Détour original pour parler de l’esperanto
Mais pas convaincant.
Peu importe la qualité ou non d’un discours qui en ferait la promotion, il restera vain.
Il me semble que ses inventeurs ont dénié un fait sourd de l’humanité
Les hommes (et les bestioles sans doute) tiennent à un cloisonnement des communications (toutes les formes et moyens de communication)
Cette assertion peut sembler fausse, (d’autant que je crois être le seul à la poser) au regard des millions de personnes qui font l’effort d’apprendre une langue étrangère.
Le fait que des gens apprennent une autre langue signifie non pas qu’ils veulent pouvoir communiquer avec les locuteurs de cette langue mais le fait qu’ils veulent primo percer le code d’accès à ce groupe, secundo qu’ils veulent entrer dans ce club et faire alors partie des rares à y être entrés par mérite.
Le Vietnam fait les 3/4 de la surface de notre hexagone. Sur les 90 millions d’hab. 85 sont composés des Viets qu’on voit à Paris et qui parlent donc viet (selon trois déclinaisons selon qu’on vient du sud, du centre ou du nord). Les 5 autres millions, c’est 53 ethnies ayant côtoyé les Viets depuis la nuit des temps mais parlant chacune une langue particulière.
ILS NE VEULENT PAS parler la même langue.
Bon, dans ce genre de cas, on ne voit pas où se trouve la raison. On n’en voit pas de certaine. On ne peut que conjecturer.
En revanche, il existe des cas où le cloisonnement volontaire est bien mieux compris. C’est le cas au Tibet et au Népal où plein de gens n’ont d’autre activité que de commercer c’est à dire partir en caravane de yaks à travers monts et vaux et revenir avec de la marchandise introuvable sur place.
Dans chaque village, il y a déjà un dialecte mais au sein de chaque village, il y a encore des cloisonnements car les commerçants tiennent à pouvoir discuter affaires entre eux sans être compris des clients.
Pire, Ne voulant pas que d’autres commerçants, concurrents donc, comprennent leurs manigances, ils sur-cloisonnent encore. Ils sont alors parfois dix seulement à parler une langue très secrète.
De même que les Européens centraux apprenaient le français pour accéder au langage diplomatique, on n’apprend l’Anglais pour pouvoir conférencer et faire alors partie des initiés de la haute économie, non pour papoter avec les péquenots de l’Alabama
L’esperanto étant trop facile et étant proposé comme code commun unique (un seul club = zéro club) personne n’en veut.
Toute langue est initiatique et élitiste
(Les parisiennes du secteur Neuilly Passy parlent une langue bien à elles et elles détectent ainsi immédiatement qui n’est pas de leur société. C’est pareil entre gens de FO ou Lutte Ouvrière, c’est pareil entre médecins, entre avocats, entre psychanalystes. Et bien entendu entre caillera)
Ah un connaisseur de Vauban !
Concernant le côté militaire et même géopolitique, comme il s’agit de chose relevant d’un contexte particulier que nous ne pouvons facilement imaginer, je passe.
Mais c’est sur les autres aspects -plus facilement traduisibles en notre époque" que j’aurais aimé un max de documentation.
Essayez de nous montrer ce qu’il faisait en moyenne de déplacements mensuels ou annuels (j’ai lu une fois le kilométrage total qu’on lui accorde et c’est énorme).
Concernant la chaise à mules ou mulets, vous n’avez pas précisé que le problème de Vauban était particulier. Il existait des routes pour les voyages à plat. Et on y circulait en voitures à 4 roues avec force chevaux. Mais Vauban avait à se rendre constamment dans des nids d’aigle en tous cas sur des hauteurs non fréquentées qui n’étaient alors accessibles que par des sentiers. On ne pouvait les parcourir qu’à pied ou monté sur quelque animal.
Mais comme Vauban ne voulait pas perdre une minute et tenait à travailler en se déplaçant, il a réinventé la chaise à porteurs en version mules. Il y avait une mule devant, une autre derrière qui portaient ainsi les brancards de sa chaise (fermée). Il y avait probablement un conducteur qui marchait devant la mule de tête pour la diriger.
A comprendre alors que les voyages avec cette chaise ne valaient que de la ville la plus proche à la fortification. Les grandes distances s’effectuant probablement en voiture à 4 roues.
Si par hasard vous avez des chiffres de kilomètres parcourus par d’autres du genre Alexandre ou Napoléon, ce serait intéressant de comparer.
Est-il arrivé qu’un collaborateur soit assis en face de lui dans cette chaise (biplace alors) ?
Avait-il fait construire une chaise à mule dans chaque fortification ou faisait-il transporter une chaise unique de ville en ville ?.
Qu’en était-il des problèmes et de sa gestion du froid pendant ces déplacements ?
Est-ce que Louis XIV a mis parfois les pieds dans une de ces fortifications. Le roi a-t-il vu une fois la mer ? A-t-il une fois navigué ailleurs qu’à Versailles ?
@ Philalouer
Il est exact que je n’entre pas dans le débat d’une réorientation (volontaire) vers un mode de vie moins croissanciste (croissance au sens où l’entend WS) si c’est pour y dénier ce qui se passerait alors sur le plan des monte-charge et du métro, sur le plan des machines en fait.
