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Norbert Balcon

J’ai publié en mars 2007 un premier roman intitulé En route vers le clochard, sur la crise suicidaire et l’institution psychiatrique, aux éditions de l’Altiplano.

Tableau de bord

  • Premier article le 02/06/2006
  • Modérateur depuis le 04/01/2008
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Derniers commentaires



  • Norbert Balcon 9 avril 2008 13:42

    Mr Villach,

    Je trouve que vous accordez trop de crédit aux propos de Mr Breteau.

    Quelques remarques :

    1- « Affréter un Boeing, le faire atterrir sur l’aéroport d’un pays africain… »

    Il suffit d’avoir assez d’argent pour louer un Boeing.  Je ne retrouve plus la référence, mais je crois bien avoir lu qu’ils ont atterri sans autorisation ; c’est d’ailleurs ce qui a alerté les autorités locales, qui se sont demandées ce que venait faire ce Boeing. Faire atterrir un Boeing dans une ville provinciale du Tchad est beaucoup plus simple que d’atterrir à Roissy ou à Heathrow. Vous pouvez mettre les autorités aéroportuaires devant le fait accompli sans risquer une catastrophe aérienne.

    « …disposer sur place des moyens de déplacement aériens de l’armée française, voilà qui n’est pas à la portée du premier « coopérant » venu. »

    Les forces militaires ont souvent fait leur possible pour venir en aide aux ONG présentes, cela de manière assez informelle. Par contre, avec ce précédent, l’armée française risque d’y regarder à deux fois. C’est une des conséquences de l’irresponsabilité de l’arche. Cela ne veut pas forcément dire que Hervé Morin était au courant et qu’il avait donné son feu vert.

     2- « Puis quand on est arrêté et emprisonné, voir le président de la République en personne se démener, y compris sur place, jusqu’à la libération des personnes incarcérées, n’est pas fréquent non plus. »

    Je crois au contraire que cette réactivité correspond bien avec le style du président (qui est d’ailleurs souvent critiqué sur Agoravox). Sarkozy a prouvé qu’il agissait parfois trop vite, trop spectaculairement.

    3- « Enfin, entendre annoncer à l’avance le déroulement chronologique des étapes qui conduisent à la solution du problème et en vérifier l’exactitude, depuis la tenue du procès avec la certitude d’une peine raisonnable jusqu’à l’octroi de la grâce du président du pays concerné, en passant par le rapatriement en France dès la fin du procès, pareil agenda ressemble fort à un protocole d’accord entre deux États, servant les intérêts de l’un et feignant de ménager les susceptibilités de l’autre. »

    Qu’il y ait eu accord pour résoudre la crise ne veut pas dire que l’Etat français sponsorisait officieusement l’action de l’Arche de Zoé. Même si le procès ressemble à un arrangement, cela ne veut pas dire que les ministères concernés n’aient pas eu une mauvaise surprise le jour où ils ont réalisé qu’Eric Breteau et consorts avaient effectivement essayé d’expatrier les enfants.

    Les « portes ouvertes »

    Eric Breteau s’est contenté d’envoyer quelques courriers à des conseillers de conseillers de ministres. Cela ne veut pas dire que les informations sont remontées jusqu’en haut. Ces fonctionnaires sont en contact permanent avec des dizaines de personnes qui cherchent à obtenir leur appui.

    Il ne suffit pas d’écrire un courrier à un représentant d’un ministère –ni même d’être reçu en entretien par un membre d’un cabinet ministériel- pour se dire : « Ok, j’ai le feu vert de l’Etat français ».

    Par ailleurs, quand Breteau a présenté son projet, il a parlé d’orphelins. Or –même si Eric Breteau s’enferme dans le déni- la grande majorité de ces enfants avaient de la famille.

