Je vous ai dit qu’une dame rencontrant un gamin de rue, orphelin ou pas elle n’en sait rien, l’appellera, à défaut de connaître son nom, enfant (ou neveu) et cela en sachant qu’elle appelle le plus chéri de ses enfant : enfant (parfois elle l’appelle par son prénom s’il y a d’autres de ses enfants dans la maison)
Quand l’enfant est près de sa mère, elle lui dit des mots doux en l’appelant tout simplement Con (qu’il soit garçon ou fille)
(C’est un O de notre coq, non le nasal de notre sale con)
Puisque tout enfant de rue est appelé comme s’il était de la famille de celui qui l’appelle, il y a déjà la familiarisation automatique et généralisée.
A se demander si cette dame n’irait pas à appeler un petit Martien ayant l’air jeune par le même Con qu’elle accorde à son propre enfant. Bin oui. C’est ce qu’elle ferait.
Il est impossible à un Viet de parler à son pire ennemi sans d’abord lui reconnaître la classe animale puis la classe humaine puis la classe famille.
Pour un Viet, tous les gens du monde relèvent de la famille
Il existe une forme permettant de parler à quelqu’un en la désignant et en se désignant no-famille. Mais cette forme est utilisée en conférence, en tonalité universitaire, donc logos pur. Les gens ordinaires ne l’utilisent pas et certains ne savent même pas que cette forme neutre existe.
Affaiblissement du sème famille alors ?
Bin non puisque ce sème est appliqué ces centaines de fois par jour à ceux qui nous sont le plus chers.
Il n’y a pas affaiblissement du sème famille il y a profit de tous les gens du monde à ce sème dont la réalité quotidienne implique le plus chéri
Quoi qu’on fasse, la langue viet courante, de la maison e de la rue, inclut ethos et pathos puisque d’une part il n’y a pas de chosification possible (en dehors des cailloux) et que d’autre part il y a de l’affect par cette familiarité.
En France, non seulement on ne pratique pas ce principe familiériste mais on crie au contraire au scandale lorsque quelqu’un est familier.
Comment peut-on croire qu’on a des chances de devenir fraternels alors qu’on interdit la familiarité, qu’on la péjore, qu’on peut même faire procès à quelqu’un parce qu’il a été familier ?
Le Français est extraordinaire
Il est le premier du Monde à avoir clamé qu’il fallait être fraternel alors qu’ontologiquement et profondément il ne veut pas l’être.
En France, on dit « Le nuage »
A quoi sert ce Le ?
Uniquement à distinguer entre un ou plusieurs
Il a un contenu de genre qui ne sert à rien.
Il ne sert à rien sinon à embrouiller
Le français inclut d’emblée une brouille
Qui est augmentée avec la polysémie.
« Hier, il faisait trop chaud, j’ai pris ma glace, j’ai ouvert la porte, je suis desendu, j’ai....à droite....à gauche...puis, je l’ai mise devant mon visage, j’ai ouvert grand la bouche et j’y ai regardé le fond de ma bouche »
On découvre le sens de glace après trois heures de lecture
Et pendant ces trois heures, on aura suivi l’écrivain, on aura descendu les escaliers, on aura tourné à D puis à G, tout ça avec un grumeau de brouille dans la tête. Comment pourrions-nous nous concentrer complètement avec un tel grumeau de questions en tête ?
En vietnamien on ne peut pas se retrouver en telle situation de brouillard, le sème apparaît très vite.
Les articles n’indiquent jamais un genre (masculin/ féminin), ce qui serait une absolue absurdité lorsque l’article genrant s’applique à tout, y compris aux nuages (mais les Français touvent cette absurdité normale)
Ils n’indiquent pas non plus un singulier ou un pluriel (La pluralisation, tant qu’elle ne dit pas le chiffre, ne sert pas à grand chose sinon à généraliser. « Les Français » généralise)
L’article viet indique la catégorie naturelle de l’objet non notre regard ou comptage sur lui, non notre regard sexé sur lui)
L’article viet indique : plante, animal (et l’homme en fait obligatoirement partie), liquide, point, machine, objet inerte....
