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Les commentaires de Christian Labrune



  • Christian Labrune Christian Labrune 17 mai 2012 21:33

    @morice,

    Vous êtes vraiment comme le gamin vicieux qui se cache au fond de la classe derrière les copains pour tirer des boulettes vers le tableau et qui dira : c’est pas moi !

    Quand on a le courage de se cacher derrière un pseudonyme, c’est extrêmement facile d’insulter ses semblables. Mais votre prose paranoïde et vos éructations d’adjudant aviné finiraient par dégoûter même des socialistes. Et Dieu sait pourtant que le raffinement intellectuel et l’élégance morale sont tout à fait étrangères à ces gens-là.



  • Christian Labrune Christian Labrune 17 mai 2012 20:20

    "Il faut aussi s’inquiéter de la progression de ces partis qui ne pensent qu’à propager la division, le rejet, la haine... La crise est bien évidemment à l’origine de leur succès et on voit bien tout le danger que représentent de telles idées..."

    Rosemar,
    Vous avez tout à fait raison de vous inquiéter. La dérive fasciste est un peu plus évidente en Grèce actuellement mais la France suit d’assez près. Il suffit du reste de lire les réactions ulcérées à votre article pour voir à peu près où on en est : elles sont très édifiantes. A partir du moment où on commence à considérer ici que le FN - dont on peut facilement connaître les origines et l’idéologie -, est un parti quasi acceptable, c’est bien qu’on a déjà mis le doigt dans le sinistre engrenage.



  • Christian Labrune Christian Labrune 17 mai 2012 08:36

    "Le credo des Etats Unis c’est donc :
    1/ Islam, oui, mais archaïque et rétrograde ....un Islam moderne et républicain, type « Iran » pas question ! ! !« 

    @Réflexions,
    L’islam iranien serait »moderne« et »républicain" ?
    J’avais l’impression que c’était exactement l’inverse. Serais-je en état de démence ? Dois-je me rendre immédiatement aux urgences de Sainte-Anne ? Merci de bien vouloir me donner un avis. S’il le faut, je me ferai interner : ce serait trop grave et trop dangereux de rester dans un tel état.



  • Christian Labrune Christian Labrune 17 mai 2012 08:26

    @moebius
    Vous reprenez une de mes expressions et je vous répondrais volontiers mais j’ai relu trois fois votre intervention et je ne suis pas du tout certain de l’avoir comprise.
    Je parle de réislamisation parce qu’il y a trente ans les musulmans en France n’étaient guère plus fanatisés par leur religion que ne le sont actuellement l’immense majorité des chrétiens -je ne parle évidemment pas des intégristes- dont le rapport à leur religion, très ignorant de la théologie, ressemble à un attachement plutôt superstitieux et folklorique.
    Les choses ont commencé à prendre un tour inquiétant lorsque le voile est apparu, à la fin des années 90, dans les écoles de la République. N’importe quel ministre de l’Education nationale un peu clairvoyant, aurait eu recours à un décret rappelant fermement le principe de laïcité. Les atermoiements de Jospin et les stupéfiantes prises de position de certains syndicats (le SNES en particulier) et du PC ont laissé se développer un débat consternant et il aura fallu des années avant qu’on en arrive à interdire l’ostentation des signes religieux dans les école. Mais les difficultés n’ont cessé depuis de se multiplier : manipulés par des imams de la mouvance salafiste, on a vu dans les banlieues des élèves refuser de prendre des notes en philosophie lorsqu’il s’agissait d’examiner la question du scepticisme en matière de religion ou refuser purement et simplement d’entendre des cours sur la théorie darwinienne de l’évolution. Il faut ajouter à cela la collaboration empressée de certains intellectuels antisémites avec l’islamo-nazisme : sous couvert d’antisionisme, on soutient des organisations ralliées à des thèses criminelles (voir le septième article de la charte du Hamas) qui banalisent toute sorte d’exactions. On l’a bien vu récemment avec l’affaire Mehra qui s’est trouvée pour ainsi dire excusée par toute sorte de raisonnements masochistes et tordus, d’inspiration sociologisante : que les enfants des colonisés se livrent aujourd’hui à des massacres, au fond, ce serait presque légitime !
     
    L’expérience montre qu’une attitude ferme arrête assez vite le développement de l’obscurantisme : l’application de la loi sur la burqa, que les socialistes n’ont jamais eu le courage de voter, n’a pas vraiment fait de vagues. Mais dès qu’on commence à tolérer un peu on est condamné bientôt à tolérer davantage, et à tolérer l’intolérable puisqu’aussi bien cette tolérance de l’irrationnel est évidemment à sens unique : toute religion se pense dépositaire de la Vérité, et dans la perspective de cet islam fanatique, il n’y a qu’un seul dieu, et Allah est son prophète. Il se trouve à Bruxelles des imams qui n’hésitent pas à réclamer aujourd’hui l’instauration du califat. Ces sortes de dérives ne me paraissent guère souhaitables mais quand on voit la composition du nouveau gouvernement socialiste, il y a tout lieu de penser que l’avenir rose ne sera pas tout rose.



