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Les commentaires de easy



  • easy easy 3 décembre 2012 14:04

    En ce sens, il y a à découvrir des légumes et surtout des fruits exotiques



  • easy easy 2 décembre 2012 00:15

    @ Volt,

    De tous nos sens, c’est la vue qui est la plus renseignante de notre environnement en termes prudentiels (anti-mort) Grâce à nos yeux, nous pouvons voir le danger à des kilomètres.

    Et s’il y avait des organes à nous ajouter, ce serait non pas un nez de plus, non pas deux oreilles de plus, non pas une peau de plus mais deux yeux de plus, derrière notre tête.
    Du coup, en terme d’urbanité, le plus important dans nos comportements, c’est notre apparence visuelle où les vêtements comptent mais aussi le moindre de nos rictus, la manière même dont nous regardons celui qui nous regarde.

    C’est par la vue qu’à distance déjà, nous établissons le plus d’immédiateté (contact direct)
    Un type nous regarde fixement à 100 m et c’est déjà un ressenti d’immédiateté.

    Comme cette immediateté visuelle est très signifiante (elle nous vise sans ambiguïté) elle nous pose des problèmes et nous interposons des tas de bidules pour la négocier. Les mots ont été inventés non pas pour plus d’immédiateté mais au contraire pour amortir l’immédiateté du regard silencieux. Dès que l’interlocuteur parle, on se sent déjà mieux que quand il nous fixe sans rien dire.
    Les mots sont des étouffoirs de la relation directe.

    La peinture ressort alors comme étant l’art qui nous interpelle le plus. Non seulement c’est une représentation de soi ou de l’autre, avec couleurs et mise en contexte mais la chose ne parle pas. Le contact est direct, cru. (Il est déjà amoindri quand on regarde une toile en compagnie d’une amie bavarde)
    Regarder une toile en étant seul, c’est dur si ça représente des personnes et plus encore si elles nous regardent. Et c’est ultra dur si ce sont des personnes de notre époque. (Nous ne regardons donc pas les portraits de Louis XIV comme ses contemporains les regardaient)

    Que fait le peintre, quand il ne peint pas sur commande, quand il peint librement ?
    Il peint non seulement l’homme nu, dépouillé de ses amortisseurs de contact mais en plus il nous oblige à regarder cette crudité en silence. Ouille !

    Oui, il est assassin comme vous le dites. Oui les peintres ont toujours tué quelque chose et cette chose c’est l’amortisseur, le media, l’urbanité, les bonnes manières, la politesse, en particulier le mot, le verbe.

    Reste à savoir si ces peintres qui assassinent les bonnes manières en pratiquant le regard silencieux de face souffrent eux-mêmes de cette confrontation trop immédiate.
    Il me semble que ça les épuise en tous cas. 

    Il est impossible de peindre un esclave noir regardant le peintre plein face sans qu’ensuite le spectateur blanc n’en soit pas choqué à regarder ce tableau, surtout s’il est seul dans la pièce, surtout s’il est à poil. 
    D’autant que le spectateur blanc sait que le peintre l’a fait exprès (Là je parle quasiment comme Poe) 

    Si sur un tableau, il ya deux protagonistes qui se regardent, nous en tant que tiers voyeur, nous nous sentons à l’abri et c’est très supportable. La peinture classique était ainsi conçue que les personnages regardaient généralement ailleurs ou nous regardaient en toute urbanité (très costumés).
    Mais quand la composition est telle qu’on sent être le seul interpellé et par une personne peu habillée ou aux manières non urbaines, du genre Saturne dévorant un de ses enfants ou Olympia, ouille ! 

    Ca fait que oui, les peintres qui soignent la crudité relationnelle, qui interpellent trop directement sont souvent persécutés.

    Mais voyez-vous, c’est ce sort que les peintres ont de commun à travers les siècles, pas la grammaire qu’ils utilisent qui, elle, est contextuelle.

    Modigliani avait tendance à peindre des portraits pleine face un mètre de distance, ce qui est déjà rude. Et il ajoutait un truc bien à lui en termes de grammaire, la rougeur des joues, donc l’émotion. A nous faire rougir nous-mêmes. Choc qui ne se produit évidemment pas si l’oeuvre représente un paysage.

    Bernard Buffet, c’est très dur à regarder, ses clowns compris



    Mondrian, Delaunay (Robert & Sonia), Vasarely, Mathieu et autres Klein ont saisi ce qu’ils pouvaient tirer de la nouvelle filière haute-couture. Ils ont refusé ce choc du face à face avec l’autre-soi, avec l’homme cru. Ils ont peint carrément un media, un décor, un mot, un motif, une marchandise, une production humaine (plutôt rangée, carrée, régulière, géométrique ou gestuelle). A tel point que leurs oeuvres sont passées en papier peint et rideaux. Moins miroir-agressif ya pas. Ils n’ont pas été maudits et se sont fait du blé tout de suite.

    Tàpies est sur le même créneau non agressif mais avec des motifs tout de même plus misèrabilistes



  • easy easy 1er décembre 2012 20:36

    @ Volt,

    Vous aurez mal compris les conséquences de ce que j’ai dit.

    J’ai beaucoup parlé du contexte à partir de 1800.

    J’ai logé tous les artistes de l’époque à l’enseigne des Lumières (au sens philo dont il leur fallait faire quelque chose et l’électricité l’aura permise) ; à l’enseigne de « Quel avenir ? » ; à l’enseigne de la perspective, lignes de fuites (avec sonorité en « avenir ») ; à l’enseigne du cadrage ; à l’enseigne des aberrations de toutes sortes dont les optiques et mentales ; à l’enseigne de Pompéi-Hiroshima en passant par l’ensemble des guerres industrielles.

    (J’ai manqué de les loger à l’enseigne de l’essence où son sens sartrien est avili par son sens pompiste-automobiliste)

    Je dis donc que tous les post 1800 ont été pris dans un contexte entre chien et loup (Royauté Vs République) fait de ces enseignes et que ce qu’ils ont voulu exprimer de très personnel (dont les critiques parlent peu) ils l’ont fait via ces enseignes.
    Je fais donc très peu cas de leurs outils ou grammaires que je considére toutes analogues-transposables-convertissables entre elles et ne m’intéresse qu’à ce qui touche à l’histoire très personnelle du peintre.
    Les grammaires m’intéressent mais de manière transversale, à travers les styles, sans considération pour qui pratique celle-ci plutôt que celle-là. La grammaire qu’utilise un artiste ne me renseigne en rien sur ses intentions.

    En l’occurrence, sur Hopper, c’est sa relation avec sa femme qui m’intéresse. A mon sens ce n’est que si je bavardais sur cette femme que je me mettrais à interpréter ses intentions. Or je m’en suis abstenu.

    Tant que je parle des outils (équivalents-interchangeables entre ces peintres), je ne parle pas d’eux, je ne fais qu’expliquer ces outils, je ne spécule pas du tout sur le sens de leurs oeuvres.

    Je peux par exemple dire que cet homme assis avec une lumière blanche (non crépusculaire) horizontale face à lui, est face à la Bombe d’Hiroshima et que sa silhouette-ombre est fixée-flashée sur le mur. Mais ce sera encore parler de l’outil ou de la grammaire qu’utilise Hopper (et tous les autres) non de ses intentions.

    Lorsqu’un peintre peint cent toiles en utilisant la même grammaire, il s’en fiche de cette grammaire. Elle ne compte pas plus que ne compte pour moi la grammaire que j’utilise pour écrire cette phrase. C’est le thème et les variations d’une toile à une autre qui disent sa pensée, pas son style.


    Ainsi dans cette toile, si je parlais maintenant de que je vois comme message, j’en dirais
     « Vous qui prenez de l’essence dans une station, elle vous semble externe à vous-mêmes, vous ne vous sentez pas co-vivre avec elle et en tous cas pas plus de deux minutes. Alors que pour le pompiste, c’est vous qui passez de manière éphémère, c’est vous qui n’existez pas longtemps » 

    Et dans le tableau du cinéma avec l’ouvreuse, c’est analogue
    « Vous, vous entrez dans cette salle noire pour vivre une parenthèse de votre vie, une parenthèse pudique. Moi, j’y suis pendant des heures dans ce qui est votre parenthèse. Et pendant que vous regardez un film pour vous évader de votre réalité, moi, je pense au contraire à ma maison, à mes enfants, à ma mère qui est malade »


    Si ce thème se répète d’un tableau à l’autre c’est qu’il vit un fossé avec sa femme. Chacun ne fait que se croiser, ils ne vivent pas vraiment ensemble. Et cela, peut-être parce que l’époque veut ça (la femme bosse d’un côté, le mari de l’autre)

    En somme « Notre époque nous sépare de l’immédiateté, elle nous médiatise »






    «  »« Van Gogh peint les étoiles si tournoyantes, géantes surtout, non pas seulement parce qu’il les voit comme ça, mais essentiellement vit comme ça. Pour lui les étoiles sont criantes, au point d’y perdre l’oreille sans doute. »«  »

    Au contraire de moi, vous décontextualisez les grammaires (peut-être pour tous les artistes)
    Au contraire de moi, vous considérez que Van Gogh serait né en 1100, il aurait peint la même chose puisqu’il les voyait ainsi hors contexte selon vous. Picasso aurait alors pratiqué la même grammaire en 1200. Vasarely aussi. Mondrian et Klein aussi

    Votre hypothèse décontextualiste me semble impossible d’un point de vue théorique et non pertinente d’un point de vue des faits et à l’exception du cas de Jérôme Bosch qui, sur un lit théiste traditionnel a bel et bien inventé une grammaire picturale sortie de nulle part sinon de sa tête.
     