En viet
Un garçon se dit enfant masculin Con trai
Une fille se dit enfant féminin Con gai
S’il y en a plusieurs, on ajoute des mots indiquant les dimensions de l’enveloppe ou du périmètre considéré.
Alors qu’en français, dès qu’on dit Les garçons ça peut vouloir aussi bien dire les garçons autour de nous que tous les garçons du monde
Le Français vire très vite et très automatiquement à la généralisation. Ici, Les hommes peut très bien avoir le sème de tous les hommes du monde.
Et il projette automatiquement sur les autres hommes du monde ses idéations et schèmes.
En viet on ne peut dire le sème tous les hommes du monde qu’en précisant bien tous les hommes du monde
En français on dit « La mère » et « La merde »
En viet on dit « personne mère » et « objet merde »
Les conséquences, car il n’y a que les conséquences qui nous sont vraiment intéressantes à connaître, sont grandes et je ne parviendrai pas à en faire le tour à mon grand regret. Sur ce point, je vous abandonne à vos propres spéculations sur ce qui peut découler de cette différence.
Mais au moins puis-je dire qu’en aucun cas une mère (ou un enfant, ou un chien) ne peut être chosifiée. C’est strictement impossible. Du coup, les procès en chosification de quelque victime (triangle de Karpman) dont nous nous repaissons ici, n’ont aucun sens aux yeux des Viets.
Il y a dans le français tous les ingrédients pour tout chosifier et nous nous retrouvons ensuite à nous accuser mutuellement de chosification. Nous sommes forcément hystériques (selon une acception élargie) ou mis en résonnance, en Larsen avec nos propres outils lingusitiques.
Si seulement nous avions conscience qu’il serait possible de concevoir une langue (hyper déterminante de la pensée) d’une autre manière. Hélas non, 99% des Français ne peuvent concevoir qu’il soit possible de papoter autrement que selon la même logique linguistique.
Heureusement que nous avons pu voir des écritures s’écrivant de D à G, en verticale, sinon, nous serions persuadés qu’on ne peut écrire que de notre manière.
Les conséquences de la chosification/non chosification sont innombrables et je suis saisi de vertige devant leur quantité.
Je ressens une panique à ne pas savoir par quel bout commencer.
Tiens le travail salarié par exemple.
Ou bien les putes.
La langue viet est ainsi faite que le concept consistant à chosifier une personne n’est pas possible : salarié, pute, esclave, ne peuvent pas être associés à un concept d’objet tel l’étron ou le caillou. Même un âne ne peut pas être un objet. Même une machine ne peut pas être un objet. Même le mot voiture est précédé d’un article qui indique que c’est une machine à transporter et que ce n’est pas à ranger dans la même classe que les cailloux.
Marx, toussa, me fait pleurer.
On essaye de corriger une perversion de notre système par des émeutes, des fers et des bombes alors que le mal est dans notre langue.
Plus on fait de discours en langue française, plus on s’enferre sur ses perversions fondamentales.
Poétisons, versifions, Zolons, Hugons, Rimbaudons, Révolutionnons, Communons tant que nous voudrons, le mal reste toujours là.
Je n’ai aucun scrupule à déformer ou néologiser les mots français, au contraire
Il existe ici un procès intenté contre ceux qui changent le sens des mots.
Je me marre
Enfin j’en pleure plutôt.
Car nos mots sont à mes yeux à réformer et quand je vois combien sont nombreux ceux qui brandissent la nécessité de les préserver dans leur temple, je me dis qu’on n’est pas sorti de l’auberge.
Mais mais mais, je sais aussi qu’il serait catastrophique de tout casser d’un coup. Nous avons besoin du mainstream avec sa viscosité-plasticité bien comprise, nous devons contribuer à le déplacer lentement, nous ne devons pas l’incendier sous peine de devenir tous des fous.
Le mainstream nous est indispensable
Si je nais sur une île en seule compagnie de loups, de rats ou de fourmis, ces derniers mainstreamant entre eux, je percevrais ce mainstream et je m’y collerais à 100% dans toute la mesure de ce que mon corps permettra.
