@Jonas
Votre conclusion relative à la lâcheté des gouvernants occidentaux me réconcilie avec le paragraphe où vous disiez qu’il était « normal » que Lapid vînt à Paris. Dans le cadre des relations diplomatiques, c’est aussi « normal » que vous le voudrez, mais ça révèle très bien quand même le sale pétrin dans lequel s’enfonce la France avec son Macron. Certes, il y a tout à gagner pour la France à entretenir une coopération avec Israël, parce que c’est un pays désormais beaucoup plus en pointe dans tous les domaines et dont il y a beaucoup à tirer. On n’est plus à l’époque où notre pays lançait le paquebot France ou mettait au point le Concorde. Partout dans le monde, l’activité essentielle, désormais, c’est l’informatique. Or, après l’invention du Minitel, la France a misérablement perdu pied. Sur le plan du renseignement aussi, la coopération est très profitable : des dizaines d’attentats ont été empêchés en Europe (et il n’y a pas si longtemps à Villepinte) par le Mossad qui a pu avertir à temps les services concernés, mais ça n’empêche pas que tout ce qui peut être tenté de dégueulasse pour complaire à l’antisémitisme de l’électorat musulman est fait systématiquement. Quand je vois ça, j’ai envie de vomir.
Macron et son premier ministre devaient se rendre en Israël. Ils ont différé de le faire de manière à laisser penser qu’ils s’opposaient ainsi au gouvernement de Netanyahou, ce qui aura eu pour effet, évidemment, de renforcer, de la manière la plus irresponsable, les a priori imbéciles des media français et de leurs lecteurs qui n’hésitent pas à représenter un Netanyahou, qui a toujours agi sur le plan militaire avec une prudence de Sioux, comme un va-t-en guerre. Aujourd’hui, Macron affirme ostensiblement son soutien à un Lapid dont tout le monde voudrait en Israël se débarrasser, même dans le mouvement bleu-blanc où certains pensent qu’il fera perdre plus de sièges qu’il n’en fera gagner. Mais Macron et Lapid se ressemblent : c’est la même inconsistance ambitieuse aux dents si longues qu’elles rayent tous les parquets, mais qui n’a absolument rien à proposer. qui s’engage sans réfléchir et fort témérairement dans des voies sans issue, comme on a pu le voir en France avec la politique qui a fait surgir les gilets jaunes.
Macron et son premier ministre ont dû en entendre de belles, dans les échanges avec Netanyahou loin des micros et des caméras. S’ils ne sont pas allés en Israël, c’est parce que ça déplairait probablement à Zarif qu’on se range officiellement du côté des ennemis de l’Iran, et un chef d’état qui s’opiniâtre à se comporter en allié de l’Iran ne peut pas non plus, sans honte, s’exprimer devant les caméras dans un Israël que son copain Khamenei, une fois par mois au moins, propose de détruire.
Lapid a l’échine très souple et il vient d’en donner bêtment la preuve aux Israéliens qui ne le lui pardonneront certainement pas. Netanyahou et Trump se ressemblent également, mais eux savent très clairement ce qu’ils veulent et leur politique est d’une lisibilité parfaite : ce qu’on a dit qu’on ferait, on met tout en oeuvre pour le réaliser.
J’entendais hier soir des habitants de Sdérot qui sont à une portée de fusil de la bande de Gaza. Après un an de constantes attaques du Hamas contre la barrière, les pluies de ballons incendiaires ou explosifs, les récoltes brûlées et un bon millier de roquettes, ils n’en pouvaient plus ces derniers temps et maudissaient l’absence de réactions décisives de Tsahal. Mais il semble, malgré cette exaspération, qu’ils voteront massivement pour le Likoud ou les petits partis qu’on dit plus « à droite », bien que ces catégories droite/gauchen’aient pas vraiment le même sens là-bas que chez nous. Ils savent très bien eux-aussi que le Hamas et le Jihad islamique ne sont que des marionnette de l’Iran, et que c’est le régime iranien qu’il faut abattre.
Chose qui surprendrait probablement les observateurs français : 65% des 18-25 ans soutiennent le Likoud. L’électorat bleu-blanc est composé surtout de gens qui ont la nostalgie de l’Israël des kibboutzim d’avant le tournant libéral, qui regrettent aussi les promesses de paix des accords d’Oslo, lesquelles ont pourtant été cause de catastrophes majeures. Cette page sinistrement utopique et les nostalgies paradoxales qui vont avec sont en passe, fort heureusement, d’être définitivement tournées.