    Concernant les yeux qui au lieu de recevoir la lumière en émettent. En termes de peinture où avez-vous vu ce genre de chose avant l’éclairage électrique ? 



  • easy easy 1er décembre 2012 16:20

    Le Caravage, par rapport à Michel-Ange Sixtine, c’est l’idée que le peintre-spectateur, n’émet pas de lumière propre et qu’il ne voit donc pas tout. (Le sujet peint a des arrières pensées, surout quand il se met la main au cul avec un sourire en coin)
    La source de lumière du Caravage est de nature indéterminée (A part dans un tableau sur cent où il y a des rais qu’on peut accorder au soleil qui donne à travers une fenêtre) et sa nature n’a donc pas grande importance. Ce qui compte c’est que la chose n’est plus éclairée que sous un angle qui n’est pas celui du peintre-spectateur.
    Il ne peint pas du tout la nuit mais seulement la pénombre soit d’intérieur de logement soit factice.
    Il n’y a donc de lumière que sur partie des personnages et le reste est dans le noir. Sans aucun jeu de lumières (pas de rais, pas de croisements de rais) 



    Tout autre est le luminarisme.
    Le luminarisme c’est, à la limite, montrer ce qui se passe sous la surface d’un lac clair et agité où il y a plein de rais qui se croisent et où ce sont les rais eux-mêmes qui deviennent le spectacle et non les objets sur lesquels ils s’accrochent. C’est la lumière forte sur un lit de lumière plus douce qu’on observe.

    Le luminarisme c’est les lumières et non plus la lumière.
    D’où le grand recours aux reflets (impressionnistes), aux filtres colorés (Picasso période bleue), aux superpositions d’images (Chagall) et aux anamorphoses (Dali) 

    D’où l’importance énorme accordée désormais aux éclairages dans les spectacles et à nos écrans qui ne sont plus des lumières reflétées mais des lumières sources qui bougent.

    Quand on regarde une étoile, alors qu’elle est réellement en halo, nous y voyons des rais parce que notre oeil produit des aberrations. Et si Van Gogh peint un ciel de nuit tout en rais circulaires, c’est parce qu’il exploite le droit aux aberrations visuelles. Ce que ne fait pas du tout le Caravage (Il colle des ailes à ses sujets -toujours des êtres humains- mais c’est une aberration canonique abrahamique, non personnelle).

    Les aberrations visuelles, les illusions d’optique (et de la pensée) les anamorphoses, les chimères des cabinets de curiosité, seront très, très travaillées à partir de 1800 et de manière athée. Picasso, Poe, Dali, Breton, Magritte, Vasarely, Bottero, Duchamp, tout ça c’est le monde des aberrations optiques et mentales individuelles. C’était la réponse des athéiste aux anciens qui se permettaient de peindre sans vergogne -car selon un standard collectif- des anges ou des types allongés sur des nuages.
     

    L’arrivée de la lumière artificielle et surtout des projecteurs (lentille + réflecteur parabolique) qui a transformé notre vie en la rendant très nocturne y compris pour les gueux, a obligé les artistes à considérer la nuit, les jeux de lumière et les aberrations.

    La lumière artificielle est devenue transcendante ou porteuse de transcendances.

    Nuits blanches.
     
    On ne dessine de belles étoiles qu’avec des rais (alors que ces rais n’existent que dans nos yeux) et il suffit désormais de montrer, les phares d’une voiture dans la lande ou les fenêtres éclairées d’une chaumière isolée, pour imaginer et ressentir déjà mille choses. Le seul rai d’une torche qui bouge dans un bois, provoque déjà la plus grande des émotions. On peut faire un film saisissant rien qu’avec une danse de rais de torche comme images.

    Et c’est à la suite de la puissance que nous avons accordé à la lumière que nous nous sommes mis à concevoir des yeux lumineux (rouges tant qu’à faire). On en voit moins de nos jours mais en 1930-60 bien des BD avaient des héros dont les yeux émettaient des rais ou quelque sorte de rayon.

    A part quelques représentations de cauchemar en 1800 où quelque cheval ou démon avait des yeux presque lumineux, on n’aura jamais vu ça avant que les voitures aient des phares électriques (les lanternes des fiacres n’émettaient qu’une lueur diffuse, celle qu’émet une bougie, un feu de bois). Les phares d’une voiture ou d’un phare maritime, c’est toute autre chose et les graveurs (sans doute parce qu’ils bossent en N/B) ont probablement été les premiers à le montrer, à rendre le rai magique.

    Ce n’est plus la lumière de dieu qui nous éclaire (et nous prend en faute dirait le Caravage), c’est l’homme athée qui éclaire le cul de dieu.


    Le clair-obscur des peintres d’avant 1800 servait à dire que l’homme avait des arrières-pensées, ce qui a été un grand progrès vers la vérité, mais il n’est pas comparable au luminarisme.

    Il n’est pas orthodoxe d’associer les cartes postales de Noël avec maisons aux fenêtres lumineuses (+ collage de strass) au luminarisme mais à mon sens, elles en découlent ainsi que les films du genre Avatar ou Prométhéus en leurs images faites de seules lumières (genre hologrammes) 

    Enfin, ce luminarisme et ses extensions telle que je les vois, c’est à mon sens ce qui a fait le plus grand schisme (non voulu mais effectif) avec l’art du Moyen-Orient qui n’a pas du tout embarqué dans cette nouvelle façon de considérer la lumière.

    Je veux dire qu’au regard de l’évolution de l’art occidental depuis l’arrivée de la lumière électrique, tous les autres secteurs du monde sont restés comme artistiquement figés sur le coup et n’ont commencé à suivre le mouvement qu’avec bien du retard.

    Les premiers jouets lumineux sont apparus en Occident (avec les piles). Dito les guirlandes.

    Les guerres se font encore avec des balles et des bombes mais elles sont désormais guidées par quelque rai.


    Hopper c’est bien entendu un fond sceptique comme la plupart des artistes des deux derniers siècles (il est impressionné par Pompéi-Hiroshima), mais son moyen d’expression passe par Le Corbusier (ou Frank Lloyd Wright) pour poser les principes de perspectives (à fort sens d’avenir) et pour les cadres (où l’artiste dit « Voilà ce que je regarde ») ainsi que par le luminarisme auquel nous sommes encore très sensibles.



  • easy easy 1er décembre 2012 13:12

    Je prends acte de votre regard sur le regard de Hopper.

    J’en ai un autre.

    Les peintres auraient toujours cherché à représenter leur regard sur les choses. Mais à partir du XIXème siècle, chacun s’est mis à avoir un regard sur l’avenir en partant bien entendu du présent.
    « Quel avenir ? » semble avoir été une nouvelle question que les gens se sont posée à partir de cette époque. Jules Verne proposant des réponses de manière très directe, Edgard Poe ne semblant pas trop se la poser. 

    Certains de ceux qui se posaient ces questions étaient pessimistes (comme le deviendra Jules Verne à la fin) et proposaient de voir que le présent était déjà absurde, d’où la floraison des mille biais pour le dire (Cf. les dessins d’escaliers qui montent vers le bas).

    Parmi ceux qui proposaient des réponses optimistes à « Quel avenir ? » il y avait les architectes et urbanistes. Ils étaient obligés d’être optimistes pour gagner leur vie.


    Lorsque les architectes proposaient des projets à Louis XIV ou à Napoléon 1er , ils montraient des plans d’architecte au trait, quelques fois légèrement colorés de pastels et cela sans effet de lumière. Même le soleil ne produisait pas d’ombres. L’oeil du bâtisseur était lumière et défonçait donc toutes les ombres. 

    Puis, quand il a fallu proposer aux gens devenus consommateurs des projets pour leur home sweet home, on a commencé à leur montrer des dessins de leur intérieur futur avec des éclairages nocturnes. En effet, on allait vivre la nuit grâce à l’électricité dont les éclairages devenaient alors élément architecturaux à part entière. 

    Avant l’électricité il y avait bien eu quelques artistes peignant les effets des lumières à la bougie ou au feu de bois, il y avait également eu la consideration des lumières crépusculaires, il y avait aussi et surtout la lumière divine qui tombait pile sur le personnage central mais
    ça avait une allure naturelle, incontrôlable.

