@ Masuyer
Lorsque vous vous interrogez sur le fait de savoir comment une religion peut rester dans la sphère du privé, c’est effectivement le socle même de la laïcité que vous interrogez, puisque, en promulgant la loi de 1905, c’est bien ce principe de distinction entre sphère privée et sphère publique qui fut adopté - et qui est aujourd’hui dangereusement remis en cause.
Je ne vous rejoins pas sur l’idée d’une laïcité actuellement crispée par l’Islam. Un principe philosophique et politique ne peut, par essence, pas frissonner devant les exigences religieuses, d’où qu’elles viennent. C’est ce principe même qui autorise à chacun le libre exercice de sa foi (voyez en pays musulmans si c’est la même chose, et demandez-vous pourquoi - voyez aussi la réalité du « besoin » invoqué, confronté aux chiffres donnés par l’auteur sur les musulmans pratiquants et celui, trouvé sur un annuaire musulman, de plus de 1540 lieux de culte aujourd’hui en France - à mon avis, cette question-ci mérite qu’on s’y attarde), et qui permet qu’aucune religion ne s’impose comme système publique dans la vie des citoyens et citoyennes.
Lorsque vous affirmez que le charia n’est pas à l’ordre du jour en France, je vous renvoie à tous ces cas de jeunes femmes brûlées, torturées, vitriolées qui ont défrayé la chronique ces dernières années, ainsi qu’au livre de Florence Assouline, « Musulmanes », qui raconte les mariages forcés, les punitions d’honneur et autres applications de la Loi coranique. Ce n’est effectivement pas une loi d’Etat (le sort nous en préserve), mais une loi en vertu de laquelle vous semblez admettre que l’on voile les femmes pour les soustraire au regard des hommes.
Un article de Martine Gozlan paru cette semaine dans Marianne évoque un village en Kabylie où le fondamentalisme s’installe, et où il exige la construction d’une mosquée là où les habitants n’en ont jamais vu l’utilité, disposant d’une salle communale dans laquelle ils pouvaient prier à volonté, et également se réunir à d’autres occasions.
Si les laïcs aujourd’hui sont en alerte sur la question du financement des lieux de culte musulmans, et sur les propos de Nicolas Sarkozy à l’égard du fait religieux, ce n’est dû ni à une forme de psycho-rigidité, ni à un racisme inavoué.
Au travers de cette question, et de toutes les autres (problèmes dans l’enseignement des origines de l’homme et de la Shoah, problèmes dans les hôpitaux sur le sexe des personnels hospitaliers, problèmes dans les piscines sur les horaires et la mixité, etc.), c’est bien le principe d’égalité qui est défendu. Hélas, à ce jour, cette défense même apparaît comme son exact opposé, grâce à certaines manoeuvres discursives dont les citoyens les mieux intentionnés sont les victimes.