Le concept d’une vie plus diogénique, je le connais depuis les premières harangues de Aguigui Mouna autour de Jussieu (Jussieu était, à raison, un des hauts lieux du monde où l’on critiquait le progrès technologique qui semblait faire complètement fi des conséquences écologiques)
Mouna était devenu clodo après et seulement après avoir créé plusieurs petites entreprises qui ont toutes failli. Il en était donc rendu à écrire à la craie sur les trottoirs « Je craie »
Amusant et dans la lignée parfaite des André Breton, Magrite, Deschamp, Tzara et autres Dali mais concrètement, que peut-on en faire sinon en rire.
Je connais donc ce concept et autant dire qu’il me séduit mais comme je n’avais pas vocation à faire fallite, peu de temps après Mouna, j’ai créé à mon tour des petites entreprises et elles n’ont jamais faire faillite.
J’ai beau être Mnong dans l’âme car éduqué par eux (d’ici ils ressemblent aux Hmongs mais vivaient nus à l’époque) j’ai également été éduqué par une Française et par l’école de Ferry où les élèves, dans la cour de récréation, ont constamment à la bouche, quand ils ont 7 ans « Nooooon, pas comme ça ».
Car en France il y a une bonne manière de faire les choses. Cette manière progresse ou change au fil des expériences mais à un moment donné, il n’y a qu’une seule bonne manière de faire qui soit reconnue par tous. D’où le fait que les Français soient champions du Monde même pour marcher, pour courir, pour nager alors que les Mnongs et les Papous n’ont pas cette obsession.
Partant d’une mentalité de Mnongs+Ferry, autant vous dire que j’ai constamment eu à faire le grand écart. et je sais sans doute mieux que beaucoup, ce que le progrès machiniste veut dire.
J’insiste sur les machines car c’est central de mon propos.
Alors que je suis de ceux qui peuvent s’en passer, je suis aussi de ceux qui les construisent ces machines et je sais donc à quel point elles ne fonctionnent que dans un contexte de progrès au sens de WS. Je sais d’expérience que dès qu’un contexte n’est plus exactement WSiste, la machine s’arrête.
Alors autant j’aime rêver à un monde tout en Mnongs, autant je sais que les Français n’y sont pas du tout préparés (Ils peuvent devenir Mnongs mais au bout de 10 générations)
Du coup, quand j’entends des néo Mouna rechanter des airs Mnongistes, sans rien redire sur leur chapitre, je crois utile de signaler qu’ils ne disent pas un mot sur les machines et je dis alors que le Mnongisme c’est très bien (à mes yeux) mais qu’il oblige à se passer de voitures, de monte-charges, de métro, de téléphone....
Il est donc vrai que je ne réponds pas à ce que vous dites mais je ne vous contredis pas non plus. Je parle de ce qui pour vous est un autre sujet alors que pour moi, c’est un aspect du sujet dont il faut parler aussi.
Ce que j’en dis, contrairement à ce que vous pourriez imaginer, n’est pas forcément contreproductif d’une orientation Mnongiste.
Il se pourrait qu’en prévenant les gens qu’il faudra se passer des machines, je les amène mieux que vous à considérer d’abord ce point (avant de s’ennivrer d’un rêve de verdure) et à se préparer à cette privation.
Vous ne disposez que de deux possibilités pour me faire fermer mon chapitre.
Soit vous démontrez que les machines peuvent fonctionner sans l’esprit de WS.
Soit vous démontrez que tous ceux qui se disent disposés à tourner le dos à la pensée WS sont prêts à se passer des machines.
@ Nicolas
Il existe effectivement une autre acception -non Julesverniste- au mot progrès.
Je connais cette acception comme tout le monde
En 1984, j’avais en charge l’organisation technique du salon Marjolaine. Les produits bios n’étaient pas ma tasse de thé mais je respectais ce petit monde. De stand en stand, chacun y allait de son couplet en progrès non julesverniste. Mais ce petit monde était comme les autres, marchand. Marchand et très mystificateur.
Ce petit monde du bio devait se garer au sous-sol et utilisait donc un très gros monte-charge pour accéder au salon. Tous les produits que les exposants vendaient sur leur stand passaient par ce monte-charge. Il y avait un escalier mais ils tenaient à prendre le monte-charge. « On ne va quand même pas se coltiner 500 kilos de marchandise par l’escalier, non ? »
Ce MC était hydraulique, pousssé par le dessous.avec un vérin. Il était souvent en panne. Surout quand on s’en servait. Et ce petit monde du bio rouspérait. Alors votre serviteur était constamment dans le cambouis pour faire fonctionner cet engin tout en aciers, chrome, nickel, alu, huiles de synthèse, molybdène, bakélite, téflon, cuivre, inox, polyméthyl métacrylate, fonte, polychlorure de vinyle ; graisses de synthèse, gaz rares, verre...
Les marchands et consommateurs de bio, je l’ai su très tôt ; ils adorent la technologie mais ils le dénient sauf quand c’est en panne.