  • Christian Labrune Christian Labrune 16 mai 2012 21:40

    à l’auteur

    Je trouve que vous êtes bien optimiste losque vous écrivez : "Il n’y a jamais eu à avoir peur de la famille Le Pen. Le poujadisme du Front National nous a toujours protégés des dangers d’une extrême-droite activiste« , mais pour le reste, je suis assez d’accord avec votre analyse.
    La réislamisation des banlieues, depuis une quinzaine d’années, sous l’influence du wahhabisme et avec une espèce la complicité tout à fait imbécile des pouvoirs locaux fait apparaître de plus en plus clairement une sorte d’islamo-fascisme dont on peut craindre le pire. Les socialistes ont pratiqué systématiquement la politique de l’autruche et je les vois tentés plus que jamais par le bonifacisme qu’ils avaient un temps paru vouloir repousser. La récente visite de Rocard au pays des mollahs est un signe plus que préoccupant.
    Mais les discours inspirés par le bloc identitaire sont aussi carrément fascisants. Il suffit d’aller voir ce qui s’écrit en ce moment sur le site »Riposte laïque" où les identitaires et le FN paraissent faire très bon ménage au milieu de gens probablement plus modérés qui n’ont pas encore bien compris, ces naïfs, dans quelle sorte de marmite ils étaient en train de mijoter.



  • Christian Labrune Christian Labrune 16 mai 2012 19:14

    @ à l’auteur,
    Il me semble qu’il est bien naïf de s’émouvoir de tout cela. La longue et pénible récitation du candidat Hollande rythmée par l’anaphore « moi, Rrésident, je... » atteignait les sommets du ridicule et je suppose qu’il ne s’est pas trouvé un seul Français pour y attacher plus d’importance qu’à n’importe quelle publicité pour un paquet de lessive. Toute lessive, on le sait, et depuis toujours, lave « plus blanc » que toutes les autres !
    Que la droite fasse ses choux gras de ces sortes de contradictions, même s’il entre beaucoup d’hypocrisie dans sa réaction, eu égard aux casseroles qu’elle traîne, c’est de bonne guerre. La Vertu rose, dans la même situation qu’elle, aurait rugi.
    Que le Parti Socialiste, incontestablement la plus mafieuse et la plus dangereuse (presque à l’égal du FN) de toutes les organisations politique de notre beau pays, affecte de se draper sans sa dignité offensée, c’est en tout cas d’une drôlerie absolument irrésistible.
    Et dire qu’il y a encore de pauvres bougres d’innocents qui s’émeuvent de ce que beaucoup de Français - dont je suis - refusent de choisir entre Mr Tartuffe et Mr Tartuffe et s’abstiennent de voter ! Je ne regrette assurément pas de n’être en rien responsable de l’espèce de farce quinquennale qu’on est en train de nous mettre en scène.
     



  • Christian Labrune Christian Labrune 16 mai 2012 12:46

    Je crains de n’avoir pas été suffisamment clair dans le paragraphe à propos du déterminisme, lorsque je parle d’un déterminisme « immédiat » et que je l’oppose à celui qui est à l’oeuvre dans l’évolution des systèmes complexe, particulièrement lorsque j’évoque la théorie freudienne où je pense évidemment à la notion du temps mais sans l’expliciter parce que le temps, précisément, ne paraît pas être vraiment pris en compte par les psychanalystes. Quand je dis qu’il y aurait dans le psychisme selon Freud des barres rigides qui assureraient en quelque sorte le transport de la causalité, l’image est un peu inappropriée  : si je frappe le A sur le clavier d’une ancienne machine, le marteau portant le signe A se met en immédiatement en mouvement. Dans la théorie Freudienne, le traumatisme psychique produit bien d’une manière déterminisme un symptôme, mais cela peut être vingt ou trente ans plus tard ; les barres rigides de transmission dont je parle pour mettre en image cette théorie fumeuse ont en quelque sorte la propriété de mettre en mémoire l’action qu’elles doivent causer avant de produire réellement un effet. Cela peut paraître idiot, mais c’est la conception freudienne qui est idiote et lorsqu’on veut se la représenter, on aboutit fatalement à des images un peu aberrantes.

    Je viens de jeter un oeil sur l’article de Wikipedia consacré au déterminisme. Il est très clair mais un peu court. Si on veut mieux comprendre l’état actuel des réflexions sur le déterminismes, on peut lire l’excellent bouquin d’Isabelle Stengers et Ilya Prigogine : « La nouvelle alliance ». Il doit bien y avoir aussi sur Wikipedia des articles sur la physique du chaos et le chaos déterministe.

    En gros, ce que je voulais dire, c’est que nos comportements sont bien déterminés lorsqu’ils font intervenir les fonctions basses du système nerveux (les réflexes, par exemple) mais que dans la longue durée, la machine pensante que nous sommes (et il en irait de même pour une machine totalement artificielle) devient très vite incalculable et par conséquent imprévisible.

    Un problème classique connexe et qui permet très bien aussi de réfléchir sur les difficultés de la notion de déterminisme, c’est celui, en informatique, des générateurs de nombres aléatoires.



