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Commentaire de easy

sur Curiosité ou sécurité ?


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easy easy 16 décembre 2012 16:30

En France, on dit « Le nuage »

A quoi sert ce Le ?
Uniquement à distinguer entre un ou plusieurs
Il a un contenu de genre qui ne sert à rien.
Il ne sert à rien sinon à embrouiller
Le français inclut d’emblée une brouille

Qui est augmentée avec la polysémie.
« Hier, il faisait trop chaud, j’ai pris ma glace, j’ai ouvert la porte, je suis desendu, j’ai....à droite....à gauche...puis, je l’ai mise devant mon visage, j’ai ouvert grand la bouche et j’y ai regardé le fond de ma bouche »
On découvre le sens de glace après trois heures de lecture

Et pendant ces trois heures, on aura suivi l’écrivain, on aura descendu les escaliers, on aura tourné à D puis à G, tout ça avec un grumeau de brouille dans la tête. Comment pourrions-nous nous concentrer complètement avec un tel grumeau de questions en tête ?




En vietnamien on ne peut pas se retrouver en telle situation de brouillard, le sème apparaît très vite. 

Les articles n’indiquent jamais un genre (masculin/ féminin), ce qui serait une absolue absurdité lorsque l’article genrant s’applique à tout, y compris aux nuages (mais les Français touvent cette absurdité normale)

Ils n’indiquent pas non plus un singulier ou un pluriel (La pluralisation, tant qu’elle ne dit pas le chiffre, ne sert pas à grand chose sinon à généraliser. « Les Français » généralise)

L’article viet indique la catégorie naturelle de l’objet non notre regard ou comptage sur lui, non notre regard sexé sur lui)
L’article viet indique : plante, animal (et l’homme en fait obligatoirement partie), liquide, point, machine, objet inerte....


En viet
Un garçon se dit enfant masculin Con trai
Une fille se dit enfant féminin Con gai
S’il y en a plusieurs, on ajoute des mots indiquant les dimensions de l’enveloppe ou du périmètre considéré. 
Alors qu’en français, dès qu’on dit Les garçons ça peut vouloir aussi bien dire les garçons autour de nous que tous les garçons du monde

Le Français vire très vite et très automatiquement à la généralisation. Ici, Les hommes peut très bien avoir le sème de tous les hommes du monde. 
Et il projette automatiquement sur les autres hommes du monde ses idéations et schèmes.

En viet on ne peut dire le sème tous les hommes du monde qu’en précisant bien tous les hommes du monde






En français on dit « La mère » et « La merde »
En viet on dit « personne mère » et « objet merde »

Les conséquences, car il n’y a que les conséquences qui nous sont vraiment intéressantes à connaître, sont grandes et je ne parviendrai pas à en faire le tour à mon grand regret. Sur ce point, je vous abandonne à vos propres spéculations sur ce qui peut découler de cette différence.
Mais au moins puis-je dire qu’en aucun cas une mère (ou un enfant, ou un chien) ne peut être chosifiée. C’est strictement impossible. Du coup, les procès en chosification de quelque victime (triangle de Karpman) dont nous nous repaissons ici, n’ont aucun sens aux yeux des Viets.

Il y a dans le français tous les ingrédients pour tout chosifier et nous nous retrouvons ensuite à nous accuser mutuellement de chosification. Nous sommes forcément hystériques (selon une acception élargie) ou mis en résonnance, en Larsen avec nos propres outils lingusitiques. 

Si seulement nous avions conscience qu’il serait possible de concevoir une langue (hyper déterminante de la pensée) d’une autre manière. Hélas non, 99% des Français ne peuvent concevoir qu’il soit possible de papoter autrement que selon la même logique linguistique.

Heureusement que nous avons pu voir des écritures s’écrivant de D à G, en verticale, sinon, nous serions persuadés qu’on ne peut écrire que de notre manière.


Les conséquences de la chosification/non chosification sont innombrables et je suis saisi de vertige devant leur quantité.

Je ressens une panique à ne pas savoir par quel bout commencer.

Tiens le travail salarié par exemple.
Ou bien les putes.

La langue viet est ainsi faite que le concept consistant à chosifier une personne n’est pas possible : salarié, pute, esclave, ne peuvent pas être associés à un concept d’objet tel l’étron ou le caillou. Même un âne ne peut pas être un objet. Même une machine ne peut pas être un objet. Même le mot voiture est précédé d’un article qui indique que c’est une machine à transporter et que ce n’est pas à ranger dans la même classe que les cailloux.
 

Marx, toussa, me fait pleurer.
On essaye de corriger une perversion de notre système par des émeutes, des fers et des bombes alors que le mal est dans notre langue.
Plus on fait de discours en langue française, plus on s’enferre sur ses perversions fondamentales.
Poétisons, versifions, Zolons, Hugons, Rimbaudons, Révolutionnons, Communons tant que nous voudrons, le mal reste toujours là.





Je n’ai aucun scrupule à déformer ou néologiser les mots français, au contraire

Il existe ici un procès intenté contre ceux qui changent le sens des mots.
Je me marre
Enfin j’en pleure plutôt.
Car nos mots sont à mes yeux à réformer et quand je vois combien sont nombreux ceux qui brandissent la nécessité de les préserver dans leur temple, je me dis qu’on n’est pas sorti de l’auberge.

Mais mais mais, je sais aussi qu’il serait catastrophique de tout casser d’un coup. Nous avons besoin du mainstream avec sa viscosité-plasticité bien comprise, nous devons contribuer à le déplacer lentement, nous ne devons pas l’incendier sous peine de devenir tous des fous.


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