Alors quand j’entends des projets bioéthiques, je dis OK, je ne disputerai pas vos fantasmes et je vous aiderai à les réaliser mais je vous signale que les usines (j’ai précisé au moins dix fois ce terme ici) ont besoin de croissance et progrès (au sens julesverniste) pour produire cette technologie dont vous ne savez pas vous passer.
Sans ce progrès, sans cette croissance (au sens où WS l’entend), vous produirez peut-être des salades bio très gouteuses mais vous aurez été très courageux car vous les aurez cultivées tout à la main, sans même un motoculteur et vous serez allé les vendre sur un marché en plein air, même en hiver, en étant aidé d’un cheval si vous en avez les moyens. Et vos enfants devront récolter des bouses de vache pour constituer de quoi chauffer le poêle de leur salle de classe où, éclairés à la bougie, ils écriront sur des tablettes d’argile avec un stylet de bois.
Cela pas du jour au lendemain, mais au terme de 50 ans. Et ne conjuguez plus les mots Internet ou téléphone au présent dès la semaine prochaine.
J’ai déjà évoqué les Amishs. Pensez donc à leur cas. Voilà des gens qui s’efforcent de se passer de toute technologie et qui produisent très peu d’ordures. Et bien si les usines n’étaient plus poussées par le progrès et la croissance selon l’acception de WS, ils verront leur confort diminuer. Ils s’y feront plus facilement que vous mais ils en souffriront.
Si dès aujourd’hui, vous êtes capable de vivre comme eux, vous tiendrez.
Alors allez-y, c’est accessible à tous.
Mais j’aurais aussi bien pu parler de ceux des Mongols ou Inuits qui n’ont aucun engin à moteur (ils ne sont pas nombreux dans ce cas)
Je conviens qu’il est difficile de répondre à 15 intervenants.
Alors on ne débat pas.
Alors chaque auteur monologue et AVox n’est qu’une collection d’éditos. Ce que je disais.
Et à propos de Zemmour qui est éditorialiste pour une part mais aussi débatteur pour une autre part, comparer ce que fait quelqu’un avec ce qu’il fait lui n’est pas caricaturer.
Les caricatures sont des anamorphoses, des transformations, des représentations déformées de personnes réelles.
Aucune personne réelle n’est une caricature.
Quand je dis que suite à un STOP nous irons inéluctablement à l’âge de pierre, je ne me contente pas de jeter cette assertion gratuitement. Je m’en explique et quand je dis pierre c’est vraiment pierre. Je peux facilement développer davantage encore cette assertion.
Et dans les considérations que j’ai faites ici, je suis parti du concept de croissance zéro, ce que j’appelle le STOP. Il va sans dire que si avec un simple STOP on ira déjà vers la pierre, avec une décroissance que certains préconisent, on s’y retrouvera encore plus vite.
Je n’ai pas répondu aux points de détails que vous avez évoqués parce qu’à mon sens, si dans un projet de société, quels qu’en soient les arguments de séduction, il est prévu un STOP de croissance, tout le matériel tombera en ruine dans les 50 ans.
Je tiens à souligner ce point matérialiste incontournable tant je sais nos concitoyens attachés à leur confort.
Se perdre en conjectures sur les autres aspects dont on n’a pas de certitudes d’autant que vous n’avez rien proposé de précis, alors que sur le plan matériel il est démontrable -mais vous n’en avez rien dit- que nous serons fatalement ramenés aux cavernes, me semble non seulement inutile mais aveuglant ou seulement merveilleux.
Si vous savez démontrer que les usines non portées par un concept de croissance, non poussées par une névrose du toujours plus et/ou toujours mieux, peuvent fournir indéfiniment les mêmes disjoncteurs différentiels et les mêmes ascenseurs de qualité 2012 ou 1950, cet aspect matérialiste étant réglé, vous pourrez, sans tromper personne, aborder des points plus philosophiques en « Quelle société voulons-nous ? »
Et encore n’ai-je évoqué en contrepoint que l’inéluctable chute du niveau de confort si l’on stoppait la croissance.
Toujours nonobstant l’argument démographique, le fait qu’un STOP (volontaire ou non) nous conduise inexorablement vers un niveau de confort Papou, nous obligera, le temps d’en arriver à leur stade de chasse et cueillette, à devoir travailler durement comme de nos jour seuls quelques uns travaillent.
Il y a 20 ans ; les sacs de ciment pesaient 50 kilos.
Combien d’entre vous ici ont déjà trimbalé des charges de cet ordre, trente fois par jour, 200 jours par an, pendant 30 ans ?
Il faudrait y penser car sans croissance fini les chariots élévateurs et les monte-charge.
Avez-vous seulement remarqué que les mineurs du charbon (et autres minerais) travaillaient dans une poussière maximale, 10h par jour, 300 jours par an, pendant 40 ans, sans masque ?
Or, un bête masque à poussières en papier nécessite plus de technologie pour le fabriquer qu’il n’en faut pour extraire du charbon à faible profondeur. ce genre de masque basique n’étant pas nanoparticulaire, il ne filtrerait pas les particules les plus dangeureuses. Tout en creusant les mines au pic comme nos grands-pères, il nous faudra des masques nano. Et pour fabriquer ces masques, pour vérifier qu’ils sont nano, bin il faut au minimum des microscopes électroniques.