Et je serais content selon le content que ce mainstream indiquera. Etant ultra minoritaire, je n’aurais pas idée d’influencer le mainstream mais les autres tiendront compte de ma bizarrerie puisque je ne peux pas exactement faire comme eux et le mainstream variera un petit peu vers moi.
Si j’arrive sur la même île à mon âge et avec ce que j’ai déjà comme concepts et percepts, pétri de mainstream (Français + Viet + mondial) je vais devenir d’abord très malheureux. Je fantasmerai (Espoir éveillé) de papoter au téléphone au moins avec Vandame, avec n’importe qui relevant de mon ancien mainstream.
Ma pensée ne se conservera pas en son état actuel plus d’une semaine. Au bout d’un mois, tout volera en éclats, en commençant par les concepts les plus asbtraits et parisianistes. Au bout d’un an il ne restera de ma pensée que deux trois alfas. Je ne saurais même plus compter.
Quant à parler, n’en parlons pas.
Si nous sommes deux naufragés, nous ne nous disputerons surtout pas. Quel que soit mon partenaire, il me sera hyper précieux.
(Mais à trois, tout passerait au contraire compliqué avec meurtre à la clef à moins que nous convenions immédiatement de nous interdire le triangle de Karpman)
Si je pige vite que cette situation d’isolé peut me rendre fou de détresse puis fou à lier ; je vais peut-être convenir d’adhérer sans manières et au plus vite au mainstream des bestioles que je trouverais. Ce sera alors une démarche hyper consciente
Mais je sens que ce sera très difficile et que mes chances de ne pas paniquer sont minces.
Il y a eu souvent des prisonniers se sachant emmurés à perpétuité, qui ont convenu d’adhérer au mainstream des cafards et qui s’en sont bien tirés. Il y en a un de ces prisonniers cafardés qui avait reçu la visite de son tortionnaire, à la Bastille je crois, et ce tortionnaire ayant compris l’intérêt du cafard pour ce damné, l’a écrasé. Ce prisonnier lui a dit « J’eusse préféré que vous eussiez cassé mon bras »
Il me semble possible qu’un Français pas trop gambergeur puisse supporter la solitude prolongée sans devenir fou, mais j’en doute déjà. Il lui faut au moins le mainstream de l’alcool.
Mais pour un gambergeur du genre Nietzsche, ce serait catastrophique de ne plus pouvoir se baigner régulièrement dans son mainstream originel. Les gambergeurs écrivent donc, ils ont besoin de cogner leur pensée sur quelque punching ball. Nous avons beaucoup plus besoin d’être contrariés que d’être compris.
(Gros sujet à aborder alors concernant les fous que nous isolons de nous)
(Le suicide est ici mal compris et pourrait être compris différemment mais il vaut mieux qu’il reste mal compris par le mainstream. Il ne doit être mieux compris qu’à titre individuel)
Un chien ne vivant plus que parmi des hommes, adhère au mainstream des hommes. Un canard aussi. Lorentz a bien étudié l’éthologie de quelques bestioles, mais il nous invitait implicitement à piger la nôtre d’éthologie
Le cheval a été un énorme partenaire de nos vies mais il était peu mainstreamable (alimentation trop différente, très délicate...). Il est beaucoup moins humanisable, domestiquable, qu’un cochon, qu’une souris.
Dès que nous n’en avons plus vu l’utilité, nous l’avons jeté. Sans quelques passionnés aux yeux mouillés de reconnaissance pour lui, il n’y en aurait plus. Et bien nous ne savons pas grand chose de son éthologie tant nous avons réduit ses possibilités de relationner entre chevaux.
Il va donc sans dire que je trouve absurde et dangereux le procès que nous faisons depuis 50 ans à notre mainstream. Dont j’ai déjà dit que chacun convient qu’il existe, qu’il est mauvais (en France) mais que nul ne sait définir.
Le mainstream nous est indispensable pour adosser notre pensée et la structurer. Il nous influence, il limite notre intelligence, mais c’est ainsi limité que nous nous sentons bien tout en ayant nos degrés de liberté pour vagabonder autour en faisant les malins.
