Voici ce que j’en pense et en crois.
Lorsque j’observe une paramécie, je la trouve curieuse (au sens de chercheuse, exploreuse)
Lorsque j’observe un lionceau aussi, pendant que le lion me donne l’impression de ne plus l’être.
Lorsque j’observe un macaque, je le trouve curieux toute sa vie.
La matière, la molécule, parce qu’elle vibre d’un mouvement brownien, même dans le coeur d’un météore, me semble trembler de curiosité.
Le caillou, parce que je sais ses molécules frémir d’une disposition éternelle à faire autre chose qu’à rester là, me semble contenir de la curiosité fondamentale. C’est comme l’alfa de la pensée.
Et c’est cette envie constante des atomes à essayer une autre alliance qui, lorsque les conditions sont favorables (gaz ou liquide favorisant les circulations de matière), produit une accélération des expériences d’où peut jaillir une molécule particulièrement rassembleuse.
Si la matière est fondamentalement curieuse et en tous cas prédisposée aux expériences, elle n’est que curieuse et n’a pas de finalité, elle ignore où elle va.
Si la matière est bien ainsi faite, il en est de même pour nous, assemblage de matière plutôt organique, plutôt molle, donc très propice aux expérimentations micro et macrocopiques, qui expérimente sans jamais savoir où il va.
Et si notre être entier n’est bien qu’un expérimentateur, la seule pensée a, elle aussi, la bougeotte et peut explorer, si elle le veut, la seule sphère de la pensée.
Et comme nous sommes tous faits du même bois, il n’est que logique que nos pensées les plus penséistes soient à constamment se frotter les unes contre les autres pour expérimenter encore et encore.
Là-dessus, il existe un mécanisme de frein.
Il y a quelque chose qui empêche l’exploration sans frein, qui la limite.
Ce frein serait constitué de l’automatisme qu’a chaque assemblage à conserver son état.
Il y a toujours débat moléculaire entre rester tel quel et changer de partenaire.
Même au niveau moléculaire, il y a hésitation.
Les hésitations étant dépassées lorsque les conditions changent (variation de concentration, de temparature, de pression...)
Mais celui qui dit frein dit durée, dit temps.
Si à notre échelle de temps, infiniment petite, les hésitations de la molécule à changer de combinaison nous semblent retarder les changements, à l’échelle du no-temps, ces hésitations ne durent pas et les changements sont ultra rapides.
Le temps aurait surgi le jour où un premier animalcule aurait commencé à fuir devant un autre.
« Vite m’échapper ! »
« Vite l’attraper ! »
Il aurait surgi en la bestiole ayant à fuir ou bouffer, nulle part ailleurs.
Il n’y a que Curiosité universelle et elle n’a pas à être satisfaite. Tout état transitoire se prépare à un autre état.
Notre pensée, en sa curiosité, peut ressentir de la satisfaction ou de la satiété sur un point mais immédiatement elle reporte sa curiosité sur autre chose. Elle est insatiable. Même la mort à vivre constitue une curiosité.
La finalité n’existe que chez l’organisme qui s’est constitué une échelle de temps
Curiosité-Disposition universelle + finalité humaine ne peuvent pas produire la Finalité universelle et il n’y en aura jamais.