« La Déclaration des Droits de l’Homme de 1793 stipule que le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »
Tout est dit là et il n’y a rien à retrancher.
Le droit naturel ne découle pas de la Nature : la propriété n’est pas une chose qui existe à l’état de nature. La liberté non plus (la nature n’est faite que de contraintes et de besoins). Enfin, on n’imagine pas une proie faire valoir son devoir de résistance à l’oppression face au prédateur qui s’apprête à la dévorer !
Et pourtant, on peut véritablement parler de droit naturel car ces principes sont tirés du constat objectif de ce qui est proprement humain et universellement humain.
Il est proprement humain et universellement humain :
— de penser (Descartes le dit),
— de rire (Bergson le dit). Ne riez pas ! Il y a encore trop d’endroits sur terre où il est interdit de rire sous peine de mort.
Chaque être humain doit donc bénéficier du droit de penser et de s’exprimer y compris par le rire. Puisqu’il est prouvé que cela est universel chez l’être humain.
Est-il proprement humain de pratiquer le cannibalisme ?
Rien ne le démontre. Au contraire, il semble que cette pratique soit liée à des situations extrêmes ou à des moeurs très localisées, particulières et ne reposant pas sur un besoin naturel évident.
Accepter le cannibalisme va à l’encontre de la théorie du Droit naturel puisque l’accepter revient à dénier le droit de propriété sur son propre corps. Tolérer le cannibalisme revient à tolérer a fortiori — et comme un moindre mal — l’esclavage, la suprématie du mâle et toute autre forme de possession de son corps par autrui ou par une puissance qui s’érige en Autorité.
Or, il semble que nos Révolutionnaires aient bien pensé et bien parlé.
Puisque le propre de l’homme est de vivre en société (instinct grégaire) et de développer des moeurs communes, l’individu doit être garanti de pouvoir
— jouir de sa liberté à l’intérieur de cette société, liberté qui n’a de limite que la liberté des autres, pour que la société soit viable.
— jouir de la propriété de sa personne (pas de servage ni d’esclavage) et des possessions nécessaires à son autonomie (car qui ne possède rien n’a aucune autonomie et dépend des autres...). C’est l’idée de « sûreté » qui proscrit l’arbitraire et la précarité récurente.
Puisque le propre de l’homme est aussi d’être libre, chacun doit être conscient de son devoir de préserver ce trésor consubstantiel à la nature humaine en se réservant l’usage éventuel de la résistance à l’oppression, car sans ce devoir de résistance, la liberté n’est qu’un vain mot.
« Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression » : c’est parfaitement juste et rien de doit être retranché.
« Le but de toute association politique est la conservation » de ces droits : c’est l’idée du contrat social. Ce contrat social doit toujours garantir ces droits et prévenir autant que réprimer les graves abus de ces droits.
Toutefois, si aujourd’hui, rien n’est à retranché de ces mots, cette conception doit être éclairée d’un regard nouveau qui prenne en compte aussi le respect de la Nature et les besoins de l’être humain liés à la nature car l’individu n’est pas qu’un animal social. Il est aussi élément et partie prenante de son environnement.