Nous avons à nous en nourrir et à le nourrir.
Un mainstream mondial ?
Pourquoi pas, je n’en vois ni intérêt spécial ni inconvénient spécial. L’important c’est d’avoir une pensée limitée, adossée à des repères partagés (qui évoluent forcément) et de danser autour.
On ne peut pas danser dans le vide.
Il nous faut un plancher, une eau, un air, quelque chose qui nous porte et nous offre une portance.
Je suis donc opposé aux propositions de s’ermiter sinon en fin de vie, histoire de découvrir ce qu’est l’isolement, par curiosité.
Ce que le moment ultime avant la mort nous offre de toutes manières
J’ai déjà dit quelques choses sur le mot aposématique, mais je n’ai pas dit pourquoi je l’introduisais
Les biologistes qui ont inventé ce mot sont partis de l’idée de l’animal arborant des couleurs très voyantes procède d’une démarche inverse de celle plus commune des autres animaux. Les biologistes considèrent que les uns veulent se montrer alors que les autres veulent se camoufler. Dans les deux cas, les biologistes attribuent une volonté à l’animal, à la chose de la couleur. Ils disent donc que la couleur des dendrobates est aposématique. Le sens du mot est donc « Allure d’une chose qui veut avertir quelle est mortelle » . Mais implicitement, ces biologistes entendent que la couleur aposématique vise quelque cible, la couleur s’adresse aux prédateurs, elle ne s’adresse pas à la Lune. Ils entendent que c’est sur un prédateur que la couleur produit un effet terrifiant. Ils entendent que cette couleur est aposématique aux prédateurs mais certainement pas à la Lune ou aux partenaires. Cette couleur n’est pas aposématique absolue ou universelle.
Ce n’est que si nous introduisons ce mot dans le langage courant en insistant sur la non universalité de son effet, que ce sera intéressant.
Cela nous permettra de sortir un peu de « La Lune est belle » pour aller vers « La Lune m’est belle »
(Nos signalétiques en jaune et noir sont directement inspirées de certaines dendrobates et le rouge aussi. Etant entendu que nos spécialistes de la signalétique ont vu que leur choix collait bien avec notre culture et se sont moqués de savoir si ce choix était pertinent dans d’autres cultures. Etant également entendu qu’ils ont fait toutes sortes de tests de visibilité nuit jour, qu’ils ont vérifié quelles sont les longueurs d’onde du spectre visible qui atterrissaient sur notre rétine sans effort du cristallin. C’est parce qu’ils ont remarqué que les décors intérieurs étaient rarement vert qu’ils ont décidé que la signalétique de secours serait verte d’autant que ça collait bien avec nos sémaphores routiers)
Si nous nous mettions à utiliser ce mot qui sommeillait dans les tiroirs des biologistes, il pourrait nous aider à acquérir une nouvelle notion qui nous ferait mieux saisir ce qu’est le mainstream et comment chacun s’en inspire et y contribue.
Car pour l’instant, nous disons d’une chose qu’elle est terrifiante, diabolique, effrayante...Nous ne disons pas « Cette chose m’est effrayante, m’est diabolique, m’est terrifiante » . En oubliant d’ajouter le m’ , nous généralisons notre sentiment, nous imposons notre sentiment, nous le mainstreamons
Nous pourrions entreprendre le nettoyage des mots d’usage pour les démainstreamer mais ce serait très difficile. Nous ne pourrions pas nettoyer tout ce qui a déjà été écrit.
En utilisant un mot neuf et en insistant sur son sens individuel, nous pourrions nous offrir un appui externe au mainstream pour nous offrir une perspective sur lui.
Laissons donc les mots Terrible, Effrayant, Diabolique poursuivre leur carrière mainstreamante mais utilisons aposématique en insistant sur le fait que son effet effrayant se produit sur soi mais pas forcément sur un autre.