Sans croissance il serait possible de retourner dans les mines avec des pics, des pelles, des lampes à flamme protégée (quand même) mais sans masque nano sur nos visages car les microscopes électroniques, on ne sait les produire que dans la croissance.
@ Caliméro et Philaouer, je vous ai répondu plus bas.
J’ai pourtant cru être clair.
La croissance, à mon sens, a existé depuis la nuit des temps pour les gens qui ont quitté le berceau de l’humanité.
La croissance, à mon sens, s’est fortement accélérée depuis un siècle (depuis que beaucoup de gens ont plus d’une paire de souliers)
La croissance, à mon sens, ne peut se poursuivre indéfiniment puisqu’elle est Terrivore.
Il faut donc penser à faire quelque chose pour autant qu’il nous semble ou qu’il soit exact que cette vieille croissance, nous l’avons voulue (et beaucoup la voudraient encore) et que si on l’a voulue, on peut la dévouloir.
Considérant que la croissance est voulue et qu’elle nous conduit à un mur, nous nous mettons à penser au minimum à un STOP au stade actuel. Donc au statut quo. Ca ne permettra peut-être pas de durer indéfiniment mais ça permettrait de durer plus longtemps et ce serait déjà une bonne chose.
Laissons toujours de côté l’argument démographique pour l’instant et ne raisonnons que sur la base de 7 milliards d’individus ou même 1 milliard comme en 1950. Ne considérons que les arguments techniques.
Jusque là, nous serions un petit paquet à être d’accord, moi compris.
Mais une fois cela convenu, je crois nécessaire d’ajouter que le « STOP on s’immobilise où nous en sommes en 2012 » (ou là où nous en étions en 1960 voire 1850) est malheureusement impossible.
Je dis que plus le niveau de progrès est élevé, plus le STOP en l’état est impossible. Autrement dit. Si l’on avait fait un STOP en l’an zéro, ça aurait été un peu difficile mais jouable. Si l’on avait fait un STOP en l’an 1000 ça aurait été plus difficile mais peut-être jouable. Mais faire un STOP en l’an 2012 et se maintenir comme ça c’est impossible.
Plus il y a de machine dans un système, plus il exige de la maintenance et cette maintenance que je connais peut-être mieux que la plupart des gens, exige de la croissance.
Un STOP et un maintien en l’état est supportable dans la zone dénuée de machine à énergie non animale ou électrique. Cf les Amishs.
Dès qu’on veut conserver une quelconque forme de machine à énergie autre qu’animale, c’est tout un pataquès industriel qu’il faut autour, en amont comme en aval. Et un pataquès industriel ne tient que s’il est animé par la fièvre du progrès. Quand bien même une usine conviendrait de ne produire à tout jamais que des Ford T, elle doit améliorer ses procédés et il s’ensuit une cascade de progrès qui ne peuvent s’entendre qu’avec de la croissance. Yaka se référer aux grandes heures de l’URSS pour le vérifier. Sans progrès, sans croissance, ses usines ne parvenaient même plus à fournir du dentifrice. Alors que le secteur spatial qui était très volontairement orienté en progrès et croissance savait pondre des fusées performantes.
Si vous êtes d’accord pour reculer aux époques sans aucune machine, le STOP est faisable. Mais pour nous qui sommes habitués aux machines, ça nous donnera nettement l’impression de revenir à l’âge de pierre.
Si vous voulez un STOP avec quelques machines, avec des chasses-d’eau comportant des matériaux synthétiques, avec de l’eau chaude et propre jailissant d’un robinet, c’est injouable et on se retrouvera inexorablement aux âges sans machines.
Il nous faudrait accepter de revenir aux aqueducs en pierre, aux tuyaux de plomb roulés à la main, aux puits avec corde et seau, aux routes pavées, aux rejets d’eaux usées en rivières, aux éclairages à l’huile et au chauffage à la bouse pour que le STOP soit à peu près jouable. Et bien entendu, il nous faudra revenir à la médecine dont avait bénéficié Louis XIV et nous passer d’Internet.
Les Amishs qui se débrouillent très bien avec des chevaux et des lampes à pétrole, ne s’occupent ni d’extraire ce pétrole lampant ni de fournir l’acier de leurs faucilles, ni de fabriquer le verre de leurs fenêtres ni d’élaborer les vaccins qui les protègent. Et ils utilisent le téléphone. Les Amishs, sans nous autres autour, ils ne pourraient pas tenir sous cette forme et seraient obligé de reculer vers l’âge de pierre.
Je crois que vous utilisez cent mille produits sans vous douter de la complexité des moyens qui sont mis en oeuvre pour les produire et de la dynamique de croissance nécessaire pour qu’ils puissent exister.
Je répète que pour ma part, je serais aussi bien à vivre à la manière des Papous, batailles comprises et cela parce que j’en ai l’habitude. Mais je doute que vous aimiez ça.
