qui se marient à l’église, font baptiser leurs enfants, passent par l’Eglise avant d’aller au cimetière mais pour le reste se foutent de Dieu comme du diable, sont en vérité d’abominables hérétiques et si j’étais inquisiteur, je les enverrais au bûcher sans hésiter. Si Dieu existait, je peux vous assurer qu’ils iraient tout droit en enfer. En tout cas, le bon Dieu qui, depuis Constantin, est toujours du côté du manche, serait assurément du côté d’un Front national tout-puissant. Je le soupçonne même d’avoir quelque peu bourré les urnes aux dernières élections !


    Je ne vous réponds pas tout de suite à propos de l’intelligence artificielle. Je suis dans le bouquin de Cardon, qui m’agace un peu. Et je vous parlais des assembleurs moléculaires comme de quelque chose qui existerait presque, mais il faut mettre un bémol. C’est qu’il y a trois ans que je n’ai rien lu sur ces questions ; j’avais fini sur le bouquin de Drexler, lequel est exagérément optimiste, j’avais bien cherché à me documenter ensuite sur les assembleurs, mais à la bibliothèque de Beaubourg, je n’avais pas trouvé grand chose . Sur le nanotechnologies, il n’y a même pas un mètre de rayonnage, c’est soit de la vulgarisation sans intérêt, soit des études très pointues qui renvoient cruellement le lecteur curieux que je suis à son incompétence.



  • Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2012 09:33

    "Je dis tout ça alors que je suis non fumeur et que j’ai toujours la haine des fumeurs« 

    Luc-Laurent Salvador
    Dans »1984« , l’excellent roman d’Orwell, est instituée une »journée de la haine« durant laquelle on excite toute la population à détester une sorte d’anti-Big Brother. On pourrait se dire que c’est un roman, une fiction trop imaginative, mais non : on en est enfin arrivé là. Quand j’étais étudiant autour de 68, tout le monde fumait dans les salles de cours, à commencer par le prof, et personne n’y trouvait rien à redire. La peur du fumeur n’existait pas encore. On l’a artificiellement fabriquée et ça marche très bien, vous venez de nous le prouver.
    Les mégots, ça n’est pas bien gros, et il suffit de deux pluies pour qu’il n’en reste rien, cela se transforme en engrais. Cela n’a rien de comparable aux emballages en plastique et aux canettes de bière que je vois traîner tous les jours sur les bords du canal Saint-Martin, à dix ou quinze mètres, souvent, d’une poubelle où il eût été facile de les déposer. Faut-il »haïr" pour autant les jeunes écervelés qui font cela ou couvrent les murs de ces graffiti qu’on voyait déjà sur des murs de Pompéi dégagés par les archéologues ?
    C’est vraiment la guerre civile que vous voulez !



  • Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2012 09:14

    "Moi, je suis plus pour que ceux qui fument se voient refuser un financement de leur cancer du poumon, du larynx et de l’œsophage par la sécurité sociale une fois que c’est la merde."

    kiouty
    Excellente suggestion, et pour ceux qui font une bronchite parce qu’ils sont sortis en hiver sans se couvrir suffisamment, ou sont restés à discuter dans un courant d’air, même traitement.
    Même traitement aussi pour ceux qui, descendant trop vite les escaliers, se cassent un ou plusieurs membres.
    Et pour ceux qui ont mal au ventre, ayant trop mangé.
    Pour ceux qui ont des caries dentaires parce qu’ils consomment trop de sucre.
    Pour tous les bricoleurs victimes d’un syndrome de Black et Decker.
    Pour tous les automobilistes accidentés qui n’ont pas eu la sagesse de rester piétons.
    Pour tous les autres enfin parce qu’ils sont encore vivants alors qu’il y a tant de squelettes dans les cimetières, qui donnent l’exemple d’une existence tranquille et d’une santé sans faille.



  • Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2012 08:55

    "On pourrait cependant très légitimement interdire d’enfumer autrui. Dans un monde où l’individualisme ainsi que la judiciarisation sont en vogue , on peut m^me imaginer qu’au m^me titre qu’un employé puisse attaquer en justice un patron l’ayant exposé à des substances nocives ,’un enfant attaque sa mère pour une grossesse à risque.« 