    Vous reprenez ses propos : « il était très simple de me faire mettre en examen et placer sous contrôle judiciaire ». Mais on ne place pas quelqu’un en examen ou sous contrôle judiciaire parce qu’il développe des plans un peu fumeux. De même qu’on ne place pas en détention un individu dont le profil psychologique est inquiétant, tant qu’il n’est pas passé à l’acte…

     

    Il y a beaucoup d’éléments que vous avez négligés.

    Eric Breteau n’a pas donné d’explication acceptable sur le fait que les enfants ont une famille. Il s’est contenté de nier –avec un aplomb réellement déconcertant- en dépit de tout ce que l’on sait (on a vu des mères de familles dans les divers reportages diffusés).

    Il n’a pas donné d’explications acceptables à toutes ses manipulations : les bandages, les mensonges à ses collaborateurs tchadiens, etc.

    Par contre, il a eu le culot de dénoncer les « manipulations grotesques » des reportages. Il a expliqué que le film ne comportait que vingt minutes d’images sur les 30 heures filmées (en sous entendant que la manipulation se trouvait dans cet écart. Que les journalistes, malintentionnés, n’avaient retenu que ce qui était incriminant). Mais tous les reportages vidéos sont fabriqués de la même manière, à partir de « rush », des images brutes que le journaliste doit ensuite sélectionner et organiser. Même pour filmer un reportage de 50 secondes pour le 13 heures de Pernaut, il y a derrière plusieurs dizaines de minutes de matière brute. Cette mise en forme ne veut pas dire qu’il y a malhonnêteté ou manipulation.

    Je n’aime pas beaucoup Fogiel, mais il s’en est beaucoup mieux sorti que ses collègues de France Info, de Canal ou de TF1 durant son interview, parce qu’il a pointé ses incohérences.

    Je crois que M. Breteau est foncièrement malhonnête, que c’est un « manipulateur ». Je ne suis pas vraiment étonné qu’il parvienne à convaincre certaines personnes. C’est ce qui fait la force de ces individus. C’est aussi ce qui fait leur dangerosité.



  • Norbert Balcon 8 avril 2008 19:18

    Je viens d’écouter ces deux interviews, sur France Info et à Canal+. C’est vrai que Mr Breteau fait un peu ce qu’il veut. Il parvient assez facilement à éluder les questions gênantes (par exemple, sur France Info, lorsqu’on lui fait remarquer qu’il y a des images montrant le maquillage des enfants).

    Je pense qu’Eric Breteau est exceptionnellement doué à l’oral. C’est un bon client, pour un talk show. Les journalistes se sont peut-être un peu laissé endormir parce qu’il ne s’attendaient pas à ça. Lorsqu’ils ont affaire à un homme politique, ils essaient toujours de l’asticoter un minimum parce qu’ils savent qu’on les attend là dessus. Mais lorsque c’est un représentant de la société civile, une personne qui n’est pas habituée aux plateaux télé, je crois qu’ils cherchent surtout à mettre à l’aise l’invité. Ils ne sont pas là pour le déstabiliser.

    Mais cette attitude ne convenait pas avec une personne comme M. Breteau.

    On a l’impression qu’il a fait ça toute sa vie. Il n’était pas intimidé. Il était aussi à l’aise qu’un politicien chevronné qui viendrait servir sa soupe. Au fond, les journalistes se sont un peu laissé manipuler eux aussi.

    Cette assurance inébranlable, cette capacité à pouvoir donner une réponse à tout... On comprend mieux ce qui fait le charisme de ce type, pourquoi il réussit si facilement à entrainer des "fidèles" et à manipuler.

    Le bagout, l’aisance à l’oral, sont un des principaux traits qui forment le noyau des personnalités psychopathiques, selon Robert Hare. J’avais publié un article là dessus :

    Cldt



  • Norbert Balcon 8 avril 2008 15:06

    Oui, je suis d’accord avec les raisons que vous avancez pour expliquer la différence de traitement de l’opinion publique.

    Je crois que c’est le Wall Street Journal qui se moquait de l’indulgence des Français pour leur "rogue trader". Ils avaient demandé l’avis d’un expert : Christophe Rocancourt. Les Américains s’étaient agacés qu’il soit accueilli comme une sorte de héros en France alors qu’il a escroqué des dizaines de personnes aux USA (il a été invité dans des talk shows).