    Avec l’arrivée de l’éclairage électrique, les artistes et décorateurs ont montré un living avec force perspectives (à percevoir alors au sens d’avenir) comprenant des lampadaires qui faisaient des intérieurs d’abat-jour jaune clair et des marques aussi claires sur les murs. 5 points lumineux dans une pièce c’était 5 formes géométriques jaune clair sur les murs, le sol et les plafond (Tout en règle et compas selon le principe souligné par Art Déco)

    Toute la lumière passait sous contrôle. Ce qui est flagrant quand on conduit une voiture de nuit et que ses phares s’imposent à 300 m.

    Dans cette manière de montrer l’avenir, la nature passait en arrière-plan des objets industriel ou les plantes passaient empotées. La plante en pot, la femme en pot aussi, l’homme en pot, l’enfant en pot, la vache en pot, tout cela relevait de ce regard industrialisme-tout-sous-contrôle (qu’ont remarqué Marx, Orwell...).

    Chez les particuliers, les luminaires, quoique bien dessinés sur les projets de décoration intérieure, ne produisaient pas d’effets géométriques tellement frappants. Mais dans les salles de cinéma, les appliques lumineuses sur les murs tendus de velour rouge, produisaient un effet frappant les esprits. Tout ce qui était projecteur, dont les projecteurs de poursuite music hall et anti aérienne, frappaient les esprits.

    Là-dessus Le Corbusier travailla jusqu’aux murs écrans en soulignant l’effet de l’encradrement d’une ouverture.

    Le cadrage avait toujours eu une importance dans la peinture mais il était comme inconscient, il se faisait oublier. Avec la lumière artificielle, le cadrage devint conscient. Le cadrage devin si conscient qu’il devint l’objet même de l’oeuvre.

    D’où la pipe de Magrite, la fontaine de Duchamp, le cubisme, le surréalisme et les mille effets cinématographiques du genre plongée, contre plongée (Cf le cadrage sur les yeux de Bronson dans Il était une fois dans l’Ouest). De nos jours le cadrage reste encore une composante essentielle de bien des films où l’on voit la balle du gun arriver sur soi en 3D.

    Les artistes ont alors souvent récupéré le luminarisme vieillissant qui s’était fourvoyé en pointillisme pour le traiter à nouveau mais cette fois-ci, moins souvent sur un fond de nature que sur un fond de bâtiment, de rue, d’urbanisme. Ces rais de Hopper c’est du néo luminarisme.
    Monet, Turner avaient focalisé sur les fumées des trains et navires (et soudain Londres eut un smog) mais après eux, les artistes ont retenu les lumières des hublots dans la nuit, tendance que le naufrage Titanic n’a fait que renforcer.

    Il devint très intéressant de peindre la nuit.

    Et la BD a surgi qui, elle aussi, a énormément souligné les effets luminaristes urbains. Batman, Spyderman, tout ça tourne autour du rayon. On pensait déjà qu’on allait développer une arme tuant rien que par son rayon en sorte de laser. J’invite à regarder les gravures de Robur le conquérrant où l’on voit déjà les rais de lumière artificielle où l’homme ressort particulièrement néo-prométhéen.



    Alors qu’une maison japonaise traditionnelle jouait énormément sur les effets de lumières différentes d’un endroit à un autre et que la pénombre y était précieuse, favorable au sacral, aucune peinture asiatique ne représentait le fait des ombres ou des raies lumineuses.

    Soudain, le Japon se modernisant, s’éclairant de mille fluos la nuit venue, les artistes ne pouvaient plus passer à côté de ce phénomène et eux aussi ont fini par peindre carrément les jeux de lumière. Tokyo en néon.

    Là-dessus s’est ajouté encore l’effet Noël qui est une fête devenue singulièrement nocturne. Dès qu’on a inventé le Père Noël, ont surgi mille sortes de cartes de voeux représentant des maisons vue de l’extérieur pendant la nuit et la lumière que dessinaient les fenêtres devenait porteuse de transcendances.

    Alors, quand je regarde le regard de Hopper, je le trouve fruit naturel ou logique de ce contexte d’ensemble.
    Face à ses toiles, je n’accorde d’attention qu’à ce qui exprime quelque chose de sa vie propre, telle sa relation avec son épouse, le reste me semblant certes très pertinent de son époque, certes très bien représenté, mais ne montrant qu’un regard partagé par la plupart de ses contemporains.


    Ce que j’aime détecter chez les artistes c’est ce qu’ils expriment de leur propre vie en ce qu’elle a de très singulier. Quand je regarde un film de Chaplin, j’ai du mal à entrer dans ce qu’il montre trop, je préfère regarder le doigt plutôt que la Lune.



  • easy easy 28 novembre 2012 14:50

     «  »«  » Même si les fonds privés seraient une solution à plusieurs égards, qui investirait dans la recherche littéraire ? «  »«  »

    Vous êtes certaine d’avoir correctement conjugué ?


    Comme vous me semblez toute surprise de découvrir la réalité, je vous propose une manière de considérer les choses que vous n’avez probablement jamais lue nulle part.
    Cette manière n’est en aucun cas la manière. Mais comme c’est une manière inédite, qui sait, elle pourrait pour conduire à voir enfin ce qui se passe.

    Je propose de considérer que nous craignons la mort (quand je vois que les bébés n’en ont aucune peur, contrairement aux oursons blancs que j’ai vus dans Un jour sur Terre, je me dis que cette peur nous est inculquée).
    Et comme la personne qui nous a initié à cette peur (notre mère, globalement, je veux dire ses avatars compris) s’était interposée entre la mort et nous quand nous étions petits, comme elle s’était interposée entre la mort et nous en utilisant son corps, se seins, ses bras, sa voix, ses mots, comme elle y ajoutera aussi un landeau, une poussette, un siège auto, deux puéricultrices, trois assistantes maternelles, quatre pédiatres....comme elle interposera mille choses entre la mort et nous pour nous préserver, il se pourrait bien que nous passions ensuite notre vie à accumuler à notre tour des choses entre la mort et nous (et d’en fait autant au profit de nos enfants quand nous passons parents)

    Si au lieu de consommer, comme on dit, nous ne faisons qu’interposer (entre la mort et nous) alors, tout ce que fait un Parisien est interposition.

    En cas, quand vous roulez dans une voiture pour faire 100 bornes sous la pluie, bien qu’il y ait la mort en face de vous dans chaque virage, vous n’y pensez pas trop parce que vous considérer que la voiture et sa transcendance associée) vous isole de la mort (en grande partie parce que vous préféreriez pensez à autre chose).
    Soudain, la voiture tombe en panne et vous devez vous ranger sur le bas-côté. Là, vous sortez du rêve et vous voyez soudain la mort beaucoup plus proche. Objectivement, vous seriez plutôt en meilleure sécurité si vous vous éloignez bien du bord que quand vous rouliez mais comme la voiture passe défaillante, comme vous êtes seule, vous ressentez une immédiateté avec la mort (que vous appellerez différemment). Vous ressentez une peur que vous appelerez comme vous voudrez mais qui revient à la peur de la mort.
    Surgit un garagiste.
    Et bien qu’il répare ou pas, du moment que vous croyez en ses compétences pour rétablir la voiture, vous vous sentez déjà protégée, rassurée, calmée ; la mort s’éloigne.
    Vous aurez compris que l’appelle mort quelque chose de plus large que le strict décès. Ce que j’appelle mort c’est mille choses qui nous rapprochent d’elle plutôt qu’elles nous en éloignent. Le chômage, une chute dans l’escalier, un rhume, une fuite de robinet, la perte de nos clefs, une mauvaise note, une mauvaise critique, une insulte, une accusation, tout ça nous donne l’impression d’être plus près de la mort.

    Ce n’est pas la présence d’un spécialiste de Socrate, de Cioran ou Trakl qui pourrait vous isoler de la mort en ces circonstances de panne de voiture.


    Dans la vie de tous les jours, vous êtes entourée de gens qui interposent des gens et des choses entre eux et la mort.

    Si les gens sont très caparaçonnés par ailleurs, s’ils se sentent archi isolés de la mort, votre présence en tant que lettrée ne va pas les embêter, même si vous parlez des sceptiques. Ça pourrait même les distraire comme on se distrait à aller voir des films de guerre où l’on voit des gens face à la mort en toute immédiateté.

    Mais les chefs d’entreprise sont des gens qui cherchent à s’isoler de la mort en interposant un gros machin entre elle et eux. Etant entendu que l’argent semble un bon trompe-la-mort. Ils tiennent à embaucher des gens qui leur semblent les protéger idéalement. Soit de façon vraiment physique comme c’est le cas pour un capitaine de voilier qui veut un équipage directement trompe-la-mort dans les tempêtes ; soit de façon plus complexe et indirecte comme c’est le cas pour les financiers qui n’achètent des entreprises-usines en LBO que pour les revendre plus cher 4 ans plus tard, sans avoir jamais vu les employés qui seront évacués.

    Je vous suggère de faire quelques exercices relationnels où vous considérerez les choses par ce biais du principe d’interposition. Vous entreverrez probablement ce qu’il vous faut faire pour donner à votre employeur l’impression que vous pouvez lui servir de rempart contre la mort.