Ce qui ne veut évidement pas dire que vous ne seriez pas capables de vivre comme au Moyen-âge, mais ça veut dire que si on s’y retrouvait en l’espace de 10 ans, vous seriez fort dépités.
Peut-on reculer lentement afin de nous laisser le temps de nous habituer ?
Puisque ce serait un recul volontaire, on devrait pouvoir l’exécuter en bon ordre non ?
Bin non.
Dès qu’il n’y a plus de progrès-croissance au programme, dès qu’une usine est à zéro de croissance, les pièces qui tombent en panne ne peuvent plus être remplacées et il suffit d’un seul engrenage de cassé pour bloquer toute la production.
Or l’achat d’un engrenage nécessite impérativement de l’argent et cet argent ne peut pas être prélevé sur le bénéfice car il n’y a jamais de bénéfice sans croissance (Cf l’URSS encore).
Quand je parle de bénéfice ici, je parle de ce qui reste une fois tout le monde payé, patron compris. Pour débloquer 10 € pour acheter un engrenage, il faut emprunter, il faut obligatoirement une foi dans le progrès, dans la croissance.
Chez les Massaïs, l’air de rien, il y a déjà un principe de croissance. Ils espèrent tous avoir plus de bétail demain qu’hier. Du coup, il existe le prêt entre eux et ils utilisent de l’argent
Chez les Papous, il n’existe aucun principe de croissance. Même au niveau des bijoux, même au niveau des armes, le progrès, le mieux ne leur vient pas à l’esprit. Alors ils ne connaissent ni le prêt ni l’argent. Ils donnent éventuellement mais ne prêtent pas car il ne peut pas exister un espoir de retour sur investissement sans croissance ou progrès. Résultat, les Papous ont dix fois moins d’objets que les Massaïs qui n’en ont pourtant pas beaucoup par rapport à nous.
(J’ai passé mon enfance avec des gens vivant à peu près comme les Papous et j’ai adoré ça)
Planter un igname c’est investir. Et bien les primitifs ne plantent quasiment rien.
On peut alors se rabattre sur le fait que les riches patrons se gavent et qu’il suffirait qu’ils se gavent moins pour que les usines aient de quoi se payer un engrenage.
Un engrenage oui. Mais un groupe électrogène et des pompes énormes comme il a fallu soudain en fournir à Fukushima Daichi, non.
@ Nicolas
Je dis que le progrès (toujours apparent) fait la croissance.
Vous ne le croyez pas alors prouvez-le.
(5 roues là ou 4 suffisent, c’est de la caricature car personne, en dehors des Jacky, ne va à 5 roues quand 4 suffisent. On peut cependant modifier votre caricature et remplacer le mot roue par le mot voiture : quand une voiture par famille suffit, on ne doit pas passer à deux voitures. Voilà qui serait déjà moins caricatural car ça correspond à une certaine réalité. Mais la réalité c’est qu’il existe deux sortes d’excès. Il existe des gens qui ont 12 voitures pour leur seul usage personnel, laissons ces cas, ils ne pèsent rien au regard de la masse. Reste alors le cas des 2 voitures par foyer. Et là, ceux qui sont dans ce cas, vous démontreront qu’ils ne peuvent vraiment pas faire autrement. Quoi qu’il en soit, il peut y avoir un avantage à limiter par la force les objets multiples. Mais ce sera encore un détail par rapport au cas massif vers lequel nous nous dirigeons qui tend à une voiture par foyer, étant entendu que foyer singinfie souvent une seule personne. Raisonner sur la décroissance qui implique forcément la Planète entière oblige à éviter les cas marginaux)
Concernant votre dénigrement avec « primitif » . OK, j’accepte volontiers. Qualifiez mon esprit comme vous l’entendez, ça ne me dérange pas.
@ ALasverne
C’est ce que j’avais envisagé mais le stylo m’avait semblé irrégulier.
Je trouve que comme beaucoup des intervenants de ce site, vous pondez un papier en vous sentant en grâce d’inspiration, comme Zemmour le fait tous les jours, mais sans concevoir que le contenu soit mis en pièces, retourné dans tous les sens, donc vraiment débattu.
Vous semblez, comme tant d’autres, n’être disposé qu’à être lu et si commentaires il y a, vous aimez à ce qu’ils soient à l’acclamation.
Si d’aventure il y avait des contres, vous vous hâteriez de les botter en touche.
Ne serait-ce que sur ce site, les auteurs ayant vraiment envie de débattre d’un sujet sont rarissimes.
Il y a une région au monde où sont nés les orateurs, c’est par ici.
Or c’est également par ici que serait née quelque chose qu’on a nommée la démocratie.
Et que dit-on de notre démocratie en ce moment sinon qu’elle déçoit ?
Car elle a été dépassée par le discours devenu monologue.
Et ailleurs que fait-on dans le tipi, dans la case longue, dans la case à palabres ? On y pratique le véritable débat. Personne ne se lève un matin en se disant « Aujourd’hui, je suis inspiré, je vais pondre un discours merveilleux ». Personne, à moins de passer pour un tyran, ne décide seul. On dusctute. C’est ce qui fait cette allure indéterminée ou non tranchée des discours des asiatiqueset autres océaniens.