  • Christian Labrune Christian Labrune 15 mai 2012 22:06

    @Jean

    50%, c’est vraiment peu ! Il serait quand même temps de réviser la déclaration des droits de l’homme et de poser que tous les citoyens français naissent libres, égaux en droits et titulaires d’un doctorat.



  • Christian Labrune Christian Labrune 15 mai 2012 21:59

    "Les profs [...] doivent-ils perdre leur sens critique, et ne pas s’interroger sur les pratiques, même inconscientes, qui privilégient l’intérêt sur les bons élèves, et marginalisent les mauvais, permettant l’aggravation de cette France à deux vitesses, où des gens acculturés deviendront de plus en plus imprévisibles« 

    @Bakerstreet
    Ce sont surtout les »bons élèves« qui pâtissent du système actuel, lequel semble fait pour ceux qui ne peuvent pas apprendre. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, plus les exigences baissent, et moins paraissent motivés ceux qui auraient à faire le plus d »efforts. Beaucoup pensent qu’ils ne sont pas dans un lycée pour étudier, mais pour « avoir » le bac. C’est un droit, et c’est déjà bien assez qu’on les oblige à faire acte de présence. Si vous leur demandez pourquoi ils sont là à ne rien faire, ils vous répondront que c’est parce qu’on les y oblige. Et dans le fond, ils n’ont pas tout à fait tort puisqu’aussi bien, sans rien faire et même en s’ingéniant à perturber les cours, ils finiront par être bacheliers. Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans beaucoup d’établissements des banlieues, il y a déjà longtemps que le sens de l’émulation s’est complètement inversé. La suprême élégance, c’est d’être là et de ne rien faire. Dans cet univers, où on ne connaît même plus le sens des mots, le « bouffon » ce n’est plus celui qui fait le clown, mais celui qui s’intéresse honnêtement à son travail et s’efforce de réussir. Il est perçu comme une sorte de lèche-cul et complètement méprisé. Beaucoup font même quelquefois l’objet de brimades. A Henri IV ou à Louis le Grand, ces choses-là ne risquent guère d’arriver, mais interrogez donc les professeurs qui ont enseigné dans les pires lycées du 93 !



  • Christian Labrune Christian Labrune 15 mai 2012 13:25

    Najat,

    Je passe allègrement sur les considérations sociologiques relatives au financement des recherches scientifiques. Lorsqu’il faut persuader les politiques d’accorder des crédits, les chercheurs sont contraints de se livrer à toute sorte d’activités d’arrière-cuisine qui n’ont pas beaucoup de rapport avec la recherche elle-même. Et de fait, en matière de nanotechnologies, même si les crédits qui sont alloués paraissent importants, ils sont loin d’être suffisants en France : tout l’avenir des techniques repose désormais là-dessus, et ce ne sont pas du tout ce que vous appelez des « problèmes inexistants » : depuis la mise au point du microscope à effet tunel qui permet non seulement de donner indirectement une image des atomes mais aussi de les manipuler un par un, on n’en est plus à des spéculations creuses. La vulgarisation a évidemment un double effet  : les uns commencent à délirer, et les obscurantistes prennent peur, voudraient un moratoire, etc. Mais on n’arrête pas longtemps la science : la bombe atomique était possible, on l’a réalisée. Les manipulations génétiques sont possibles, on a déjà des plantes et des animaux transgéniques et ce n’est pas moi qui irai arracher des plants d’OGM ou craindre d’en bouffer comme ces contemporains de Parmentier qui craignaient de s’empoisonner en absorbant ses patates ! Songez qu’au milieu du XIXe siècle, il s’est trouvé des auteurs pour considérer que les trains qu’on voulait faire rouler à des vitesses inimaginables - près de cinquante kilomètres à l’heure ! - auraient des effets désastreux sur la santé : il y aurait des morts subites et les femmes enceintes avorteraient, etc.

    Pourquoi aurait-on besoin de construire des assembleurs moléculaires ? Bonne question ! Tout simplement parce que notre rapport à la matière est encore à peu près le même que celui des hommes du néolithique. S’ils ont besoin d’un couteau, il font sauter des éclats de silex. Evidemment, nous avons ajouté à cela la métallurgie, nous pouvons couler le bloc-moteur d’une bagnole ou thermo-former des plastiques, mais pour usiner des pièces de précision, on lime, on polit, on enlève l’excédent de matière comme on faisait au néolithique et ensuite on assemble tout ça quand il serait quand même plus simple de fabriquer une soupe où baignent tous les atomes entrant dans la composition d’un objet complexe, d’ajouter ensuite les myriades de nanomachines qui se chargeraient d’assembler les molécules. Le niveau de la soupe baisserait progressivement et vous verriez se construire votre montre ou votre presse-purée sans qu’aucune autre intervention de votre part soit nécessaire.

    On n’en est pas encore là ; la faisabilité de la chose est bien encore un peu discutée, mais si on avait dit à un biologiste des années 70 qu’on arriverait à dresser un jour une carte complète du génome humain, ce qui est maintenant chose faite, il serait tombé sur le cul.