    (Etant à comprendre qu’il y a deux grandes manières de faire rempart contre la mort, soit en sorte d’archange victorieux, soit en sorte de bouc émissaire ou sacrificiel)



  • easy easy 22 novembre 2012 16:39

    Il est étrange le concept de paradis.
    Je me demande comment des gens en sont venus à concevoir un monde paradisiaque.

    Que chacun conçoive un espace réduit ou protégé dans lequel règne une ambiance paradisiaque, oui, ça me semble naturel. Mais l’intérêt d’un tel endroit ne vient que du contraste avec l’extérieur qui est couramment angoissant, menaçant, dur, agressif, stressant.

    Le paradis tel qu’imaginé par certains est un espace où tout est cooool. Pas de contraste. Alors le repos, la détente ne peut pas y avoir de sens. Le paradis, s’il existe vraiment, serait à crever d’ennui ou d’ataraxie. Pas de soif pas de faim, pas de désir, pas de soulagement, pas de joie...rien.



    Sur Terre, sur la vraie Terre, ce sont les séquences où l’on se retrouve agressé, lynché, qui nous font apprécier les espaces de repos où l’on peut faire la sieste sans se prendre un coup de couteau.

    On voit par exemple dans les films ou les romans, des fins après un déroulé tout en stress où survient enfin un printemps, une petite rivière tranquille et ils eurent beaucoup d’enfants. C’est donc bien qu’il nous faut l’horreur pour trouver ensuite du plaisir à la tranquillité. (mais c’est là un truc bien humain car les animaux ne semblent pas avoir besoin de ce contraste et ne semblent pas jouer à narguer la mort pour ensuite jouir de l’avoir déjouée)

    Que vaudrait une messe de Noël si en dehors de ce moment là nous étions tous à nous faire constamment des câlins ?

    Redoutons le dur, la violence. Fantasmons éventuellement qu’il n’y ait plus que douceur. Mais ne confondons pas la logique, la nécessité, la quête de ce fantasme avec une entreprise visant à le réaliser vraiment, pour de bon.

    Il nous faut vivre ce paradoxe de l’aspiration à la tranquillité face à la présence de la violence pour apprécier les fragiles repos glanés ici et là. Nous devons accepter le fait que marcher vers la réalisation du paradis est valide mais que le réaliser est invalide. 
    La démarche iréniste est valide, pas sa finalisation.



    Cela dit, je trouve qu’il y aurait une valeur inédite à promouvoir dans le monde.
    Elle tournerait autour du tabou de l’ameutement.
    Ce nouveau tabou irait à dire que le duel est valide mais pas la meute. Il énoncerait que si deux personnes se prennent de bec, il est absolument interdit à quiconque de s’ajouter à une des parties.

    On peut certes se faire trancher la gorge par une seule personne. M’enfin, il m’apparaît que les pires des méfaits humains se produisent au-delà du duel à un contre un.


    Ce qui s’est passé dans ce bus c’est d’une part le Nous-meute qu’ont formé les Françaises (ce n’était pas une fille seule qui chantait mais un groupuscule) et d’autre mart le Nous-meute qu’ont formé les autres passagers en réponse.
    Le tabou de l’ameutement serait installé dans nos têtes, personne n’entreprendrait jamais plus d’une seule personne à la fois (fin des messes, manifs, discours et meetings. Fin des guerres alors)

    La meute a certes sa source dans le fait qu’on réussit mieux une chasse en s’y mettant à plusieurs. Mais elle a aussi une autre source dans le fait que quand un tiers constate un duel entre un 120 kilos et un 50 kilos, il trouve ça inéquitable et cherche à compenser en s’impliquant. Mais il faudrait tout de même que nous discutions des conséquences désastreuses de cet archangisme.

    Je vois évidemment un dommage ou une injustice dans un duel David Vs Goliath mais je vois bien plus de dommages quand des tiers s’en mêlent.
    Il me semble étrange que personne, pas le moindre philosophe n’ait abordé cette problématique alors qu’elle est très conséquente et aboutit toujours à des affrontements massifs.


    Il me semble que dans le strict duel à un contre un, aucun des protagonistes n’envisage d’infini. Chacun sait les limites de ses forces et ne voit que des finitudes. 
    Alors que dès qu’arrive la coagulation de tiers, chacun envisage les infinis.
    Et la violence infinie (du genre de l’enfer prévu par les abrahamistes) c’est cela qui me semble le plus terrorisant.

    Je sais que l’installation en nous d’un tabou de l’ameutement ou du tiers conduirait à réexaminer aussi nos coagulations pour fabriquer tant des missiles que des ponts et des hôpitaux. Mais je trouve qu’on n’y perdrait pas tant que ça au regard du bénéfice qu’il y aurait à ne plus jamais redouter les meutes.

    Il me semble possible que les rois ou les Etats aient interdit les duels afin de se donner le droit de toujours intervenir en tiers privilégié dans toutes les relations. Et que le résultat n’est pas forcément heureux puisqu’il aboutit à des sanctions ou punitions infinies, infernales. Cf. Madoff 120 ans de prison.

    Je ne parviens pas à imaginer comment nous gérerions toutes les situations si nous renoncions à l’ameutement tant ça bousculerait nos codes et habitudes mais je trouve qu’il serait temps d’en discuter.
    Nous en sommes bien venus à discuter des inconvénients de nos productions d’enfants, sujet qui semblait pourtant indiscutable il y a deux siècles. Je ne vois pas pourquoi on ne commencerait pas à discuter du problème que posent les coagulations.



  • easy easy 22 novembre 2012 12:58

    La pudeur personnelle est la réponse (selon les moyens à notre portée) aux attaques ad hominem.


    Il existe des formes de pudeur chez beaucoup de bestioles.
    Toutes les pudeurs sont des manières de parer aux dangers mortels. 

    On n’est pas en position optimale de défense quand on copule (surtout que certains animaux ne peuvent pas séparer. Je signale que le chien est mécaniquement bloqué dans le vagin de la chienne). On ne l’est pas non plus quand on est enceint, quand on évacue, quand on mange, quand on hiberne, quand on mue, quand on chrysalide, quand on fait un discours, quand on est concentré sur une tâche ou mission, quand on est préoccupé...

    De toutes ces situations de haute vulnérabilité l’Homme doit déjà se garder.
    Mais chez lui, il y a le moralisme qui crée un danger spécilfique supplémentaire où chacun peut se retrouver stigmatisé rien que parce qu’il a regardé quelque chose et que ce regard ou cette parole avouerait un lien.

    Le lien nous lie et nous entrave en cas d’attaque.
    Que ce lien soit à notre nourriture, à notre eau, à notre air, à notre enfant, à notre partenaire, à nos noisettes, il nous rend indisponible à notre défense parfaite, il prouve notre faiblesse. 
    Innombrables sont les cas où un vilain dit à quelqu’un « Avoue qui est ton complice où je vais tuer celui à qui tu tiens »
    En effet, l’Homme est souvent plus lié à autre chose qu’à sa propre vie. Il est donc très vulnérable par ses liens. D’où la précipitation de ceux qui attaquent d’imposer leurs propres menottes.

    Des pudeurs, il y en a autant qu’il existe de choses auquelles nous sommes liés et qui font donc automatiquement sujet d’attaques. 
    Et nous n’osons afficher que ceux de nos liens qui sont unanimement défendus par la masse qui nous entoure. Ou si ce n’est toute la masse au moins un groupe voire un groupuscule.

    Exemples :
    On se trouve entre cocaïnomanes ; on avoue sans problème le même attachement. Mais on s’en cachera aux autres. 
    On se trouve entre gens d’une religion ; on avoue sa dépendance au dieu commun. Mais on hésite de s’afficher aussi lié quand on se retrouve seul à croire en ce dieu. 
    On se trouve entre milliardaires ; on est impudique de l’argent. Mais quand on se retrouve entouré de gueux, on serre les fesses. 
    On aime la poésie ; on la déclame devant un public venu pour en entendre. Mais on évite d’en parler devant des gens qui semblent disposés à la railler.
    On est schizophrène ; on parvient à l’avouer entre schizos. Mais on va le cacher aux autres.
    On est homo ; on va le démontrer dans les bar du Marais. Mais on va s’en cacher quand on se sentira seul dans ce cas parmi d’autres d’allure homophobe.
    On est naturiste ; on l’affiche carrément dans les camps consacrés. Mais on va éviter de se foutre en slip place de la Concorde.
    On adore les maths ; on va l’avouer à son prof. Mais on va s’en cacher de ses camarades parce qu’ils nous traitent de fayot (du reste bien des élèves régressent volontairement pour cette raison que l’amour pour les maths est trop rare)
    On adore le foie gras ; on va inviter des gens qui aiment ça. Mais on va se garder d’en faire étalage devant ceux qui défendent la cause animale.

    Il résulte des mille pudeurs possibles que dans une société donnée, par exemple parisienne, chacun se cale sur l’esprit de la rue (qui évolue, surtout à Paris). Et c’est l’esprit de la rue (le dénominateur commun qui détermine ce qu’elle convient de défendre, de ne pas attaquer ou d’attaquer) qui forme le bâti de nos pudeurs mais, en creux, cet esprit de la Rue forme aussi nos impudeurs (Entre Parisiens, jusqu’en 1850, il n’y avait aucune impudeur à avouer aimer assister à une torture en place publique. Jusqu’en 1950, il n’y avait aucune impudeur à avouer qu’on aimait les fourrures, les grosses cylindrées et le foie gras...)