Il est possible que l’écriture ait contribué à la peversion de la discussion. Car si à l’oral il faut fondamentalement improviser, sauf à parler depuis une tribune (ce qu’on adore faire ici), le discours écrit et le livre ne laissent pas de place à la discussion.
Ici on écrit beaucoup. Les recueils de discours ou citations sont transmis de génération en génération et chacun rêve d’écrire de nouveaux Verrines.
Les fora sont une forme particulière de communication où en dépit de leur forme écrite, il devrait être possible de discuter. Mais hélas, même là, les auteurs cherchent à singer les éditorialistes et ne sont pas intéressés par la discussion.
Le sujet que vous abordez, très rebattu, est le plus important de tous en termes de prospective. Et sur ce sujet, il faudrait procéder holistiquement.
Parmi les options envisageables concernant notre futur, il y a effectivement celle du renoncement à la croissance.
Mais ce serait une telle révolution qu’il importe plus que jamais d’en examiner non les avantages car on les devine aisément, mais les inconvénients et d’abord les impossibilités. Il faut examiner comment et à quel point on peut renoncer (volontairement donc) à la croissance.
Partant du fait que la sitation actuelle, hors détails contextuels, est suffisamment confortable, les décroissancistes vont à dire qu’il suffirait de s’en tenir au niveau de vie actuelle.
Si c’était possible, ce serait assurément idéal. Il faut donc étudier cette option. Mais aussi attirante soit-elle, il ne faut pas commencer par se laisser ennivrer par la solution apparente avant d’avoir bien examiné les données du problème. Et les données, dans ce cas, sont en nombre incommensurable.
S’il se pointe quelqu’un disant que le statut quo lui semble impossible, qu’on ne peut que continuer la croissance suicidaire ou revenir à l’âge de pierre, il faut accorder attention à ce qu’il raconte et l’inviter à développer, non le dénigrer.
Car s’il avait raison, on serait fort marri de se retrouver à l’âge de pierre alors qu’on croyait possible de conserver le niveau de confort actuel.
Au strict minimum, avant de se mettre à Croire en la solution d’un Stop de croissance mondial, il faudrait déjà vérifier si dans les contrées qui peinent à faire de la croissance, le statut quo de confort est préservé ou si ça glisse du côté des cahutes et cavernes.
Sur un sujet aussi important que celui-là et touchant le Monde entier, il faut débattre très largement et humblement non pondre un billet un matin d’inspiration.
Que représente votre avatar à fond rouge andrinople ?
(le mien, trop petit, c’est l’intérieur du Mantrimandir d’Auroville)
C’est plus qu’une fois sur deux que dans les articles publiés ici ou ailleurs, il est écrit « Hors » à la place de « Or ». Généralement, je trouve que le sens de l’auteur se devine alors je fais comme ceux qui remarquent l’erreur sans la relever.
Mais cette fois-ci, parce que la mauvaise orthographe peut poser des problèmes de confusion de sens, je le fais remarquer.
Nous ne serions lus que par des agrégés de lettres modernes, les mauvaises orthographes seraient sans conséquences.
Or nous sommes le plus souvent lus par des non experts, par exemple par des anglo, sino ou arabophones. Il serait donc préférable qu’ils n’apprissent (mais on peut dire ou écrire « apprennent », ça fait moins pédant, moins sectaire et moins rigide) pas des erreurs.
J’estime que quand une faute est rarement commise, elle ne trompe personne et reste sans conséquence. Or ce contresens sur « Hors Vs Or » est si fréquent que de plus en plus de gens finiraient par douter du bon sens.
Sauf à m’être trompé sur le sens de votre phrase, vous auriez dû écrire
« »« »« Or « croissance » renvoie à « production », activité principale de l’entreprise. »« »« »
J’ai l’impression qu’ici, vous avez seulement manqué de concentration.
Mais si vous avez vraiment des difficultés pour vous en souvenir, je vous propose de vous caler sur Hors-la-Loi dont vous connaissez très bien l’orthographe et qui veut dire « en dehors de la loi ». Idem pour Hors-sol que vous savez très bien situer.
Ce Hors n’est donc pas à utiliser à la place de Or
Le sens de « Or » est proche de « Alors que » et marque le début d’une phrase faisant ressortir un contraste ou un argument contraire par rapport à la précédente.
(La confusion Voir Vs Voire, pourtant plus difficile à résoudre, me semble moins fréquente que celle sur Hors Vs Or. Au bilan, il m’apparaît que ce sont là les seules confusions ou fautes très fréquemment commises. Nous réglerions le problème que posent ces quatre mots, notre production écrite serait purgée de plus de la moitié de ses erreurs)
Sur le fond de votre article, sur le sujet de la croissance.
Vous semblez considérer que la croissance est un phénomène ou choix récent.
Je vous démontrerais facilement qu’elle a toujours été très marquée chez les peuples qui ont quitté le berceau de l’humanité.
Passer du silex au bronze, porter des chaussures, des vêtements, inventer la charrue, la roue, la pirogue, la voile, c’était déjà procéder d’un certain prométhéisme valant croissance.