    Vous écrivez : « la technologie avance dans le sens de la miniaturisation, mais n’illustre pas l’architecture contraire, à savoir partir des briques que sont les atomes et molécules pour construire une voiture ». Il est de fait qu’on ne sait pas encore le faire, mais il n’y a là rien d’impossible et il est plus que certain qu’on y arrivera maintenant assez vite ; en tout cas, c’est l’objectif des recherches actuelles, et on sait déjà, en utilisant certains enzymes, segmenter puis recomposer des brins d’ADN, c’est de cette manière-là qu’on arrive à produire artificiellement des mutations et créer de toute pièce des espèces nouvelles et des monstres. L’information qui est stockée séquentiellement dans l’ADN n’est pas si différente de celle qui est à l’oeuvre dans les machines cybernétiques et ce qui est intéressant, justement, dans ces recherches, c’est qu’elles jettent un pont entre l’informatique et le biologique ; on peut très bien concevoir une biologie tout à fait artificielle. L’une des premières avancées spectaculaires, par exemple, va être la mise au point de muscles artificiels dont les réactions devront évidemment être plus rapides et plus puissantes que celles des petits moteurs pas-à-pas qui équipent les robots actuels, mais ça, ce n’est pas pour demain, c’est déjà presque fait. En tout cas, si actuellement on sait très bien bricoler des cellules vivantes, on saura demain les fabriquer d’une manière tout à fait artificielle. J’ai même lu un article ces derniers mois, probablement dans La Recherche, qui évoquait la fabrication d’une cellule de ce type, capable bien évidemment de se répliquer.

    Il ne fait aucun doute qu’il n’y a pas une coupure radicale entre la machine et la cellule vivante, les deux obéissent aux mêmes lois de la physique et la différence est simplement dans la complexité. Evidemment, au XIXe siècle, on n’aurait pas eu l’idée de considérer qu’il y avait quelque chose de commun entre une locomotive et un éléphant, mais nos machines d’aujourd’hui ne ressemblent déjà plus à celles du passé, s’intègrent de plus en plus à l’organisme. C’est peut-être plutôt inquiétant, me direz-vous, mais dans les hélicoptères de combat modernes, il suffit de regarder la cible pour pointer le canon ; peut-être qu’il faut encore appuyer sur un bouton pour tirer, mais on sait déjà, en analysant les courants crâniens, faire en sorte que ça fasse « boum ! » simplement parce qu’on l’a voulu à un moment précis.

    Il est parfaitement clair par ailleurs, que nous sommes instantanément déterminés, mais cela n’empêche pas la liberté. Si vous aimez jouer au tennis, je ne pense pas que ce soit inscrit dans vos gênes de la manière que vous envisagez. Ce que vous me dites me fait penser au mécanicisme de la théorie freudienne que j’ai déjà critiqué, lequel suppose que parce que vous avez été « traumatisée » à trois ans par je ne sais quoi vous allez développer à trente ans une névrose qui sera le retour du refoulé. Cela revient à considérer que vous seriez faite comme les machines à écrire mécaniques ou les machines-outils où des barres métalliques rigides transmettent l’information à distance et toujours de la même façon, que vous auriez de ces sortes de barres dans le fond de votre psychisme. Or, vous êtes – excusez cette définiton, encore qu’elle n’ait rien de réducteur – une machine complexe, c’est-à-dire un système chaotique sensible aux conditions initiales, lequel va évoluer par conséquent d’une manière totalement imprévisible. Si, dans l’autobus, je vous écrase brutalement un pied, je suis à peu près sûr de ce qui va se passer : votre visage va se contracter, vous allez grimacer, et vous allez bouger votre pied. Mais allez-vous m’insulter ou sourire par politesse ? Plus difficile à prévoir, déjà ! Et si aucun de vos orteils ne se trouve endommagé dans ce petit accident, bien malin qui pourrait dire ce qu’en sera la conséquence sur votre existence du lendemain ou des années qui suivront ! Tout nous détermine, à hue et à dia, mais nous pouvons choisir consciemment de fixer notre attention sur une chose plutôt que sur une autre, et rien ne vous empêche d’abandonner le tennis pour la natation... ou la pêche à la ligne !

    Quand vous me dites que pour modéliser la conscience il faudrait savoir ce que c’est que la conscience, je suis tout à fait en désaccord avec vous, pour la bonne raison que tout le monde en est à considérer que la conscience est un phénomène émergent et par définition chaotique, non-déterminé sur le long terme. Autrement dit, une machine consciente serait plus que l’ensemble des dispositifs matériels qui la composent et plus que les programmes qu’on aurait écrits pour la faire fonctionner. C’est-à-dire qu’à partir d’un certain niveau de complexité, c’est elle qui ré-écrit ses propres programmes et modifie même sa structure physique en fonction des objectifs qu’elle s’est à elle-même assignés et qui peuvent n’avoir aucun rapport avec ceux que nous imaginions d’abord. Si je vous donne un journal en pensant que vous allez le lire, vous pouvez tout aussi bien en faire un chapeau pour vous protéger du soleil. Il n’y a rien là évidemment qui soit de l’ordre de la science-fiction : des machines qui modifient leur propre programme, il y a belle lurette que cela existe, sauf que jusque là, elles modifient le programme dans un but qu’on leur a fixé, dans des limites programmées dont elles ne peuvent évidemment pas s’affranchir : elles ne savent pas encore ce qu’elles font.