    Chacun de nous a toutefois de la rue une notion particulière.
    Ceux qui doivent vraiment faire avec la rue, tel les hommes politiques et les boulangers, se calent vraiment sur elle et lui sont très conforme d’apparence.
    Mais la plupart d’entre nous qui n’avons pas exactement affaire avec la rue, avons d’elle une idée un peu différente.

    Ceux d’entre nous qui passent leur temps dans un atelier de haute couture en viennent à considérer que la rue pense à peu près comme leur Maison de haute couture (Ce qui fait que YSL et Bergé n’ont pas trop hésité à se déclarer gay). De même pour ceux qui bossent dans l’armement. 

    Ceux qui sont 12h par jour dans un labo bourré de scientifiques vont considérer que l’esprit de la rue est celui qui règne dans leur labo.
    Ça fait que nos axes et constitutifs de pudeur, s’ils sont tous globalement calés sur la rue, ont tout de même des variations. 

    Bien qu’il y ait donc probablement mille esprits de ruelles à Paris, au moment où chacun s’exprime vraiment dans la Rue, tel AVox, il se recale sur ce qu’il sait de la pudeur la plus Urbaine, la plus convenue, possible.





    Concernant l’évolution actuelle, concernant donc les jeunes, ils semblent, aux yeux des anciens, très impudiques.
    Ils n’auraient donc pas de liens ?
    Si bien sûr qu’ils en ont.
    Mais dans leur milieu, la chose essentielle à laquelle ils doivent se montrer attachés c’est Internet, le réseau, la Toile.

    C’est sur cet axe qu’ils se sentent la possibilité d’avouer leurs liens. Or c’est un axe indiscutablement gagnant en terme d’expansion. Même le Papou y succombera, le croit-on sans peine.

    Sur cet axe, les jeunes se lâchent.


    Le hic c’est que cet axe a une mémoire ferme, ineffaçable.

    Alors que chacun pouvait, par pulsion, céder à la provocation et repousser les contraintes en osant avouer quelque impudeur ici et là, le fait de l’avoir fait par écrit, à partir du XIXème siècle ou plus largement depuis Gutenberg, a conduit des tas d’audacieux à devoir assumer ce qu’ils avaient osé écrire des mois, des années plus tôt. 
    L’écrit avait donc déjà posé le problème de la mémoire, de la preuve formelle.

    Et maintenant, arrive la preuve audio et vidéo en plus de la preuve écrite.

    Mais cette contrainte d’ineffaçabilité est surpassée.

    Se lâcher en écriture+audio+vidéo est bourré de conséquences à très long termes. C’est dangereux mais il y a une compensation à ce haut danger c’est que beaucoup de gens osent. On peut certes se retrouver attaqué mais c’est devenu ordinaire de l’être et on peut aussi se trouver des alliés. Chacun devient vraiment homo politicus.
    Une fille montre ses gougouttessur la Toile ; un vilain cherche à l’attaquer ; elle en souffre ; il se fait attaquer par des hackers justiciers. 



    Il reste que chaque impudique doit se confronter à la Justice (qui a toujours un train de retard sur la Rue et qui en freine l’évolution), tel Assange ou Manning et ce n’est pas rien.
    Mais face à la Rue devenue hyper diversifiée, chacun trouvera toujours des soutiens moraux.

    On peut physiquement en baver d’avoir osé transgresser mais moralement on n’est plus jamais seul. Une femme impudique dans un pays intégriste sera attaquée par ceux et celles de son pays mais soutenue à l’étranger. Kerviel subit le fouet de la Justice mais des gens ont dit leur solidarité avec lui.

    Le décrochage entre l’isolement physique (incarcération, lapidation...) qu’on subit encore et le non isolement moral qui s’offre désormais à chacun quoi qu’il ait fait, crée une situation inédite dans l’Histoire.

    On peut être physiquement broyé mais pas ses choix, pas ses goûts, pas son esprit. Son âme, quelle qu’elle soit, n’est plus jamais rejetée par tous et ce tous n’existe plus.
    Il subsiste un enfer corporel, très immanent et terrestre, mais il n’y a plus d’enfer psychologique. 
    Seul notre corps encourt des risques. Ce n’est pas rien, ça fout la trouille mais c’est gérable ; il suffit de ne pas craindre la mort physique.

    Le fait que cet axe hyper médiatique soit grandissant et hégémonique ajouté au fait que chacun peut s’y lâcher de tout, y compris de se montrer en train de pisser sur un crucifix, un barbu ou un cadavre, ne peut que progressivement renverser la problématique du risque moraliste mais aussi physique qu’encourt chacun (tout compte fait, bien des impudiques ou insolents sont restés en vie).

    Chacun étant de plus en plus tenté d’accomplir sa performance (qui est toujours une sorte d’audace impudique) les anciennes pudeurs vont toutes être renversées pendant que l’esprit de la Rue deviendra protéiforme et insaisissable.


    Le tatouage qui avait été longtemps considéré comme aliénant car ineffaçable, devient courant. 

    Orwel avait prédit des « Tous pareils »
    Je prédis des « Tous différents »
    Puis « Tous différents² donc caméléons » car nous allons nous détacher de notre lien avec notre corps trop figé, trop contraignant. Nous allons devenir de plus en plus désincarnés, virtuels. Nous allons devenir élément de la Toile et nous ne risquerons plus ni fouet ni couteau.


    Le « Sois toi-même » était une provocation des révolutionnaires français au mêmisme abrahamiste mais va devenir une réalité au fur et à mesure que nous nous glisserons dans la Toile par le biais de quelque nanotechnologie.
     



  • easy easy 20 novembre 2012 18:07

    Je ne l’ai jamais rencontré et moi-même j’étais globalement bien plus vache qu’hirondelle. Mais j’ai fréquenté une grande partie de ces garçons et filles qui dansaient avec la mort pour mieux ressentir la vie pourrait-on dire.

    Pourquoi ?
    Je ne sais pas.
    Je ne sais pas pourquoi j’aimais me faire peur en sautant dans le vide avec un vague delta sur le dos.


    Mais ce je peux quand même dire ce qui se passe :
    On se retrouve en relation direct avec une chose qui fout les boules, qui file des sensations.



    La relation directe, immédiate que nous éprouvons à l’âge de deux semaines contre notre mère, elle est certainement agréable sans être jouissive car non pensée.

    Il me semble que par la suite, nous ne faisons qu’essayer de revivre des contacts directs mais pensés. Et comme ils sont pensés, comme ça forme des tas de mots dans notre tête, mots qui sont des médias, nous nous retrouvons en situation paradoxale où les mots, l’élément médiatique qui forme notre pensée, étant devenus le passage obligé pour penser « Ah que je suis bien » le médiatique finit par occuper toute la place. (Téléphone, Internet, bavardage)

    Quand on est star sur scène et que le public applaudit à tout rompre, nous ressentons une vive émotion grâce au contact direct avec la masse. Mais tant la scène que le micro que l’ampli que la masse, ainsi que tous les mots qu’on met dessus sont des media. Etre acclamé c’ets ressentir une immédiateté par la voie médiatique, surtout si c’est suite à un discours.

    Il y a un autre moyen de revivre des émotions immédiates, vraiment sans mots, par exemple en faisant l’amour (et encore, il faut que chacun le fasse sans la moindre pensée ou arrière pensée) et plus intensément encore en faisant l’amour avec la mort-vie, en jouant les acrobates ou pourfendeurs de dragons.

    Il peut tout de même y avoir parfois quelque médiateté quand on desdend en ski un couloir « Ah quand les copains verront ma trace ! » 
    Mais sur l’instant même de l’exploit, il n’y a plus aucun mot, aucun média dans notre tête, on est en pleine affaire avec la Chose qu’on a choisie de baiser. 
    Par extension, nous avons inventé mille Choses avec lesquelles ressentir un relation directe exclusive. Ce besoin d’exclusivité fait que chacun développe sa Chose spéciale, son Guiness, d’où l’extraordinaire développenent des activités dangereuses.

    Ainsi, un Kerviel, face à sa Chose, qu’il a créé sur mesures et qui lui est énorme, est en relation Toi-Moi en dépit de la montagne d’outils d’allure médiatique dont il a besoin. Quand il est face à sa Chose, il oublie tout le reste.

    Il y a aussi le cas du bourreau face à sa victime, du sniper, du bombardier, du chasseur, là encore c’est une relation directe, exclusive et sans mots.

    Toi-Moi, rien que Toi-Moi, sans le moindre mot, sans qu’on puisse en dire quoi que ce soit. C’est cela la relation la plus immédiate ou directe. 


    Il nous arrive quelques fois de vivre des immédiatetés non préparées.
    Par exemple quand notre pied est en relation directe avec un caillou « Ouille ! ». L’émotion est intense, il n’y a quasiment pas de mots, c’est intéressant m’enfin un peu piteux.
    Ou bien quand nous voyons soudain un OVNI, une oeuvre d’art, un requin, un cambrioleur, là en face de nous. Relation en Toi-Moi pure, sans mots, dont l’issue peut être plus gratifiante.