    Jacques Lemière,
    On pourrait tout aussi légitimement concevoir qu’on attaquât sa mère au motif qu’elle a »infligé la vie", pour parler comme Chateaubriand, sans même prendre soin de demander son avis au principal intéressé. Et demain, si les socialistes en venaient par pure démagogie à légaliser l’euthanasie, le type qui se serait pendu et dont on couperait à temps la corde pourrait très bien aussi aussi attaquer en justice les sauveteurs, arguant du fait qu’on ne se passe pas accidentellement une corde autour du cou, que son intention de mourir était patente et qu’au lieu de l’aider, par exemple en se suspendant à ses pieds pour augmenter la strangulation, ou en lui logeant une balle dans la tête pour l’achever encore plus rapidement, on l’a renvoyé à la case départ d’un jeu qui ne lui convient plus du tout.
    A vrai dire, il y a des choses qui sont infiniment plus insupportables, pour l’entourage, que la fumée de la cigarette. La pire, c’est assurément la connerie, si contagieuse par les temps qui courent. C’est là-dessus qu’il conviendrait d’urgence de légiférer. Une peine de prison avec sursis dans un premier temps, assortie d’une très lourde amende et d’une mise à l’épreuve, serait peut-être la solution. Du moins, si on admet le principe d’une tolérance zéro pour tout ce qui touche aux différentes formes de nuisances et si au nom d’une bienheureuse écologie on tient absolument à transformer ce monde en paradis.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 23:55

    à l’auteur,

    J’ai failli avaler ma pipe, en lisant votre titre. Ah, quelle horreur, ce puritanisme qui veut éradiquer le vice, promouvoir la vertu, et maintenir l’humanité en bonne santé, comme on prend soin de la santé des cochons qu’on élève en batterie, pour qu’il n’y ait pas trop de pertes, pour que la viande et les rendements soient meilleurs.
    S’il y a une chose qu’il faudrait interdire, c’est bien cela, cette manie de se mêler à tout propos de la vie des autres au lieu de s’occuper de la sienne.
    Savez-vous quelle est la première cause de mortalité dans l’espèce humaine ? Je vais vous faire une réponse imparable : c’est la naissance. Dès que vous êtes né, vous êtes condamné à mourir quelques années plus tard. Très peu d’années plus tard, moins d’une centaine dans la plupart des cas. C’est lamentable, scandaleux. Et pourquoi êtes-vous né ? Parce que dans l’insouciance irresponsable de la jeunesse une jeune idiote et un jeune imbécile se sont empoignés et agités un certain temps avant d’allumer une cigarette. Et ce n’est pas la cigarette finale qui est criminelle : ils auraient très bien pu faire ça tout en fumant, il n’est pas interdit d’additionner les plaisirs. Ce qui est criminel, c’est l’agitation et ses conséquences abdominables : gros ventre, polichinelle dans le tiroir, etc.
    Si vous étiez un peu cohérent, c’est la vie elle-même que vous interdiriez, et dans un premier temps, la fornication. Je vous souhaite bien du plaisir !
     



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 23:16

    « En fait ,normalement les dahlias n’ont pas d’odeur »

    rosemar
    Je n’ai jamais dit que le dahlia puait à la manière du colza. Il y en aura des centaines au Jardin des Plantes cet été et on ne sentira rien, sauf si on s’approche des fleurs et si on commence à les brouter un peu, à la manière des vaches. C’est ma manière ! Le géranium, par exemple, est tout à fait inodore, sauf si on commence à lui caresser les feuilles. Il émet alors une sorte de parfum métallisé qui n’est pas du tout désagréable et qu’on commence à utiliser en pâtisserie. On ne fera jamais ça avec le dahlia, le souci ou l’oeillet d’Inde, ce serait émétique. Et le gardénia, est-ce qu’il est bon à manger cru, comme certaines variétés de roses dont les pétales sont comme des chips ?



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 20:06

    Ainsi le dahlia, roi vêtu de splendeur,
    Élève sans orgueil sa tête sans odeur,

    Je découvre trop tard ces vers de Verlaine. L’animal voit les choses en rêveur, de très loin, il n’a jamais touché la terre des jardins. Ses prédécesseurs ont vanté le parfum des roses et du jasmin, ils n’ont rien dit du dahlia, c’est donc que le dahlia n’a pas d’odeur ! Eh bien il a tort, Verlaine : il pue, le dahlia, et horriblement. C’est une odeur fade, écoeurante, celle de l’eau croupie au fond des vases oubliés après l’agonie des roses. Je préfère ne rien ajouter, le seul souvenir des dahlias putrides me donne la nausée.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 19:55

    @rosemar

    C’est effectivement très beau, les dahlias. Tous les ans à la fin de l’été, on en voit une multitude de toutes les variétés, au Jardin des Plantes ou dans les parterres du Luxembourg. Ce qui est quand même regrettable, c’est que l’odeur est tout à fait répugnante. Il vaut mieux regarder de loin, ou sur un écran.
    Il est vrai que le climat du pays est aussi de plus en plus puant. Mais ce serait une raison supplémentaire pour rechercher des parfums suaves.
    En ce moment, au Jardin des Plantes, les pavots plantés par milliers sont magnifiques. Je ne sais pas s’ils ont une odeur.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 17:11

