La domination écrasante du parti socialiste sur la gauche est de plus en plus remise en cause. D’abord par le Front de Gauche, et à présent par les écologistes.
Les écologistes et Madame Eva Joly ont bien compris que cette domination du parti socialiste repose sur le mode actuel de scrutin majoritaire à deux tours.
Avec l’instauration d’un scrutin proportionnel, demandé par les écologistes, les centristes et le Front National, les deux partis dominants que sont le PS et l’UMP, qui peinent tous les deux à rassembler plus de 25 % des suffrages, n’obtiendront jamais de majorité sans une alliance négociée au couteau avec l’un (ou deux) des trois autres principaux partis politiques.
En faisant de l’introduction de la proportionnelle une condition sine qua non de leur participation à une majorité et à un gouvernement au lendemain des prochaines élections, les écologistes placent la barre à une hauteur que François Hollande ne pourra pas franchir sans sacrifier son propre parti !
« Il faut instaurer la proportionnelle. Je ne serais pas ministre dans un gouvernement qui n’inscrirait pas cette réforme à son programme. Et aucun autre écologiste, non plus ».
Si Hollande est élu, il n’’aura pas de majorité socialiste à l’assemblée et il sera obligé de former un gouvernement socialiste minoritaire.
Car comment pourra-t-il accepter d’instaurer la proportionnelle qui aurait pour conséquences de diviser par deux le nombre des députés socialistes et de donner des députés aux écologistes, aux centristes et au Front National ??
Si nous prenons pour hypothèse la victoire de Hollande à la présidentielle et l’incapacité du Parti Socialiste à remporter une majorité claire à l’assemblée nationale au cours des législatives qui suivront, nous iront tout droit vers une réintroduction d’une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin actuel.
Cette réintroduction sera exigée par tous ceux qui voudront bien s’allier au PS minoritaire pour former un gouvernement, que ce soient les écolos, les centristes, (ou même le Front National !).
Les deux Partis dominants, le PS et l’UMP, ont échoué à réunir sur leurs têtes plus de 25% ou 30% des suffrages, au contraire des partis dominants en Angleterre, en Allemagne, en Espagne, en Italie ou dans les pays scandinaves, qui atteignent tous peu ou prou 35 à 40 %. Ils ne peuvent plus prétendre dominer la vie politique comme ils l’ont fait jusqu’à présent.
Les prochaine élections majeures que sont la présidentielle et la législative de l’an prochain pourraient bien consacrer une nouvelle donne politique.
François l’enchanteur n’a pas traîné. Comme tout le monde, il n’a pas été sans remarquer que tous les sondages indiquent que la gauche au sens large (Groupuscules gauchistes, Parti socialiste, Parti ecolo, rad-socs et front de gauche) peinent a réunir 40% des intentions de votes.
Il a donc appelé dès hier soir à un « rassemblement » hétéroclite qui irait de Mélanchon à François Bayrou (« la gauche, les écologistes et les centristes »).
En tous les cas « l’Union de la Gauche » telle que Mitterrand l’avait inventé pour plumer la volaille communiste, c’est terminé.
Reste à savoir ce que vont faire les électeurs d’extrême gauche archéo-marxiste, les sympathisants du NPA, du Parti communiste et du Front Mélanchoniste lorsqu’ils vont s’apercevoir (mais ils s’en sont déjà aperçus, ou bien alors ils sont aveugles) qu’ils devront aller voter au second tour de la présidentielle pour cautionner l’entrée de Borloo et de Bayrou dans le premier gouvernement du prochain septennat.
Car il faut en réunir du monde, venant de tous les horizons, pour fabriquer une majorité parlementaire à un président qui ne fera même pas 30% des voix au premier tour de la présidentielle et dont le Parti d’origine, que l’on a déjà vu à l’oeuvre et qui n’a pas laissé de souvenirs impérissables, aura plus de mal à domestiquer les écolos et les centristes qu’il n’en a eu à domestiquer les radicaux-socialistes tendance cassoulet.
La seule chose qui pourra sauver François Hollande est le mode de scrutin actuel, qui permet au deux partis dominants de devenir majoritaires, l’un ou l’autre alternativement, au second tour, après avoir éliminé du vote tous les autres partis du premier tour.
OK, mais que fera-t-il lorsque les écolos et les centristes exigeront l’instauration du scrutin à la proportionnelle pour prix de leur ralliement ?