    De ces différentes choses avec lesquelles nous pouvons vivre une grande émotion à digestion gratifiante, ce sont bien les jeux à risques qui offrent le plus grand pied.
    Du coup, la relation bavarde avec les gens ressort creuse. Ceux qui pratiquent beaucoup les sports à risque sont taiseux. Nicolas Hulot fait partie des exceptions tant il est bavard ; mais je pense qu’il a fini par trouver que la relation silencieuse avec la Chose était bien son véritable objectif.

    Il me semble que notre relation avec la cigarette ou la cocaïne peut être considérée comme une de ces relations très privatives et muette avec une chose en relation avec la mort-vie. Stupéfiante est la variété des stupéfiants : chacun invente là encore sa Chose ou son cocktail avec lequel danser.


    Cette relation directe avec la mort-vie a donc parfois des allures très criminelles et parfois des allures que nous considérons moins criminelles, telle celle qu’entretenait Edlinger avec la falaise.
    M’enfin, il nous suffit d’interposer entre le cas bourreau+victime et le cas Edlinger+ falaise, le cas de deux gladiateurs face à face pour voir que tout ça relève d’une sorte de criminalité d’un point de vue philosophique.

    Ce n’est pas parce que l’aviateur ou le funambule s’écrase seul au sol devant mille spectateurs et qu’il n’a donc mis que sa seule vie en danger que ce n’est absolument pas criminel.
    D’un point de vue judiciaire il n’y a certes pas crime, de même que quand un soldat tue, m’enfin dans le principe même de ce jeu, il est tout de même bien question d’interpeller la vie-mort.

    Nous tous qui pratiquons volontairement quelque sorte de danse avec la vie-mort, nous sommes d’un point de vue philosophique des criminels.
    (Et ça contrarie nos mères qui ne trouvent pas ça logique)



  • easy easy 18 novembre 2012 21:40

    Lumineux !

    Merci Abou



  • easy easy 18 novembre 2012 20:02

    Ayé, Abou m’a très suffisamment réglé la chèvre et procuré une belle émotion

    Du coup ne je regrette pas d’être tombé sur votre papier. Merci



  • easy easy 18 novembre 2012 19:45

    Punaise comment ça claque votre dessin !
    Bravo et merci Abou, grâce à vous je viens de vivre une belle émotion

    Comment je suis content, je vous dis pas.

    C’est drôle, je suis pourtant pas manchot en dessin (à limites finies) mais faute d’avoir dessiné le problème, mon regard était resté dans la zone horizontale de votre dessin alors qu’il suffisait de lever ou baisser le regard vers les pôles du cercle R pour constater qu’il existe un cercle remarquable pouvant servir de borne.
    Comme quoi, Il faut toujours faire le dessin quand c’est possible

    Bravo Abou !
    Ca me donne envie de refaire des maths


    Comme promis, je ne pose pas une nouvelle question mais vous rappelle une question à laquelle vous n’avez pas répondu « Est-ce qu’un bornage insuffisamment serré (tel le mien), conduit à rendre la résolution impossible (ou bien plus fastidieuse) ? ».
    Est-ce que le bon bornage ne fait que faciliter les choses ou est-il carrément condition sine qua non ?


    Sur votre réflexion sur Rencontrer Vs Voir je pourrrais vous répondre en coq mais là j’ai plutôt envie de vous embrasser.


    Il me vient une réflexion en allure de théorème. Si un problème peut être résolu par un dessin, par la vue, par le bon sens visuel, c’est cela la meilleure voie. Autrement dit, pour tout problème, il faut essayer de résoudre le plus possible par le bon sens visuel et compléter, seulement compléter par des concepts mathématiques.



    Encore merci pour ce grand moment que vous m’avez généreusement offert.




  • easy easy 18 novembre 2012 15:04

    L’autre bornage qui me vient maintenant à l’esprit c’est que R’ est compris entre R et quelque chose qu’on peut tirer du fait que S brouté = la moitié de Pi Rcarré.
    Est-ce de cette équation S brouté = la moitié de Pi Rcarré que vous avez déduit votre R racine de 2  ?



  • easy easy 18 novembre 2012 14:56

    Outch ! bravo Abou et merci beaucoup.

    Ainsi, selon vous, un Bac de 1970 aurait pu approcher de près cette solution.
    Bon, va falloir que je tire une oreille à mon vieux prof qui avait dit à l’époque que nous en étions incapables.
    Il me semble que la dernière courbe qu’il nous a fait dessiner était un coeur mais je ne me souviens plus si c’était le modèle à deux point d’inflexion ou l’autre tout gonflé.



    Puisque vous m’avez conseillé le psy pour mes troubles face aux représentations des infinis et que je trouve que c’est un très bon conseil, je vous recommande à mon tour la même thérapie pour résoudre cette tension que vous partagez avec Dany et qui vous rend méfiant.

    Rien absolument rien de ce que j’ai écrit pouvait donner à penser que je cherchais à vous piéger. Vous qui insistez pour que vos élèves s’en tiennent aux énoncés, vous avez extrapolé mes énoncés et les avez très interprétés pour en venir à croire que je cherchais à vous piéger et que je jouais l’âne.
    Je ne sais en quelle langue vous le dire mais je ne sais vraiment pas résoudre la chèvre même maintenant que j’ai lu votre solution. Je ne sais donc pas dire si votre soluce est bonne ou pas.

    Je l’ai dit incidemment, sans jamais avoir pu suivre les meilleurs de ma classe, je les ai enviés tellement ils semblaient jubiler. Il ne peut pas me venir à l’esprit d’humilier ou de vexer un prof ni de plomber quelqu’un qui jubile sans faire de mal à quiconque.



    Il me semble que nous venons de vivre ici, Dany, vous et moi, une conjonction d’au moins deux phénomènes :
     
    Le premier phénomène c’est que vous avez passé votre vie autour de la terminale en ses dimensions mathématiques et que les avanies de votre vie se situent souvent dans cette zone. Vous avez tous deux réussi l’agrégation mais au-delà de cette grande satisfaction, vous avez vécu au jour le jour mille misères autour des maths. Les maths sont donc vos alpha et oméga, c’est Le sujet de votre vie, votre croix et votre tabernacle à la fois.

    Alors que les élèves de T de 1970 qui sont encore en vie, auront passé quoi, 200 h dans cette zone. Puis ils seront devenus boulangers, vendeurs de fringues, détrousseurs de mémés, garagistes et ministres. L’écart d’importance de cette zone est immense entre ce qu’elle représente pour les profs de maths et ce qu’elle représente pour ceux qui ont fait d’autres carrières.
    Et il n’existe quasiment pas de profession en position intermédiaire. 
    Nous sommes soit prof de maths pendant 35 ans soit toute autre chose. 

    Cet immense écart d’importance entre les profs et les autres est un peu atténué par le fait que tout parent doit suivre les misères scolaires de ses enfants. Mais il n’y aurait pas cet élément, les profs deviendraient des Martiens pour les autres.

    Le prof de math est visité par tout le monde et par toutes les générations. C’est aussi le cas du boulanger. Mais seul le prof et le boulanger peuvent remarquer les évolutionss dans la demande et la relation. 
    Mettons que l’évolution de l’enseignement des maths soit représentée, au fil des années, par une courbe en ax (descendante ou montante, à vous d’en juger). La vie de vos élèves croise cette courbe en un seul point. UN SEUL. Ils ne peuvent pas en apprécier la pente. 


    Le second phénomène qui m’est propre c’est que je ne crains pas le ridicule. Je crains pas du tout de passer pour un âne. J’ose être sincère et dire que je ne sais pas. 
    Et je conviens que cette disposition à avouer très explicitement son ignorance ne peut pas être le lot des profs. Vous avez donc du mal à me croire sincère.




    Sur les infinis, vous avez trouvé le moyen de m’évacuer en psychiatrie en énonçant que vous n’aviez jamais vu un triangle à côtés infinis, ni personne qui en ait vu un.
     
    Mais avez-vous déjà vu un plan, une droite, en leur entièreté ? 

    Avez-vous déjà vu le pré et la chèvre ? 
    Avez-vous déjà vu un puits qui traverse la Terre ?
    Avez-vous déjà vu la trajectoire de Curiosity ?
    Avez-vous déjà vu la réduction de taille d’un pavé passé de la surface au fond d’un puits ?
    Avez-vous vu g ?
    Avez-vous vu un électron ?

    Pourquoi avez-vous trouvé sensé de me répondre honnêtement sur la position précise de l’horizon d’un plan horizontal ?



     

    Concernant votre soluce de la chèvre dont je répète que je suis un âne, j’aurais peut-être compris la moitié de ce que vous avez expliqué en 1970 mais aujourd’hui pas le quart.
    Dans ma vie post bac, je n’ai eu qu’une fois ou deux à calculer une courbe en ax², rien de plus. Je n’ai pas souvenir avoir utilisé une seule fois sin. ou cos. et je n’ai utilisé de tableur qu’une seule fois pour un bilan d’entreprise. Je ne sais pas utilser une calculatrice scientifique.

