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Commentaire de easy

sur Curiosité ou sécurité ?


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easy easy 16 décembre 2012 15:13

Le mainstream nous est indispensable 


Si je nais sur une île en seule compagnie de loups, de rats ou de fourmis, ces derniers mainstreamant entre eux, je percevrais ce mainstream et je m’y collerais à 100% dans toute la mesure de ce que mon corps permettra.

Et je serais content selon le content que ce mainstream indiquera. Etant ultra minoritaire, je n’aurais pas idée d’influencer le mainstream mais les autres tiendront compte de ma bizarrerie puisque je ne peux pas exactement faire comme eux et le mainstream variera un petit peu vers moi. 

Si j’arrive sur la même île à mon âge et avec ce que j’ai déjà comme concepts et percepts, pétri de mainstream (Français + Viet + mondial) je vais devenir d’abord très malheureux. Je fantasmerai (Espoir éveillé) de papoter au téléphone au moins avec Vandame, avec n’importe qui relevant de mon ancien mainstream.

Ma pensée ne se conservera pas en son état actuel plus d’une semaine. Au bout d’un mois, tout volera en éclats, en commençant par les concepts les plus asbtraits et parisianistes. Au bout d’un an il ne restera de ma pensée que deux trois alfas. Je ne saurais même plus compter.

Quant à parler, n’en parlons pas.

Si nous sommes deux naufragés, nous ne nous disputerons surtout pas. Quel que soit mon partenaire, il me sera hyper précieux.

(Mais à trois, tout passerait au contraire compliqué avec meurtre à la clef à moins que nous convenions immédiatement de nous interdire le triangle de Karpman)


Si je pige vite que cette situation d’isolé peut me rendre fou de détresse puis fou à lier ; je vais peut-être convenir d’adhérer sans manières et au plus vite au mainstream des bestioles que je trouverais. Ce sera alors une démarche hyper consciente 
Mais je sens que ce sera très difficile et que mes chances de ne pas paniquer sont minces.

Il y a eu souvent des prisonniers se sachant emmurés à perpétuité, qui ont convenu d’adhérer au mainstream des cafards et qui s’en sont bien tirés. Il y en a un de ces prisonniers cafardés qui avait reçu la visite de son tortionnaire, à la Bastille je crois, et ce tortionnaire ayant compris l’intérêt du cafard pour ce damné, l’a écrasé. Ce prisonnier lui a dit « J’eusse préféré que vous eussiez cassé mon bras » 



Il me semble possible qu’un Français pas trop gambergeur puisse supporter la solitude prolongée sans devenir fou, mais j’en doute déjà. Il lui faut au moins le mainstream de l’alcool.

Mais pour un gambergeur du genre Nietzsche, ce serait catastrophique de ne plus pouvoir se baigner régulièrement dans son mainstream originel. Les gambergeurs écrivent donc, ils ont besoin de cogner leur pensée sur quelque punching ball. Nous avons beaucoup plus besoin d’être contrariés que d’être compris.

(Gros sujet à aborder alors concernant les fous que nous isolons de nous)


(Le suicide est ici mal compris et pourrait être compris différemment mais il vaut mieux qu’il reste mal compris par le mainstream. Il ne doit être mieux compris qu’à titre individuel)


Un chien ne vivant plus que parmi des hommes, adhère au mainstream des hommes. Un canard aussi. Lorentz a bien étudié l’éthologie de quelques bestioles, mais il nous invitait implicitement à piger la nôtre d’éthologie

Le cheval a été un énorme partenaire de nos vies mais il était peu mainstreamable (alimentation trop différente, très délicate...). Il est beaucoup moins humanisable, domestiquable, qu’un cochon, qu’une souris.
Dès que nous n’en avons plus vu l’utilité, nous l’avons jeté. Sans quelques passionnés aux yeux mouillés de reconnaissance pour lui, il n’y en aurait plus. Et bien nous ne savons pas grand chose de son éthologie tant nous avons réduit ses possibilités de relationner entre chevaux.

Il va donc sans dire que je trouve absurde et dangereux le procès que nous faisons depuis 50 ans à notre mainstream. Dont j’ai déjà dit que chacun convient qu’il existe, qu’il est mauvais (en France) mais que nul ne sait définir.

Le mainstream nous est indispensable pour adosser notre pensée et la structurer. Il nous influence, il limite notre intelligence, mais c’est ainsi limité que nous nous sentons bien tout en ayant nos degrés de liberté pour vagabonder autour en faisant les malins.
 
Nous avons à nous en nourrir et à le nourrir.


Un mainstream mondial ?
Pourquoi pas, je n’en vois ni intérêt spécial ni inconvénient spécial. L’important c’est d’avoir une pensée limitée, adossée à des repères partagés (qui évoluent forcément) et de danser autour.
On ne peut pas danser dans le vide.
Il nous faut un plancher, une eau, un air, quelque chose qui nous porte et nous offre une portance.

Je suis donc opposé aux propositions de s’ermiter sinon en fin de vie, histoire de découvrir ce qu’est l’isolement, par curiosité.
Ce que le moment ultime avant la mort nous offre de toutes manières


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