Il n’y aurait intérêt profond à utiliser aposématique que si nous ajoutons le m’
« Cette chose m’est aposématique »
Je ne doute pas qu’en dépit de cette précaution aposématique finira à terme par être mainstreamé donc utilisé sans m’ mais d’ici là, nous aurons profité d’une mise en prespective du mainstream
Pendant quelques années nous dirons non pas « Buerk, le violet aux lèvres est terrifant »
mais « Buerk, le violet aux lèvres m’est aposématique »
Plus tard nous dirons probablement « Buerk, le violet aux lèvres est aposématique »
Mais dans l’intervalle, nous aurons appris à faire la nuance entre nos sens et celui des autres, nous aurons appris à ne pas imposer nos percepts aux autres, à ne pas nous imposer mutuellement nos percepts
Et il faudrait bien entendu faire surgir d’autres mots ayant sens de « M’est agréable » « M’est pénible » « M’est caressant » ....
Bonjour à tous,
Je reprends le cours de nos explorations curieuses d’hier
Je vais parler sans maniérisme, sans politesses, en vous faisant donc confiance
Ça pourrait partir dans tous les sens, je n’ai pas de trame ou de ligne directrice en tête, j’improvise
Je vais poser des pavés séparés, en pas japonais.
De force, Alinéa, ils ont été américanisés de force, comme les peaux-Rouges qui ont survécu.
Bin vous voilà avec un beau papier de plus.
Bonne nuit à tous.
Demain je passerai dire un mot de Kurtz tel que Shawford et moi l’avons cité
Je réalise à l’instant quelque chose
Lorsque je vous explique le Con des Viets, mon ton est certes logos mais j’insiste sur les conséquences ethos pathos en sachant très bien comment les Français sentent les choses pour leur part.
Si j’avais expliqué les choses sans insister sur les conséquences entre Viets, vous auriez eu du mal à les réaliser. Vous n’auriez pas pensé au cas des orphelins par exemple.
Il y a des Indiens d’Amérique du Nord ignorant le temps (chronos) sinon d’un point de vue des cycles annuels. Quand on lit cette info de la part d’un ethnologue, on est instruit de ce qu’il nous dit on se croit cultivé mais on ne pige pas ce que ça peut avoir comme conséquences. On ne peut pas un instant se mettre à leur place.
On ne vit rien de neuf.
@ Volt
Bien entendu
J’adore Lacan pour tout dire
Mais en gros, tout ce que je lis qui sort de cerveaux français, CL Strauss compris, me rend à la fois heureux de voir des gens faisant des efforts pour piger le bidule humain mais triste qu’ils soient si méconnaissants des toutes autres visions possibles. (Minkowski c’est déjà mieux) Du coup, j’apprécie plutôt les PE Victor, les Malaury qui ont vraiment vécu à fond un contexte différent (et qui n’ont pas tiré des théories pour autant)
Une autre culture, ça ne peut pas se comprendre en sa position logos. Elle ne peut se comprendre que par l’ethos et le pathos, Il faut donc s’y impliquer. (et les curés d’ici ayant vécu là-bas, ont vraiment mieux compris que les ethnologues)
Quand j’oublie toute autre culture, j’acclame les grands penseurs français. Mais quand je pense selon d’autres cultures, ils me semblent Paris-centriques et je trouve qu’ils n’apportent rien aux Français sinon un resserrement sur eux-mêmes.
(On raille les Ricains qui ne savent pas situer la France. Un jour j’ai feint l’égaré et j’ai demandé à des passants, dans le métro Châtelet, où se trouvait le Manneken Pis. Ils m’ont tous indiqué quelque vague direction dans Paris jusqu’à ce que je tombe sur un Erasmus)
Je continue avec d’autres aspects du moi
Au Vietnam, il n’y a pas d’articles comme les nôtres.
Il n’y a déjà pas de pluriel ou de singulier
Il n’y a pas de masculin féminin (Dans le Monde, elles sont plutôt rares les langues qui genrent tout objet ou concept)
Tout végétal s’indique d’abord par Cay qui le précède en tant qu’article et ce mot Cay veut dire plante. Ensuite vient le mot désignant la sorte ou l’espèce de plante. Exemple Cay tre plante bambou.