    Je cite de mémoire Rocancourt : "Les gens aiment bien quand les riches se font détrousser" (Rocancourt détroussait ceux qui avaient de l’argent, et plutôt les riches parce que c’est eux qui en ont le plus. Mais il a aussi dépouillé des personnes qui galéraient).

    Rocancourt minimisait cependant les exploits de Kerviel, qui ne mérite pas selon lui d’entrer au panthéon des escrocs parce qu’il n’est apparemment pas parvenu à s’en mettre plein les poches. Toutes ces manipulations pour rien, regrettait-il, ajoutant : "It doesn’t take a genius to lose money". (Il n’y a pas besoin d’être un génie pour perdre de l’argent).

     

     

     



  • Norbert Balcon 28 février 2008 04:17

    L’empathie et l’engagement sont deux notions différentes. Je ne crois pas que l’empathie soit "sélective". Imaginez que vous marchiez dans une rue et qu’un chien se fasse écraser. Il est là, à quelques mètres de vous, il essaie péniblement de se relever. Son ventre a explosé et ses intestins sont étalés sur la route. Par vous ne savez quel miracle, il vit encore et pousse des cris déchirants, mais vous auriez préféré qu’il meurt sur le coup.

    Vous ne pouvez pas décider ou non de ressentir de l’empathie pour ce chien. Vous ne pouvez pas vous dire : "Oh la barbe, je réserve mon empathie pour ma femme" ou bien "Je réserve mon empathie pour une cause plus juste et plus importante", comme ces Africains dont parle le Monde diplomatique.

    Malheureusement, il y a des gens qui ne ressentent aucun malaise face à la souffrance d’un autre être vivant ; Il n’y a rien en eux pour les pousser à agir dans l’espoir de soulager cette souffrance, parce qu’ils n’ont pas ce don de pouvoir la partager. Il n’y a pas d’identification, autre qu’intellectuelle et froide.

     

     

     



  • Norbert Balcon 26 février 2008 16:54

    Pour illustrer l’article, je vous recommande de vous intéresser à l’histoire de ce psychopathe, dont on n’a pas beaucoup parlé en France, Robert Hendy-Freegard. Je ne sais pas quel score il obtiendrait sur l’échelle de Hare, mais il doit monter très haut.

    Un reportage en français

    Sur Wikipedia (il y a des liens vers des papiers de la BBC)

    Sinon, un fait divers qui a fait un peu de bruit en Espagne au mois de janvier. Je ne sais pas si le principal protagoniste serait diagnostiqué psychopathe, mais son histoire montre assez bien comment on peut se comporter lorsqu’on n’a pas d’empathie. C’est l’histoire d’un chauffard qui a tué un adolescent puis qui a assigné les parents du gamin en justice pour obtenir les frais de réparation de sa voiture :

     

    En août 2004, Tomas Delgado Bartolomé[1], un Espagnol de 43 ans, renverse et tue Enaitz Iriondo, 17 ans. Le chauffard roulait à plus de 160 km/h sur une route limitée à 90. L’accident s’est produit en pleine nuit. L’adolescent, à vélo, roulait en direction de son camping. Il ne portait ni casque ni bandes réfléchissantes, obligatoires dans ce pays. Son corps a été retrouvé à 107 mètres du lieu de l’impact. Le chauffard a rapidement été relaxé. Selon lui, Enaitz avait grillé un stop et traversé la chaussée sans regarder. Les parents ont renoncé à faire appel, dans l’espoir d’oublier ce drame au plus vite. Ils ne voulaient pas non plus accabler le chauffeur : « Nous pensions que le pauvre allait vivre avec cette mort sur la conscience jusqu’à la fin de sa vie », a expliqué la mère.

