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Commentaire de Christian Labrune

sur Le radio-philosophe pour les nuls


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Christian Labrune Christian Labrune 10 avril 2012 17:26

@Emin Bernar Paşa
Il y a dix ans, j’aurais peut-être pensé comme vous, mais on est arrivé à une situation où l’immigration commence à poser effectivement de sérieux problèmes. Non pas la présence en France de gens qui seraient venus d’ailleurs : la France a toujours été, et c’est très bien, une sorte de melting pot, mais l’Islam est devenu singulièrement dangereux puisqu’il est le premier obstacle, désormais, à une intégration réussie. Depuis quelques années, c’est même à une dés-intégration qu’on est en train d’assister  : les musulmans convaincus deviennent de plus en plus visibles, multiplient, par une espèce de provocation, toute sorte de signes qui disent un refus d’adhérer au consensus républicain. Quand on est à gauche, c’est embarrassant de parler de la question parce qu’il y a la xénophobie du FN qui a fini par générer une espèce de tabou : tout bien-pensant doit donc affecter de ne s’être aperçu de rien : circulez, il n’y a rien à voir ! Or, il est maintenant très clair qu’il existe deux xénophobies : celle du FN et celle, aussi, des populations réislamisées à la sauce salafiste pour qui les « Céfrans », comme ont dit dans les banlieues, sont devenus l’ennemi . Les deux xénophobies sont tout aussi détestables ; il faudrait être complètement masochiste pour accepter que la tolérance soit toujours univoque et accepter de subir cela comme une manière de punition légitime résultant du passé colonialiste de la France.
Dimanche prochain, il y aura à Paris une manifestation des français musulmans hostiles à l’islamisme. J’espère qu’ils seront nombreux mais je crains tout de même de ne pas pouvoir être aussi optimiste qu’il le faudrait. Au congrès de l’UOIF, dimanche passé, les 40000 participants (les hommes d’un côté, les femmes de l’autre !) ont été prêchés par le frère Ramadan qui les a remis dans la bonne voie de l’orthodoxie islamique made in Arabie Saoudite. C’est-à-dire que l’espèce d’aggiornamento qui serait absolument vital pour l’Islam français n’aura probablement pas lieu. Les religions modernes sont devenues vaguement déistes : les chrétiens se font désormais une sorte de cocktail spiritualiste en mélangeant toutes les croyances qui passent à leur portée. C’était un peu le cas aussi pour les musulmans il y a vingt ans : du jeûne du Ramadan on n’entendait jamais parler et rien ne distinguait une immigrée d’une européenne, dans la rue - et encore moins dans les piscines !

A côté de cela, les crétins utiles de la plupart des partis « de gauche », au nom d’un relativisme imbécile, encouragent le fanatisme autant qu’ils le peuvent : que des femmes se fassent lapider à quelques milliers de kilomètres, qu’on les oblige à se voiler sous la menace des coups, peu leur chaut pourvu que cela ne se passe pas devant leur porte : toutes les coutumes sont légitimes et se valent bien, n’est-ce pas ? Sur une autre page d’Agoravox, une intellectuelle tunisienne décrit la situation abominable dans laquelle son pays est en train de sombrer. Il se trouve des lecteurs sans doute supérieurement intelligents pour lui représenter que c’est ce que les Tunisiens ont démocratiquement voulu, qu’Ennahda est probablement un mal nécessaire, que c’était pire sous Ben Ali ou Bourguiba, etc. C’est accablant.

Finkielkraut ne dit pas autre chose que ce que je viens de vous répondre. Ca bousille un peu les illusions de la bonne conscience qu’on aimerait avoir, mais penser le réel, c’est quand même d’abord le voir tel qu’il est sans se raconter les histoires lénitives qui servent à endormir les petits enfants.

Je tiens à vous préciser, puisqu’on est constamment ramené ici à la campagne présidentielle, que je ne voterai pas pour la droite, mais pas non plus pour une gauche désormais introuvable. Mieux vaut rester chez soi que d’aller assurer la carrière politique d’un crétin.


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