Tout animal s’indique par Con (avec le O de notre coq) qui le précède en tant qu’article et qui veut dire animal. Vient ensuite l’espèce d’animal. Exemple Con cho animal chien
Or pour dire « La personne humaine » on dit Con nguoi....Il y a donc comme article précédent le mot nguoi (personne humaine) le même article Con qui précède n’importe quel animal. Même dans la forme la plus universitaire, Con précède les mots chien, éléphant, personne humaine, garçon, fille...
On ne peut pas se prétendre d’une autre nature qu’animale
Pire, quand on demande à quelqu’un combien il a d’enfants, on lui demande combien il a de Con, rien de plus. Con veut également dire enfant. Et comme les gens chérissent leurs enfants, on se retrouve avec le même mot Con tout seul qui veut dire enfant chéri que dans Con cho (le chien)
« Viens ici enfant chéri » se dit vient ici Con
Et pour faire bonne mesure
Toute personne se trouvant devant quelqu’un ayant à peu près l’âge de ses parents se désignera comme étant Con (donc enfant connoté chéri) et appellera cet aîné par un terme en Oncle ou Tante connoté chéri (D’où le fameux Oncle Ho Chi Minh)
Depuis l’animal le plus insignifiant au soldat devant son général en passant par l’enfant le plus chéri on retrouve le même Con (utilisé seul, tel quel, sans rien de plus dans les rapports sociaux et familiaux, alors qu’on y ajoute l’espèce d’animal quand il s’agit d’une bestiole ou de La personne humaine
Le moindre orphelin traînant dans la rue à vendre des allumettes sera appelé Con donc enfant chéri par tout le monde. C’est exactement le même mot et le même ton qu’emploie une mère pour appeler son enfant et un gamin des rues.
Le plus gentil des bisounours français qui parlerait à des Viets du Vietnam grâce à une sorte de traduction littérale, passera pour quelqu’un de très impoli mais comme ils en ont vu passer beaucoup des Français et parmi les plus arrogants, ils secoueront un peu la tête et c’est tout.
Le moi
Encore une curiosité.
Freud et Lacan en ont parlé différemment.
Et je pense que globalement, lorsqu’est né le concept de narcissisme, le moi nous est devenu aposématique (ainsi que le mot pédophile plus récemment)
Nonobstant les analystes et ce qu’ils en ont fait, le Moi ou le Je des Français a fortement changé de sens depuis Jeanne d’Arc (situation de départ) puis 1792 (roi des Français) puis Louis Philippe, puis Ferry (avec l’Ecole) puis le baby Boom, puis la contraception-avortement
Il est passé de Moi-le-serf-de-mon-seigneur à Moi-citoyen à Moi-individu. Le prénom étant placé avant le nom de la famille.
De nos jours, par exemple au Vietnam, le Moi est (sauf en Justice) un Moi-fils-de ou Moi cousin-de selon l’interlocuteur, ce qui rend les choses compliquées lorsqu’il y en a plusieurs.
Le Moi viet inclut un rattachement aux autres. Le nom de famille est placé avant le prénom.
Il peut donc sembler paradoxal qu’au Vietnam on dise Moi-fils-de j’ai lu un livre incluant le lien social mais que dans son contenu ontologique que je m’épuiserais vainement à expliquer ici tant il y a de matrices à changer, que cela veuille dire également « en toute autonomie décisionnelle », même quand c’est un petit bouchon qui le dit.
En France, le Moi ou le Je est devenu très individualiste mais on peut dire « J’ai lu » pour prétendre, plus tard, n’avoir lu que sous influence ou injonction
Au Vietnam, on peut très bien lire sur injonction mais on ne dit alors pas Je lis sans préciser par d’autres mots que c’est sur ordre.
Autant vous dire qu’au Vietnam, une femme ne peut pas prétendre avoir couché sur ordre si elle ne dispose pas d’arguments en béton. Mais dans le même temps, l’homme est également automatiquement responsabilisé. Il lui serait très difficile de prétendre qu’il a violé sur ordre ou incitation.
Alors que le Français se veut et se croit très individualiste (Oh la la surtout pas mouton, surtout pas comme les autres) le moindre Moi de quelqu’un d’autre le fait sursauter et il prépare son gun.