    Ce que je trouve contestable, dans la méthode de Cardon, c’est qu’il veuille une machine qui se comporte comme l’homme, c’est-à-dire, du point de vue de l’intelligence théorique d’une machine pensante, d’une manière simpliste. Si je dis à quelqu’un dans l’ascenseur : « On dirait qu’il commence à faire un peu moins froid », l’autre va me répondre tout aussi bêtement quelque chose comme « oh, oui, l’année dernière, je me souviens qu’on se promenait déjà en chemise dans la rue ». Mais une machine intelligente capable de fonctionner entre -40° et 100° n’aurait évidemment rien à faire de la température extérieure, elle saurait en outre immédiatement et avec une exactitude parfaite, en puisant dans le réseau où sont les banques de données, le temps qu’il a fait le 15 mai depuis que la météo existe, pourrait immédiatement me cracher toutes les statistiques et tous les diagrammes que je pourrais souhaiter... et dont je n’aurais que faire. Je rentrerais chez moi pour écouter pendant une heure le premier CD du clavecin bien tempéré et la même machine, en quelques fractions de secondes, pourrait relire toutes les partitions disponibles de Bach et me faire entendre immédiatement une nouvelle fugue, très différente de toutes celles qu’il a écrites, qu’il n’aurait évidemment jamais composée, mais qui paraîtrait du Bach tout craché.



  • Christian Labrune Christian Labrune 15 mai 2012 10:33


    Najat,

    Si le Coran peut être réexpliqué, en l’historicisant, en faisant voir que lorsqu’il prescrit explicitement d’exterminer les infidèles par exemple, cela ne renvoie qu’à des conflits de l’époque maintenant complètement dépassés, c’est très bien, et c’est ce à quoi devraient s’employer les imams. Certains le font déjà en France, du reste, comme tel jeune imam du Havre dont j’ai quelquefois consulté le site, et je leur reconnais bien du mérite, mais ils sont extrêmement minoritaires. Il reste que si la sunna est comme le dépôt des vérités éternelles, on se demande bien pourquoi celles-ci se trouvent tellement empêtrées dans les conflits et les problématiques du VIIe siècle ! On peut certes appliquer à ces textes un traitement anti-rides, voire un lifting, mais une vieille peau (je suis vraiment sans pitié pour les femmes de mon âge !) restera toujours une vieille peau et les choses ne pourront aller, avec le temps, que de mal en pis. Je ne peux absolument pas comprendre qu’une intelligence structurée comme paraît l’être la vôtre garde une espèce d’attachement quasi inconditionnel à un corpus de textes qui font rigoler n’importe quel philosophe digne de ce nom. J’aurais bien une explication psychologisante, mais j’ai horreur de ces sortes d’approches. Je vous la livre quand même : c’est que vous avez passé beaucoup de temps à lire toutes ces vieilles choses, à les mettre en relation avec l’histoire du temps ; si vous faisiez d’un coup table rase, c’est tout un investissement qui se révélerait improductif et un pan entier de votre activité intellectuelle qui passerait à la trappe. C’est de cette manière-là que j’explique l’obstination de beaucoup d’intellectuels, dans l’université française à continuer contre toute raison de prendre au sérieux des théories et des systèmes de pensée que la critique rationnelle a rendus complètement caduques ou dont elle a montré la structure fantaisiste. C’est Finkielkraut qui trouve encore bon de citer Heidegger, après le travail de Farias et l’excellente « Ontologie politique de Martin Heidegger » due à Bourdieu dès le milieu des années 80. Je suppose qu’étudiant, il a dû passer bien des nuits à essayer de comprendre quelque chose à Sein und Zeit et aux textes qui incriminent la technique. C’est aussi l’usage encore extrêmement répandu des concepts psychanalytiques, lesquels reposent sur une conception laplacienne et désormais ridicule du déterminisme. Van Rillaer, il y a plus de vingt ans, faisait déjà remarquer que la psychanalyse avait à peu près la même pertinence que cette phrénologie de Gall et Lavater dont le gros Balzac faisait ses délices. Mais quand on a passé une partie de sa vie à méditer la révélation freudienne de l’inconscient, il est difficile d’en sortir. C’est pour cette raison que j’ai tout de même, malgré pas mal de réticences, une certaine estime pour Onfray, dont nous parlions naguère. Lui aussi a confessé longtemps la psychanalyse ; il y a cinq ans, il trouvait encore des grâces à une vieillerie comme « Malaise dans la civilisation », puis il s’est mis à lire Freud in extenso, ce que peu de gens ont fait, et il a eu la bonne foi de se rendre compte qu’il s’était complètement fourvoyé. Sa déconstruction systématique de la théorie n’est pas la meilleure ni la plus pertinente, la méthode généalogique nietzschéenne, qu’il applique aussi dans sa critique des religions, l’égare un peu, mais c’est quand même un vrai travail philosophique, le philosophe étant pour moi celui qui s’interroge avant toute chose sur ce qui le détermine à penser ce qu’il pense pour essayer de reconquérir un maximum de liberté.