    Je peux encore jurer qu’une hyperbole est en 1/ax² mais je ne sais plus réciter que les dérivés et primitives les plus simples.
    Je sais dessiner une maison en 3D sur Autocad mais je suis HS en maths.

    Je reste cependant curieux d’une part de l’arc-en-ciel où semblent jouir les matheux et d’autre part de revisiter les mécanismes cognitifs qui m’avaient à l’époque mis en misère.
    Je suis donc très intéressé que vous m’expliquiez comment on en vient à trouver la voie pour résoudre la chèvre mais aussi comment on peut offrir l’apaisement à quelqu’un qui se demande à quoi ressemble un triangle de côtés infinis.

    Ainsi, dans le détail de votre démo, je trouve génial, en termes de réveil de mes vieilles connexions synaptiques, que vous rappeliez qu’il faut poser deux intégrales et penser à borner les possibilités de R’

    Mais déjà je peine à piger votre bornage. J’aurais dit que R’ est compris entre R et 2R

    Vous avez posé qu’il est compris entre R et R*racine(2)  [ R par racine de 2 si j’ai bien compris votre écriture. Effectivement difficile à rédiger sur de site]
    Comment avez-vous trouvé ça ?
    Est-ce que votre bornage permet de résoudre le problème alors que mon bornage ne le permettrait pas ?

    (Après votre réponse, je vous remercierai et ne vous demanderai plus rien d’autre)



  • easy easy 17 novembre 2012 19:38

    Whoooaah !
    Vous êtes très documenté !
    Punaise, si ça se trouve c’est vous qui voyez juste concernant ce que faisaient les missionnaires.



    Dany m’a tout de même répondu sur la chèvre. Ouf !



  • easy easy 17 novembre 2012 18:45

    Bonsoir Dany.

    A quoi ressemble un triangle de côtés infinis, c’est le genre de question qui m’angoisse vraiment et j’évite d’y penser.

    La chèvre par contre, ne me fait ni chaud ni froid de savoir ou pas savoir résoudre 
    Je ne vais donc pas chercher la chèvre sur le Net.
    J’imagine que si je trouve la soluce, ça aura des signes dans tous les sens que je ne pigerai pas.

    Voilà que feuilletant AVox, je tombe sur votre papier où, comme 75% des auteurs, vous vous plaignez ou doléancez, partie pour votre propre compte, partie pour celui de vos élèves voire pour les Français, voire pour l’Humanité.
    Et vous voilà à faire globalement la morale en position de prof-je-sais-tout : « Les élèves ne veulent plus se donner la peine de réfléchir, ils ne veulent que l’immédiateté ».

    Les profs qui m’ont attiré ont été des profs à peine attentifs à nos galères d’élèves et qui jouissaient visiblement dans leur arc-en-ciel (en compagnie de quelques deux ou trois élèves qui les suivaient). Je n’ai pas pu les suivre mais ils m’ont donné envie et il m’est impossible de mépriser leur arc-en-ciel tant ça a l’air de leur réussir.
    Je ne peux que les envier.

    Les profs qui visiblement déprimaient de foirer leur mission consistant à instruire tous les élèves, ceux-là ne me donnaient pas envie de les suivre.

    Alors, me voilà à évoquer des problèmes de l’époque (Je crois que c’était à propos puisque votre papier fait fortement référence aux changements et parle donc de l’AVANT. (Et vous avez indiqué vos cahiers de l’époque). Je n’ai fait qu’ajouter des exemples aux vôtres.

    C’est sans doute parce que confronté à mes rappels de problèmes, vous vous sentez directement interpellé par eux, qu’ils vous apparaissent en devinette.
    Ici je n’ai interrogé explicitement que sur les infinis (qu’on ne traite nulle part) et qui me troublent vraiment.

    Sur la chèvre, je n’ai fait que rappeler le genre de problème qui nous était à l’époque impossible à résoudre (ce qui offre aux bacheliers actuels qui nous lisent de s’y confronter pour voir si vos critiques sur la mauvaise évolution de l’enseignement est pertinente)

    Concernant les infinis, les réponses que j’ai fantasmées étaient du genre « Bin moi aussi, je suis troublé » Car il y a un côté illusion cognitivo-optique dans cette histoire.

    Mais concernant la chèvre, je n’espérais aucune réponse.
    Puis, ayant vu quelques uns s’y frotter avec enthousiasme, je me suis intéressé non exactement à la solution mais plutôt à ce que quelqu’un me dise : 
    « Un élève de terminale (de quelque époque) ne pourrait calculer que ....Alors qu’ici se pose le problème ... qui ne peut se résoudre qu’en passant par ... et c’est là quelque chose qui demande ... années de maths en plus. »

    Et qu’il ajoute éventuellement « Un Terminale de 1970 serait mieux/moins bien placé-formé pour résoudre qu’un élève de 2012 parce que.... »


    Car vous, les profs, vous avez vécu un continuum dans l’école et vous avez son l’évolution en tête. Mais en dehors des profs, ni les anciens élèves ni les nouveaux ne peuvent percevoir cette évolution (bonne/mauvaise). Ecrire dessus revient donc à dialoguer entre profs.




    Concernant donc ce que vous m’avez répondu en manière de morale, je ne prends pas. 
    En revanche j’apprécie beaucoup tout ce que vous aurez dit sur la chèvre. Ca me donne tout de même une première idée de la difficulté. 
    Donc même si vous ne parvenez pas au bout de la soluce, SVP, refaites-moi signe quand vous pourrez m’exposer à peu près ceci :
    « En TE 1970, vous auriez pu calculer .... Mais vous auriez bloqué ici et ce n’est vraiment pas facile à dépasser parce que...Et sur ce type de problème, l’évolution de l’enseignement a servi/desservi »



  • easy easy 17 novembre 2012 17:04

    Ouille !

    Que c’est intransigeant ! 
    Eh beh, je ne connaissais pas ces ordres, exclusivistes est le mot juste en effet (ceux qui ont rédigé ces ordres ne récuseraient peobablement pas cette qualification alors qu’ils récuseraient mon « dur »).

    D’un autre côté, comme cette Eglise n’a pas molli à cramer les Cathares...

    Oh qu’ils ont dû être déchirés les missionnaires !

    Un frisson me parcourt l’échine.




    Dany, le prof de maths ? Boh, je le laisse.
    Sur son papier d’hier il n’a toujours pas réagi, alors.




     



  • easy easy 17 novembre 2012 13:53

    «  »«  »«  » Mais les ordres donnés par Rome me semblent eux sans grande diversité ni ambiguité. Ce qui ramène à la question : pourquoi des hommes de coeur continuent-ils à se réclamer d’une organisation totalitaire et à la défendre ? «  »«  »« 


    Je ne les connais pas ces ordres donnés par Rome mais je veux bien croire qu’ils étaient durs. Ne serait-ce qu’au travers du fait que les Las Casas ont dû galérer contre leur Chef.


    Votre référence à Matteo Ricci est très pertinente et vraiment archétypique comme vous le dites.

    Rome était dure. Oui, certainement. Mais à bien comprendre que Rome ne pouvait maintenir son pouvoir, dont celui de pouvoir envoyer des soldats sans armes à travers le monde et qu’ils y soient respectés, qu’en étant dure. Il faut quand même garder à l’esprit que Rome subissait les attaques de Calvin et Luther qui avaient sur les sauvages des points de vue certes moins interventionnistes mais du coup beaucoup mois évolutionnistes ou optimistes »Ils n’ont pas la grâce et ne l’auront jamais« (Ce qui a produit une attitude méprisante des protestants face aux Peaux-Rouges)





    Toujours est-il qu’il y a les ordres de Rome, et il y a l’application sur le terrain et là c’est une autre histoire.

    ’’’’’’ Un parallèle m’est venu : le syndrome de Stockholm : tous ces chrétiens qui défendent leur Eglise malgré sa violence ne se comportent-ils pas comme ces otages qui prennent la protection des preneurs d’otage contre ceux qui veulent les libérer ? »«  »«  »« 


    A mon sens, il y avait une constante : Tout missionnaire se retrouvait en concurrence avec les colons et seule la Force de Rome pouvait les aider à maintenir les colons à distance (très net dans le film Mission)
    Tout missionnaire avait donc d’une part à pratiquer quelque inculturation ou syncrétisme de son évangélisation (contre les ordres durs de Rome) et d’autre part à soutenir ou contribuer à la force de son Ordre, à la force d’Avignon-Rome. Sur ce plan je ne vois que haute conscience.

    Alors que sur le terrain, dans la relation immédiate avec les sauvages, la haute conscience laisse la place aux instincts et réflexes et c’est là que par quelque sorte de syndrome de Stockholm inversé, le missionnaire fusionne avec celui qu’il était censé convertir. Lui-même succombe, il se défroque et couche avec la sauvage, il lui fait des gosses, il se promène nu.