Au bilan il m’apparaît qu’ici nous avons tellement analysé (découpé, disséqué) les bestioles, les gens et les concepts, que tout se retrouve en pièces détachées et qu’il n’y ait plus de lien.
Concernant logos ethos pathos
Les philosophes Grecs et les scholastiques ont énormément développé le Logos (Sorbonne) pour produire le ton professoral (Ies profs, politiques, juges et docteurs sont absents de leur discours, on peut attaquer leur thèse pas leur personne. Sauf en religion mais c’est un autre chapitre)
Au Vietnam le logos qui existe vient d’un siècle d’occupation française. Les gens l’utilisent pour enseigner, pour écrire des articles de journal mais sur les forums, ça vire fortement à l’ethos pathos
Une chanson ce n’est pas « Les copains d’abord » c’est « Mes copains d’abord » . C’est un dialogue, disons une lettre entre une femme et son bien aimé au loin. C’est « Ne me quitte pas »
Les gens n’ont pas idée de dénoncer le moi de l’autre.
Les accusations que se lancent les gens donnent le plus souvent dans le « Tu racontes un mensonge » ou « Tu te vantes », (il n’y a pas de professionnalisation, pas de menteur ou voleur) ils ne peuvent pas verser dans « Tu es egocentrique » ou « Tu es un pervers narcissique »
Sur la professionalisation des perversions telles que menteur, voleur, il existe la forme « Tu es une personne qui ment/vole » ce qui n’est pas aussi professionnel qu’ici et surtout, l’accusation est précédée du mot personne.
Toute désignation, vraiment professionnelle ou pas, même pour un animal, même pour un fou, est forcément précédée de sa qualité et de sa dignité naturelle. Il n’est donc pas possible de dire de quelqu’un qu’il est inhumain.
Aposématique :
Il y a des bestioles, par exemple des grenouilles dendrobates, qui ont des couleurs Outchhhh !
On a l’impression qu’elles préviennent clairement « Si tu me touches, tu meurs » Et elles sont effectivement toxiques rien qu’au toucher.
Un panneau stop est rouge.
En Chine il n’aurait pas eu d’effet aposématique puisque c’est leur couleur du bonheur. Si l’on avait attendu après eux pour inventer les feux de circulation, il n’y aurait pas de rouge.
Ici, depuis les croisades vers le Levant, le rouge veut dire sang, tabou, interdit. (Pour les premières croisades de Charlemagne vers le nord la croix arborée était blanche)
Anglais puis Américains ayant convenu du rouge = sang aussi, l’Occident a fait les feux et stops en rouge. Et par standardisation nos choix se sont imposés à la Planète.
Le rouge nous est aposématique. Le jaune rayé noir oblique aussi.
Mais une morve sur votre cheval vous fera aussi un effet aposématique.
Chacun a ses aposématiques.
Regrettant qu’il n’y ait pas de mot d’usage pour dire d’une chose qu’elle nous fait dresser les poils sur la peau, j’ai extirpé puis étiré l’acception de ce mot que les biologistes se réservaient.
****** « Je tiendrais cet ouvrage pour excellent s’il plaît à quelques-uns, mais pour détestable s’il plaît à tous », ******
Il y a gros lièvre là-dessous.
Je doute qu’on fasse le tour de cette question ce soir.
Mais il me semble que cette attitude frondeuse, cette priorité absolue pour la fronde, est une curiosité française.
Je connais un peuple bien loin d’ici où nul n’irait à dire ça, où nul ne bouderait les messes. On s’en abstient parfois, peut-être autant qu’ici, mais on ne boude pas pour bouder, pour ne surtout pas faire comme les autres, pour se défendre d’être un mouton (le concept panurgique n’existant pas). Personne ne s’y fait traiter de mouton (ou alors localement, pas de masses moutonneuses).