    Il m’est absolument impossible de concevoir un seul instant que vous puissiez imaginer Muhammad ou n’importe quel prophète installé sur une petite colline, en conversation avec Dieu ou avec je ne sais quel ange Gabriel qui lui transmettrait ses ukases. Que vous soyez, à la limite, comme Jerphagnon qui est mort l’an passé en continuant à se réclamer d’une certaine forme de christianisme, impressionnée par la métaphysique plotinienne de l’UN transmise par Porphyre, que vous tiriez des mystères où la physique aboutit lorsqu’elle se penche sur la matière et ne la trouve pas (je pense à l’école de Copenhague) quelque chose qui ressemble à la gnose de Princeton, passe encore, mais le dieu de Plotin, comme celui plus tard de Descartes et de Spinoza ou des penseurs de Princeton, est un pur concept qui ne se mêlera évidemment jamais de me faire savoir si je dois me lever du pied droit ou du pied gauche et encore moins de me foutre la trouille si je ne respecte pas des interdits existentiels qui sont d’une imbécillité consternante et suffiraient amplement à ridiculiser le dieu qui les édicte.

    Je n’ajoute rien à la question du conflit palestinien. Ca m’emmerde. Vous auriez pu m’opposer, quand je parlais d’Al Husseini, les ambiguïtés homologues du groupe Stern. Je voudrais bien, comme vous, qu’on arrive à une certaine paix dans cette région du monde, mais c’est mal parti et je ne vois pas trop quelles solutions seraient possibles. Le temps amènera la paix, évidemment, comme toujours, par lassitude, mais d’ici là, bien des générations vont encore en baver.

    Je ne sais plus trop ce que vous me disiez à propos de l’intelligence artificielle, ni ce que je vous en avais dit moi-même. Il faut que je relise. Je voudrais bien avancer dans la lecture du bouquin de Cardon, mais je n’ai presque plus d’encre pour imprimer et la lecture sur écran ne permet pas de cochonner le texte, donc de l’assimiler. Ce qui est un peu consternant, c’est que le malheureux Cardon veut structurer sa machine selon le modèle de la psyché proposé par Freud. Il est peut-être à la pointe en informatique, mais sur le plan philosophique, il a un peu de retard : avec son « ça », son « moi » et son « surmoi », il ne pourra fabriquer qu’une machine à produire des névroses ! Et je me demande pourquoi il n’irait pas, pendant qu’il y est, jusqu’à implémenter aussi un bon complexe d’Oedipe des familles ! Ce qui est décevant aussi, c’est qu’il propose bien des diagrammes un peu simplistes, mais pas une seule architecture de programme, pour des raisons de secret professionnel qu’on peut évidemment comprendre, mais c’est un peu frustrant : ces sortes de questions scientifiques s’accommodent mal des formulations nuageuses.



  • Christian Labrune Christian Labrune 15 mai 2012 00:08

    @lloren

    Quand vous répétez une explication pour le crétin qui n’a pas écouté ou n’a pas compris, ceux qui n’ont pas besoin d’éclaircissements perdent leur temps et s’ennuient. A l’inverse, si vous vous lancez dans des explications difficiles mais de nature à intéresser vivement les plus malins, il y en a une quantité d’autres qui ne pourront pas suivre, s’ennuieront, n’écouteront plus. Quiconque a un peu enseigné, ne serait-ce que deux ou trois ans, connaît bien cette difficulté. Elle devient de plus en plus redoutable parce qu’en lettres, par exemple, vous avez des élèves en classe de première qui ont, du point de vue de la maîtrise de la langue, un niveau de 5e des années 60.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 21:28

    @Lamouet
    Ce qu’il y a de bien avec le collège unique, c’est que ceux qui ne veulent rien faire ou qui ne peuvent rien faire (cela existe aussi, hélas, malgré le principe d’égalité) ne font effectivement rien, détestent de plus en plus l’école et deviendront aigris d’en avoir été plus ou moins éjectés trop tardivement. Les autres sont considérablement freinés : le climat des classes est mauvais et on a aligné les exigences au plus bas. Les plus faibles vont stagner, les autres se contenteront d’être seulement un peu moins nuls.
    Quand on veut détruire un système certes inégalitaire mais qui donnerait leur chance à ceux qui voudraitent réussir, le collège unique est le dispositif de transition idéal dans une progression qui doit conduire au néant.
    Disons-le et répétons-le : Il n’y a pas d’école possible sans une sélection qui, à chaque niveau, détermine ceux qui seront capables de profiter d’un enseignement et ceux qui ne le pourront pas. Une égalité dans l’excellence est impossible. En revanche, l’égalité dans une quasi nullité n’est pas irréalisable, on est en train d’en faire la démonstration.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 20:58