    @Pyrathome

    Quand on a le courage de se cacher derrière un pseudonyme, comme vous faites, on peut effectivement se permettre à l’égard de ceux qui écrivent sous leur propre identité ces sortes de plaisanteries imbéciles.
    Je pourrais demander qu’on supprime un type d’insulte interdit par la charte du forum, et l’élimination du message serait immédiate, mais je n’en ferai rien ; tant pis pour vous. On verra mieux à qui on a affaire.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 17:03

    @Romain Desbois

    C’est la deuxième fois que vous m’obligez à vous renvoyer aux dictionnaires. Le mépris n’est pas la haine. Si vous ne voyez pas clairement la différence, faites-moi signe, j’expliquerai, mais si je pouvais faire l’économie d’un nouveau paragraphe, ça ne serait pas plus mal.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 12:25

    Peyo,

    Evitons de médire de François Bayrou. Ministre de l’Education nationale, il n’a pas démérité : l’objectif était de démolir une vieille institution, pilier central de la République, et il a fait comme les autres tout ce qu’il pouvait pour dynamiter. Il n’est pas le seul, certes, à pouvoir revendiquer cette destruction radicale, mais il n’a pas fait moins que les autres et l’histoire s’en souviendra probablement.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 12:19

    lloren,

    Quand vous aurez mis sous les verrous les trois quarts (pour le moins !) du personnel politique actuel, pensez-vous que vous aurez réglé le problème de l’économie européenne ? Pensez-vous que le peuple acceptera d’être gouverné par des maniaques de la justice dont la première préoccupation sera de lui fournir des boucs-émissaires au lieu de trouver des solutions aux vrais problèmes ? C’est à cause de cette dérive que la candidature d’Eva Joly a fait un flop et que l’écologie a été complètement oubliée : les citoyens sont toujours moins cons que les politiques ne le souhaiteraient.
    Le PS en France constitue une mafia, et il est devenu le modèle standard de toute organisation politique. Les écologistes aspirent à constituer également une mafia, favorisant partout où c’est possible les entreprises qui acceptent d’aller dans leur sens.
    Le caractère fanatique des interventions qu’on peut lire sur cette page fait froid dans le dos. Vous êtes des nostalgiques de la Terreur, mais vous ne savez apparemment pas qu’après la Terreur, c’est Thermidor, puis l’aspiration au césarisme. Vous m’inquiétez grandement.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 12:06

    Romain Desbois,

    Vous devriez faire un tour du côté des dictionnaires et des traités de rhétorique, vous documenter un peu sur la tonalité ironique et ses procédés, dont celui de la démonstration par l’absurde.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 11:58

    "Quant à qualifier les propos de ceux qui ne prêchent pas pour votre chapelle de « vociférations imbéciles », je ne m’abaisse pas à commenter.« 

    Je parle de »vociférations imbéciles« parce que lorsqu’on se réclame de la pureté (sale concept) il faudrait être soi-même à l’abri de toute critique. Or, Eva Joly a déjà été elle-même condamnée par les tribunaux pour des excès comparables à ceux que nous la voyons commettre devant les caméras. Le pauvre Hollande ( »Moi, Président, je..." - souvenez-vous !) sera probablement conduit à nommer premier ministre quelqu’un qui ne sera pas blanc comme neige. Enfin, Eva Joly n’a pas hésité à s’acoquiner et à négocier avec le parti de Mitterrand. Quand on connaît la carrière glauque du bonhomme, on se dit que la première urgence, pour le PS, ce serait de faire oublier cette faute originelle, mais ça n’empêche pas l’actuel président d’entrer dans les défroques du bonhomme, et d’imiter la voix de son maître. Tout cela est écoeurant, donne envie de vomir, mais je n’irai certes pas jusqu’à vouloir qu’on envoie tout ce beau monde devant des tribunaux révolutionnaires avec un lointain rejeton de Fouquier-Tinville comme président.



  • Christian Labrune Christian Labrune 12 mai 2012 11:46

    @ Johathan Moadab

    Excellente proposition. Nous sommes las de tous ces politicards corrompus, il nous faut un homme intègre, éloigné de toutes les compromissions, d’une grande clarté intellectuelle, sans ambiguïté, dont la vie soit un modèle d’austérité lacédémonienne et dont la carrière publique n’ait jamais présenté la moindre zone d’ombre.
    C’est tout le portrait de Jacques Vergès. C’était simple, il suffisait d’y penser et je vous envie d’y avoir pensé avant moi.