    Mais au mois de mars 2006, ils ont reçu un courrier les informant que Tomas Delgado Bartolomé les poursuivait en justice pour obtenir 20 000 euros de dommages et intérêts : 14 000 pour les frais de réparation de son Audi ; 6 000 pour la location d’un nouveau véhicule « nécessaire pour l’exercice quotidien de son métier ».

    Cette actualité, largement diffusée, a suscité une indignation très vive dans l’opinion publique. On a reproché à cet homme d’être un « monstre », une « canaille », de n’avoir pas de conscience, pas d’âme, pas d’empathie. « Hay gente que no merece vivir », constate un internaute sur un forum de discussion. D’autres ont appelé à boycotter le commerce de ce chef d’entreprise.

    « Moi aussi je suis une victime », a déclaré l’intéressé à la presse. « L’histoire du petit, on ne peut pas y remédier, mais la mienne si. » On a pu le voir dans un reportage télévisé - un homme soigné, très à l’aise devant la caméra- tenter maladroitement de s’expliquer. Sa démarche lui paraissait justifiée parce qu’ « il fallait bien que quelqu’un paye  ». « Ce n’est pas que j’aie absolument besoin de ces 20 000 euros, a-t-il concédé, mais je ne vois pas pourquoi je devrais y renoncer. »

    Le journal El Correo a publié une chronique intitulée « Idiota moral », dans lequel l’auteur rapporte la réaction d’un juge au procès de Nuremberg, qui aurait dit, après avoir visionné un film tourné par les nazis dans les camps de la mort : « Maintenant, je sais ce qu’est le mal, c’est l’absence d’empathie ». Idiotie morale ou imbécilité morale : c’est ainsi que les premiers aliénistes qualifiaient les psychopathes.

    Ana Maria Ortiz, une journaliste d’El Mundo[2] est allée enquêter sur cet homme. Elle a d’abord été surprise par la peur de témoigner manifestée par ses voisins. Elle n’est pas parvenue à trouver la trace de la société de celui qui s’était présenté aux médias comme « chef d’entreprise ». Son nom ne figurait pas dans les registres des chambres de commerce. On ne lui avait d’ailleurs jamais connu d’activité professionnelle bien claire. Il menait néanmoins la grande vie, possédant trois voitures, dont un 4x4, et la fameuse Audi. Pourquoi avait-il eu besoin de louer un véhicule supplémentaire ?

    Sous couvert d’anonymat, des langues se sont déliées. Certains l’ont comparé à Don Vito Corleone. D’autres pensaient qu’il gagnait son argent dans les milieux de la nuit. Ces dernières années, Tomas Delgado avait été impliqué dans trois accidents de la route et avait dû s’acquitter de diverses contraventions pour excès de vitesse. Plusieurs plaintes avaient également été portées contre lui pour non respect de la réglementation sur la chasse. A l’âge de 16 ans, il avait attaqué une station service, armé d’un couteau. Cela ne l’empêchait pas, aujourd’hui, de faire son plein régulièrement dans cet établissement. Un jour, les policiers ont dû intervenir alors qu’il battait sa seconde épouse. Il n’a pas été inquiété car elle n’a pas osé porter plainte.

    Au terme de deux années de procédure, Tomas Delgado Bartolomé a renoncé à sa poursuite contre les parents d’Enaitz, en se disant victime d’un lynchage médiatique.

    Un juge a décidé de rouvrir le dossier de l’accident meurtrier. A l’époque, l’éthylotest avait révélé que le chauffard avait 0,15g d’alcool dans le sang, une heure et demi après le drame. Selon les parents de l’adolescent, si on l’avait fait souffler plus tôt, il aurait peut-être franchi la limite légale de 0,25g. Des experts ont par ailleurs émis des doutes sur sa version, selon laquelle le cycliste traversait la chaussée au moment où il a déboulé.


    [1] Un conductor pide 20.000 euros a los padres del joven al que mató, El Pais, 25 janvier 2008.

     [2] Cronica, El Mundo, 3 février 2008

     

     

     

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