    « @Christian : Nous semblons être de la même »promotion " vous et moi. Entre les parents d’élèves qui prennent les profs pour des « feignants » et les ex-collègues qui comme d’hab (excusez les libertés) sont « out » (ex-prof d’anglais, faut me pardonner) , c’est un combat d’arrière-garde. Nous avons toujours cette (mauvaise) habitude de vouloir « expliquer ». « 

    Lamouet,
    C’est la méthode Coué ! Quand les forums du SNES existaient encore - et je ne suis pas pour rien dans leur fermeture, parce qu’avec deux ou trois copains, il y a dix ans, nous les avons complètement subvertis - je ne sais pas combien de fois, pour commenter ce que je lisais et pour emmerder le monde, j’ai pu recopier la petite chanson bien connue : »Tout va très bien, Madame la Marquise« . A la même époque, j’ai dû subir souvent, dans des lycées bien différents, des collègues qui me disaient à peu près la chose suivante : ce n’est pas que nos élèves soient ignorants, c’est qu’ils ne savent pas les mêmes choses que nous. Et immédiatement après venait la tarte à la crème de l’informatique : voyez comme ils se débrouillent, immédiatement, avec les ordinateurs et l’Internet ! Je rigolais : je me souvenais que quelques années auparavant, dans l’académie de Rouen, le rectorat avait résolu de récupérer les notes d’oral au moyen du minitel. Il y avait eu une journée de formation à Rouen, dont je m’étais évidemment dispensé, pour expliquer aux profs les deux ou trois manipulations qui permettaient d’entrer dans le serveur. La formatrice que j’avais rencontrée par hasard quelques temps plus tard m’avait confié que la plupart étaient verts de trouille devant la petite machine. Bref, ces pauvres bougres étaient tellement tétanisés à l’époque par les nouvelles technologies (depuis, les choses ont quand même dû changer) qu’ils percevaient cela comme une forme de »culture", sans voir que ce rapport effectivement très facile des jeunes à ces objets est purement mécanique et magique. J’ai connu dans les années 70 des élèves curieux de ces nouveautés à qui on pouvait utilement enseigner les langages de bas niveau assez difficiles de type assembleur, mais je suppose qu’il y en a très peu aujourd’hui qui sachent même programmer seulement en basic. Bref, tout est devenu culture, aujourd’hui, mais on confond communément la consommation culturelle et la compréhension des choses. On emmène les élèves au théâtre, mais on n’est jamais sûr qu’ils aient compris la pièce ; les profs eux-mêmes la comprennent-ils ? Et souvent la mise en scène des auteurs les plus classiques, de Molière par exemple, révèle de monstrueux contresens. Dans les dernières années de ma sinistre carrière, il y a même des textes sur lesquels j’avais renoncé à interroger au bac, trop certain de devoir entendre des interprétations totalement fantaisistes que les élèves avaient subies et dont il ne serait pas possible de les tenir pour responsables.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 18:48

    « Vous êtes dans la caricature la plus totale quand vous dites »on n’apprend plus rien"

    Heureusement ,j’ai des élèves intéressants et intéressés qui ont envie d’apprendre..Ce n’est pas le cas dans certaines classes difficiles ...mais il existe encore de bons élèves !!"

    Rosemar,
    Je veux bien admettre que lorsque je dis qu’on n’apprend plus rien, c’est peut-être un peu excessif dans la généralisation, et que c’est de l’ordre de la réaction d’humeur, mais cela n’est pas aussi totalement caricatural que vous le dites, et la crise des vocations est là pour en témoigner. Si vous aviez parmi vos proches quelqu’un qui voulût entrer dans cette carrière, je suis bien persuadé que vous l’en dissuaderiez. A quelques jeunes gens tentés par l’enseignement au début de ce millénaire, j’ai systématiquement suggéré un rendez-vous au milieu du Pont-Neuf, leur proposant de les aider à enjamber le parapet pour une petite euthanasie qui leur épargnerait bien des années de souffrance.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 18:33

    "L’éducation nationale qui produit 40% de malfaçons donne une image éxecrable. Les profs se foutent de l’avenir des enfants, L’éducation nationle est la honte de notre pays.« 