Cette croissance s’est certes fortement accélérée à l’époque moderne mais elle a toujours fait partie de nos réflexes.
Il n’est pas du tout abusif de dire que refuser la croissance reviendrait à retourner à l’âge de pierre.
On pourrait dire « Stop à la croissance » signifie arrêt de la croissance mais maintien du niveau de confort actuel.
Or, le niveau de confort actuel est obtenu par des choses et démarches bourrées de défauts ou d’inconvénients.
Il est impossible de constater ces inconvénients (par exemple l’accumulation des ordures ou la présence de plomb dans l’eau) sans chercher à les réduire. Et réduire les inconvénients revient très automatiquement à viser le progrès et à fabriquer de la croissance.
Une fois qu’on résulte de la croissance, qu’on est fruit de croissance, il est techniquement impossible de rester immobile. La France immobile c’est 100% des robinets et ballons d’eau chaude, c’est 100% des chasses d’eau, c’est 100% des routes, 100% des écoles et des hôpitaux qui sont inutilisables dans 50 ans. Les gens qui ne sont pas dans le concret ne réalisent pas la quantité énorme d’entretien (et donc de dévoration de la Planète) qu’exige l’état actuel pour être maintenu en bon état de marche.
Pourfendre la croissance, c’est refuser toute démarche de progrès (démarche irrémédiablement bourrée de nouveaux défauts qu’il faudra résoudre) et ne peut conduire qu’à une régression vers l’âge de pierre.
En un éclair, ceux de nos concitoyens qui ne parviennent pas à jouer le jeu du progrès (aussi illusoire soit-il), se retrouvent clodos et ramenés à l’âge des cavernes s’il n’y avait un ou deux secours.
Il existe un niveau de bas confort qui est viable et durable. C’est le niveau de bas confort que pratiquent par exemple les Massaïs, les Dogons ou les Papous. Il nous faudrait reculer jusqu’à ce niveau de vie là pour atteindre le niveau durable. En ce qui me concerne, ayant vécu cette vie primitive, je suis tout disposé à y retourner (et je ferais l’impasse tant sur les vaccins que sur les dentistes. Même le savon je m’en passerais)
Mais je doute que Pierre Rabbi qui n’a jamais connu ça ait envie de descendre jusque là.
Il faut vraiment devenir très familier de la mort et de la souffrance physique, très fataliste aussi, pour accepter la vie primitive.
Dès qu’on refuse la grêle, la faim, les sangsues et les moustiques, dès qu’on a le réflexe de les combattre, on passe prométhéen et on démarre la croissance, la dévoration de la Planète.
Il est possible, probable, que le moment actuel soit celui où il serait encore possible de revenir )à l’âge de pierre ( je zappe sur les arguments démographiques). Car dans 3 siècles, à la cadence que nous impose le principe millénaire de la croissance, la Planète sera en si mauvais état qu’aucun Papou ne pourra survivre.
Si l’on veut stopper la croissance, donc revenir à l’âge de pierre, c’est encore possible maintenant.
Mais combien de nos SDF vivent absolument sans secours, miettes, déchets ou cartons issus de notre système croissant ?
Combien d’entre nous sont vraiment retournés à la jungle ?
(J’ai un cousin germain qui l’a fait, qui est parti vivre en Amazonie. Il n’a pas tenu deux ans. Mais je crois qu’il a raté sa conversion parce qu’il était resté absolument seul. Il faut vivre en groupe)
Lui, il a dit une fois « Je suis quelqu’un de normal »
Vous, vous faites partie des innombrables qui remettent cette assertion banale sur la table.
Le « Normal » si on veut en discuter, on doit le faire hors cette assertion de Hollande et le tapage que certains en font. Où l’on redécouvrira alors que « Normal » est un mot fourre-tout à qui l’on peut faire dire tout ce qu’on veut.
Ce n’est pas Hollande qui peut définir à lui seul et par son attitude, le sens de « normal »
Vibrant.
J’apprécie.
Je ne suis pas Grec.
Je m’offre à la porosité, à la compréhension sur ce sujet qui m’afflige et pour lequel je n’ai pas de certitudes.
Ce drame me fait penser à la sortie de la colonisation.
La sortie de la colonisation, même celle qui avait été très formalisée, l’évacuation de l’Indochine en 1954 suite à une défaite irréfragable, avait fait surgir des réactions paradoxales. Certes il y avait des ex colonisés qui étaient ivres de joie (sur le coup en tous cas) mais il y en avait aussi énormément qui pleuraient en « Quoi ? Vous partez ? Vous nous abandonnez ? »
Et la France défaite de leur répondre « Certes, nous partons, m’enfin c’est vous qui l’avez voulu »
Jeu de la patate chaude, du renvoi des responsabilités.
Toutes les histoires dans le genre démontrent qu’il y avait matière à réfléchir à une nouvelle sorte de responsabilité.