    (Du syndrome de Stockholm, on dit que c’est la victime du ganster qui se convertit à lui, parce que ça nous offense, ça nous vexe. Mais on dénie que le ganster aussi se converti à son otage)

    Quand un chien et un daim se retrouvent à devoir vivre ensemble, ils pratiquent la culture chien-daim. Cf. Kate et Pippin.



    Il n’y a pas que les missionnaires qui ont couché avec la sauvage qu’ils étaient censés dominer. La très grande majorité des colons et soldats ont succombé aux charmes du sauvage. Je doute qu’un seul missionnaire n’ait pas couché.

    Mais, c’est là un point crucial, ils en avaient honte face aux leurs, face aux Blancs. Alors soit ils s’en cachaient, soit ils disaient (sur place, aux autres colons) de cette relation qu’elle était bien de maître à esclave. »T’inquiète, je maîtrise, elle n’est rien pour moi« 
    On aurait mis une caméra dans la case, on aurait vu que le soi-disant maître rampait devant la Congai.

    Les Blanches restées en Europe, quand elles voyaient leurs hommes (pères, fils, frères, maris) partir vers les sauvages, ils redoutaient le défroquage (à raison) et ces hommes se voyaient l’obligation d’envoyer des lettres contenant quelque chose en »Ah la la, qu’elles sont moches et connes les sauvages qui m’entourent !« 

    Des millions de bâtards sont nés de relations qui n’ont jamais existé.
    On bande mais on s’en cache.

    Il y a eu un siècle d’expositions coloniales avec zoos humains. Les Maîtres et Maîtresses visitaient ça par dizaines de millions sans jamais dire »Punaise, il me fait bander". Mais curieusement, la mode est passée à l’exotique et la musique comme la danse sont devenues endiablées.
    Sans l’immédiateté sexuelle, pas de Obama.

    C’est la période de la traite négrière qui restait encore séparatiste du sexage pour l’immense majorité des Blancs. Blancs et Sauvages ne se voyaient pas ou très rarement.
    Mais dès La case de l’oncle Tom, Buffalo Bill’s Wild West et les expositions coloniales, le contact sexuel tabou s’est délité pour tout le monde Blanc (Les sauvages étant moins intéressés aux horizons lointains, à la découverte, à la curiosité, ils étaient moins intéressés par cette transgression)

    Le Blanc va vers le Sauvage pour le sexe, le Sauvage va vers le Blanc pour la bouffe. 



  • easy easy 17 novembre 2012 12:55

    J’ai retrouvé ce qui m’avait conduit à réfléchir sur l’immédiateté

    http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/education-le-culte-de-l-125600



    Dany Jack-Mercier qui a écrit cet article tire à boulets rouges sur l’immédiateté que recherchent ses élèves.

    Je regrette de n’avoir pas eu, à l’époque, envie de lui répondre, de n’avoir pas participé à cette discussion.


    La problématique est selon moi la suivante :
     
    Quand le bébé est avec sa mère toute à lui, surtout s’il ne sait même pas la distinguer de lui, il vit une enstase (plénitude intérieure, vraiment intérieure, domaine où il n’existe aucun mot, rien ayant quelque allure médiatique). Situation très économique.

    Au fur et à mesure qu’il grandit, ça se complique.
    Il a déjà à faire la différence entre sa mère et lui.
    L’enstase se brise probablement déjà.
    Il éprouve les premières idéations relationnelles.

    Posons que sa psyché complète (conscient et inconscient) ait la nostalgie de l’enstase.
    Elle formerait comme une sorte d’aimant qui dirigerait toutes ses idéations vers elle.
    Mais il se retrouve soumis à mille interpellations externes, complexes à gérer.
    Il parvient à en résoudre quelques unes « Je souris et hop, ma mère me revient toute à moi, toute repossédée, toute contenue en moi, toute réenveloppée par mon entreprise externe ».

    Il y a donc solution pour revenir vers l’enstase mais elle passe par l’extérieur, par la négociation avec quelque sorte de tiers, par quelque médiation.

    Mais il découvre que ses quelques retours à l’enstase sont fugaces, éphémères et qu’il doit s’investir de plus en plus dans l’externe pour réenvelopper sa mère qui ne manque plus une occasion de se barrer, de papoter avec la voisine, avec les pigeons.

    Comme la soluce pour revenir à l’enstase passe par le développement de l’activité médiatique, cette médiateté devient le but superficiel.
    Le mec semble de premier abord ne vouloir que la Ferrari mais son objectif de fond, passé dans l’inconscient, est de retrouver des câlins avec quelque mère de substitution et en toute immédiateté. Il passe par la Ferrari parce qu’il a cru remarquer que les mères de subtitution voire la sienne, matent les mecs qui en ont une. Et comme la Ferrari n’est pas facile à atteindre, il fixe dessus et elle ressort en allure de but ultime. Il croit qu’il ne désire plus que le média et que vivre une immédiateté avec de média peut le combler (il y a des mecs qui couchent avec leur Ferrari)

    Mais cette course pour envelopper, circonscrire, l’horizon des regards de ces mères de substitution afin de les contenir, cette course qui oblige à se situer soi-même sur ces lignes d’horizon, qui oblige à s’externaliser, qui offre l’extase quand on a l’impression de s’y trouver sur cet horizon, est épuisante d’autant qu’il y a de la concurrence.

    L’individu se retrouve donc à utiliser deux biais : Un premier winner qui va essayer de le porter au lointain pour devenir ce lointain et un second looser qui ira à dénigrer le lointain afin de ramener le regard des mères de substitution à des choses plus banales. 
    « Maman regarde Einstein mais je ne parviens pas à le rejoindre. Alors je vais foutre le feu aux rideaux ou choper la crève et elle sera bien obligée de regarder par ici »

    En classe l’élève est tenté de suivre le prof vers les grands horizons mais s’il échoue ou s’il se fait insulter par les camarades qui ne parviennent pas à suivre, il va dénigrer les grands espaces et inciter chacun à se contenter de l’immédiateté, de ce qui est à portée de main, il va dessiner l’arc-en-ciel sur sa porte, sur les murs de sa chambre et dire « C’est ici que ça se passe et pas ailleurs »

    Si on laisse de côté la problématique des camarades cancres qui vont à crier au fayotage, un élève a tendance à performer ou stagner selon l’horizon du regard de sa mère. Ce qui fait que dans les familles à parents possédant un regard très lointain, les enfants sont obligés de se porter au très lointain. Ceux dont les parents ont des regards ne portant que jusqu’au bout de la rue, n’ont aucun intérêt à s’externaliser.
     
    Pour qu’un prof attire au loin ses élèves, même ceux qui ont des parents à horizons limités, il ne devrait pas être affecté par les cancres mais essentiellement leur montrer comment il jouit au lointain. Il doit leur montrer le spectacle de l’extase. Le prof doit être très loin et sembler toucher ou incarner l’arc-en-ciel. 

    Il doit aussi montrer qu’il danse avec ses élèves les plus engagés. Ce groupe prof + élèves performants doit montrer qu’il jouit à toucher l’arc-en-ciel. C’est ça qui peut inciter les autres à le suivre.

    Alors qu’un prof consterné par la paresse de ses élèves ne leur offre que le spectacle de la vanité de l’externalisation. « Pourquoi vais-je me casser le cul à réfléchir pour me retrouver dépité et déprimé comme mon prof ? »




    Là, sur le dernier papier de Dany, j’ai proposé de faire des maths, de montrer comment on peut s’extasier de maths en les abordant immédiatement.
    « Le problème et moi, en face à face, Moi et le Sphinx, plus rien d’autre ne compte »

    Et bien Dany n’a pas réagi. Il n’a pas dansé avec les maths devant nous. Il n’a pas immédiaté avec le sphinx.
    Il n’a fait que discourir sur sa misère d’enseignant. Et les autres intervenants aussi. Pour l’instant en tous cas.



  • easy easy 17 novembre 2012 11:16

    Là encore, je suis déçu.

    Je croyais que j’allais voir les matheux se bousculer pour indiquer les pistes voire les solutions mais il n’en est rien.
    A part Abou qui se dévoue encore une fois pour dire que c’est un problème de surface de lunule, il n’y a personne pour s’y coller et nous sortir de l’angoisse.
     

    Sloop,
    Je vous remercie et vous félicite pour votre volontarisme, mais vous vous trompez de manière classique (comme beaucoup je veux dire)
    S’ ne fait pas la moitié de S
    Vous auriez eu raison si la zone broutée formait un cercle inscrit dans le cercle du pré. Or le piquet est planté sur le bord du pré et les deux cercles se chevauchent.
    Abou a bien repéré votre méprise

    Je suis incapable de vous offrir la soluce mais voyez-vous tout de même votre erreur ?


    Bon, alors, il n’y a personne pour aller un peu plus loin dans la résolution ?
    Ça ne doit tout de même pas être si sorcier que ça de faire un calcul intégral avec deux cercles comme limites, si ?

    Abou, en tant qu’agrégé, vous ne pouvez vraiment pas aller un peu plus loin ou nous montrer au moins où se trouve la difficulté pour un élève de terminale ?