    Bulgroz,

    Cela ne sert pas à grand chose d’insulter les profs d’une manière aussi outrée et carrément haineuse en ignorant apparemment tout des difficultés du métier. Au reste, vous parlez de »malfaçon", ce qui est tout à fait révélateur, c’est-à-dire que l’enseignement, pour vous, c’est à peu près comme la maçonnerie. On sait combien de temps il faut pour monter un mur jusqu’à telle hauteur, si on n’y est pas à la fin de la journée, c’est probablement qu’on a passé son temps à fumer ou à discuter avec le copain ! Mais le matériau - si j’ose dire - sur lequel travaille l’enseignant n’a pas l’inertie des briques ou des pierres. Ce que vous faites en deux heures avec une classe, il vous faudra trois heures pour le faire dans une autre, avec une dépense d’énergie quelquefois bien supérieure. Quand une classe a un bon niveau, le cours n’est même pas un travail, on n’a pas du tout l’impression de fournir des efforts, c’est un de ces moments agréables qui ont fait si longtemps le charme du métier. Et, tout à fait paradoxalement, les progrès sont immédiats. Dans le cas inverse, on s’épuise, on rame comme un galérien, on s’use les nerfs pour un résultat qu’on jugera tout à fait insignifiant parce qu’on se rendra compte à l’heure suivante que rien n’a été compris, que rien n’a été retenu. Et encore, je simplifie en opposant la bonne classe à la mauvaise. Dans la réalité c’est plus nuancé, et vous pouvez avoir des deux côtés en proportions différentes des élèves qui sont au niveau et d’autres qui ne le sont pas, ce qui impose toujours de sacrifier quelque peu les uns au profit des autres. Ca, c’est le métier ordinaire, mais les bonnes classes, cela devient rare, et il est de plus en plus fréquent désormais que tout le monde se trouve, dès septembre, en situation d’échec, prof comme élèves. Je voudrais vous y voir à expliquer une tragédie de Racine à des gens qui ne peuvent même plus comprendre la langue de leur siècle parce que le vocabulaire leur manque et que la moindre phrase dans un simple journal peut aisément devenir pour eux une énigme indéchiffrable.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 17:36

    @Lamouet,
    Nous sommes bien d’accord. Disons qu’ils sont des faussaires malgré eux. Ils n’avaient pas cette intention-là, ils avaient même les meilleures intentions du monde, ils les ont toujours, mais le chemin de l’enfer, parfois...



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 17:32

    Mortelune,
    Peut-être avez-vous commencé à enseigner dans les années 80 ou même plus tard, mais je peux vous assurer que dans les années 70, les élèves étaient encore capables de comprendre le principe de la dissertation et de construire des discours critiques à peu près cohérents. Ce n’est plus guère le cas, même dans les sections littéraires, sauf dans les « bons » lycées.
     Vous dites que le niveau en mathématiques n’a pas changé, mais quand j’étais élève, c’est en seconde qu’on étudiait le trinôme du second degré, vers le début du second trimestre. Il y a dix ans, un collègue professeur de mathématiques qui assurait des colles en prépa m’avait confié qu’il lui arrivait de trouver des étudiants que cette question embarrassait beaucoup. Et pourtant, ce n’est plus en seconde qu’on étudie ces problèmes, mais bien plus tard.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 17:21

    @Rosemar,
    Labrune a cessé d’être prof en 2008 ! La retraite, tout simplement, mais il n’est pas encore gâteux au point de ne plus se souvenir de ce qu’il a connu et de ne pas pouvoir s’inquiéter de ce qui se prépare. Je suis un peu sévère avec les collègues, mais il faut reconnaître qu’ils sont soumis à des contraintes abominable et que parmi ceux qui se permettent de critiquer de l’extérieur sans rien comprendre au système, aigris peut-être par une expérience un peu négative des études, il y en a probablement beaucoup qui, s’ils étaient dans ce métier, ne tiendraient pas le coup fort longtemps. Combien de collègues - et souvent très compétents - n’ai-je pas vu tomber sur le côté de la route en milieu d’année scolaire, et durablement démolis ! Sans des nerfs solides, dans ce métier-là, on est foutu.



  • Christian Labrune Christian Labrune 14 mai 2012 17:07

    @Lamouet,
    Je suis entré dans l’épouvantable carrière en 71 ; en lycée, je n’ai pas pu évaluer très bien ni très immédiatement les conséquences de la création du collège unique, mais ce que je peux dire c’est que de 71 à 2008, j’ai pu assister à un très lent naufrage de l’institution. Ce ne sont pourtant pas les moyens qui ont manqué. Quand j’étais élève, il arrivait que les pieds des chaises s’enfoncent dans les trous des parquets, les bâtiments étaient hideux, mal entretenus, mal chauffés, mais cela n’empêchait quand même pas d’étudier plutôt bien. Aujourd’hui, dans des établissements régulièrement repeints, munis de toute le matériel audio-visuel qu’on peut souhaiter et bourrés d’ordinateurs, on perd son temps et on n’apprend plus rien. On a voulu « ouvrir » l’école sur le chaos du monde extérieur. Elle s’y est finalement dissoute.
    En ce qui concerne le mot d’ordre des 80%, je dis qu’il est stupide parce qu’en principe on devrait obtenir le baccalauréat parce qu’on est parvenu à un certain niveau de connaissances relativement facile à évaluer. Le rôle de cette évaluation revient à ceux qui enseignent et qui ne peuvent pas faire des miracles à la demande. Comment les professeurs ont-ils pu consentir à être privés de leur prérogative naturelle de l’évaluation pour céder aux ukases du politique ? Cela dépasse l’entendement ; et pourtant, c’est ainsi que les choses se sont passées. Désormais, on ne leur demande plus vraiment d’enseigner, mais de faire semblant, et de distribuer des diplômes de complaisance. Ils sont devenus des faussaires.