C’est un pays où lorsqu’une personne, même un enfant, dit « J’ai lu un livre » le sens de son Je est tel qu’elle s’implique, se responsabilise très formellement. Ce qui n’est pas le cas en français où il est possible de prétendre, après coup, qu’on l’avait lu sous l’effet d’un ordre ou d’une recommandation
En France, le panurgisme est très mal vu (C’est peut-être pour ça que les élections font 50-50)
Du coup, le mainstream français est peut-être un des plus difficiles à déterminer.
Il existe, chacun en est certain mais dire en quoi il consiste, bouuuuh, trop difficile. Les uns prétendront qu’il contient le boboisme, les autres qu’il contient le gauchisme, d’autres encore l’affairisme, on entendra tout et son contraire.
Tous anti-panurgistes ça oui, ils en conviendraient sans trop de difficulté.
Résultat, ils sont, à ma connaissance, les seuls à détester leur mainstream tout en étant infoutu de le décrire.
Les Français sont tous dénonciateurs d’improbables moutons.
Que l’un d’eux vienne à dire que 20 millions de galettes des rois par an c’est du panurgisme et ce sera la ruine des boulanger dans les trois ans.
Sabine :
**** sauf que c’est ses idées que monsieur tout le monde publie (et répète), au lieu de son expérience, de son savoir, de sa sensibilité ****
Je n’aurais pas mieux dit
Mais ne l’aurais pas dit
Grâce à cet informe, lorsque je tombe sur un sentiment personnel, je le vois pépite et me sens en veine.
*** Je trouve les BD de Rahan très éclairantes sur le sujet.***
Et bien je vais m’abandonner au pathos en clamant que j’aime l’esprit de Rahan
****J’espère surtout à l’occasion vous voir venir recharcuter mes théories fumeuses****
P’tet plus tard mon ami, p’tet plus tard
Paske là, je ne suis plus que pansement.
Momie quoi
J’en serais à prendre à mon compte la lettre de Rimbaud à sa mère où il lui raconte son émiettement par le menu menu. (Dans quel état elle a dû se trouver en misant ça !)
Faut que je reprenne mes cachets
J’ai mis trop de temps à piger A4 A2.
Bien vu Volt, ça fait un joli codage d’initiés
Ooops, j’ai dû marcher sur la queue d’un Tabou
Rimbaud, poète plus penseur ; Prévert poète plus poète ; ça se discuterait sans faim.
J’ignorais (vraiment) qu’on livrait du Rimbaud aux mômes.
Si c’est le cas, tant mieux
Ils n’en pigeront pas la portée, le considéreront comme lu et n’y reviendront pas avant leurs 25 ans. C’est le meilleur moyen de désamorcer la bombe. Et puis ça dépend aussi de quel poème on leur sert
*** ...Mythe pédé *** je passe, pas la peine
Et nous sortons trop du sujet
**** Soyez bien assuré easy que je ne cherche en aucune façon à vous mettre mat ****
Réfléchissez à la chose du mat autrement et vous y devinerez sans peine le plaisir profond (qui ne peut pas faire surface, en tous cas pas tout de suite) que je peux ressentir, moi qui cadenasse tout comme l’avait pertinemment fait remarquer Volt
Allez, va pour un impromptu en allure d’aïku de Noël
En plein rêve j’ai pris mat
Mon château à reconstruire
Enfin !
Merci Shawford
*** (Et cachez bien Rimbaud, surtout la correspondance ou les proses, votre fils pourrait en prendre de la graine ) ***
Alinéa en fera ce qu’elle voudra, mais pour moi, ce que vous pointez ici m’est aposématique.
Je suis convaincu du très haut niveau de contamination-imprégnation possible des Rimbaud (sans doute parce que déifiés) sur l’esprit des jeunes et en particulier sur leur regards envers leurs parents à l’adolescence.
Les jeunes s’imprègnent plus facilement du regard d’un jeune penseur divinisé que de celui d’un vieux singe. Et là-dessus s’ajoute le fait que la forme poétique offre à chacun d’ajuster à l’envi et perpétuellement son interprétation.
Les Trente glorieuses ont limité l’effet rimbaldique mais il a ensuite explosé.
Heureux les peuples sans Rimbaud (En Asie, des peuples ont divinisé Hugo -Caodaïsme- mais aucun n’a adopté Rimbaud)
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