Nouvelle responsabilité qu’avait formulée Saint Exupéry « On est responsable à tout jamais de ce qu’on a apprivoisé ». Mais il ne l’avait pas explicitée
Prenons un groupe de joueurs au casino. Ils ont l’habitude de jouer gros. Un d’eux est régulièrement accompagné par un ami bien trop pauvre pour jouer de telles sommes et qui se contente de regarder (A part ça il est content de sa vie modeste)
Mais pris par je ne sais quel élan prométhéen, l’ami riche insiste pour que son ami pauvre ose participer au jeu « T’inquiète pas, tout va bien se passer. Je te conseillerai »
Et voilà le pauvre qui joue à cette grosse table. Il pète de trouille mais il est fier de faire partie de ce groupe.
Il perd
Il se serait bien retiré aussitôt mais son ami (qui se sent fautif et qui cherche à se voiler la face) insiste encore. « Mais non, garde ton sang froid. Tiens, je t’avance de l’argent. Ca ira mieux, tu verras »
Ce tissage d’une toile d’aliénations (réciproques, faut pas croire) ne permet pas au pauvre de se retirer. Et il se ruine.
Ensuite ?
C’est là que devrait intervenir l’assertion de Saint Exupéry.
C’est là que l’ami riche devrait prendre ses responsabilités d’apprivoiseur et nourrir à vie celui qu’il a rendu dépendant.
Les pionniers américains avaient repoussé, exterminés ou parqués les natifs mais n’avaient pas eu l’idée de les convertir culturellement. Ces pionniers ne voulaient conquérir que des terres.
Différemment, les hussards de Ferry voulaient conquérir les esprits. Dans nos colonies, les indigènes (sans majuscule, c’est pas la peine) étaient obligés de renoncer à la langue originelle et apprenaient que leurs ancêtres étaient des Gaulois. Tous les convertis ou francisés ont forcément et progressivement aimé la culture française, les manières, les modes, la littérature.
Lors de la décolonisation, ces apprivoisés se sont retrouvés cocus. (et quelques fois massacrés par les nationalistes ou indépendantistes)
C’est cela qui a produit le phénomène boat people.
En prenant des risques extrêmes, certains des apprivoisés ont atteint les rivages de la France et ils ont été souvent admis à bord. Idem avec les EU quand les Viets ont pu s’installer à San Diego.
Mais il leur fallait risquer leur vie pour se faire accepter à bord du Navire mère.
Que de douleurs !
(je suis autant d’un pays très pauvre que d’un pays très riche alors je ne fais mon assise ni du développement ni du primitif. On peut me traiter de l’un ou de l’autre, ça m’indiffère)
Concernant la Grèce
Il se pourrait que dans les premiers temps de l’Europe, la Grèce ait été invitée, fortement invitée, à participer à la réunion. Ces Monnetistes qui rêvaient probablement de constituer une belle carte européenne toute d’une seule couleur, sans allure mitée, avec une seule frontière périphérique tout au loin, au plus loin possible, avaient probablement insisté auprès des Grecs en exposant des arguments de légitimité historiques et géographiques, en éludant alors les incompatiblités techniques, économiques ou culturelles éventuelles.
Il est certain qu’il devait exister des points noirs mais je ne me souviens pas en avoir entendu parler.
La Grèce se serait donc retrouvée embarquée, avec plaisir et fierté, dans un jeu où les mises étaient trop grosses pour elle.
Quand je dis que la Grèce n’était probablement pas de taille, je le dis sans jugement de valeur. Je ne suis pas de ceux qui méprisent les petits, les simples et les ignares.
Il faut sortir des complexes soit de supériorité soit d’infériorité pour convenir sans honte ni arrogance, sans aucun complexe donc, qu’il y a des parties où seuls les gros joueurs devraient participer. Les autres devant rester en retrait prudent.
C’est sans complexe que les Grecs devraient (si c’est bien le cas) admettre que la partie avait été trop grosse pour eux. Ils devraient s’en prendre d’une part à leur prétentions d’alors, à leur manque de raison ou modestie d’alors et s’en prendre également à ceux des Européens riches et puissants qui les avaient poussés ou encouragés à participer à un jeu aussi pointu.
Dans le cas de la colonisation, les indigènes n’avaient vraiment pas le choix. Ils ont été absolument contraints de jouer le jeu du puissant envahisseur.
Dans le cas de la participation de la Grèce à l’Europe, les Grecs n’étaient pas obligés. Ils se sont retrouvés en Pinocchio séduit par le Chat et le Renard. Pinocchio était certes libre de refuser le jeu mais, c’est le propre de la manipulation et de la séduction qui sait éveiller la cupidité d’une cible pour en tirer profit, il n’a pas pu résister à la tentation de la richesse.
Les Madoff font de même. Ils visent pourtant des gens fortunés et avertis. Mais ils parviennent à exciter la cupidité à un tel point que la vigilance de leurs cibles diminue et elles se font rouler dans la farine. Comment les victimes des Madoff peuvent-elles se plaindre ? Tout le monde leur rira au nez en les renvoyant à leur cupidité. Ils ne leur reste donc plus qu’à assumer leur ruine.
Je peux me tromper concernant le dosage mais il s’était forcément passé quelque chose dans ce genre lors de l’entrée de la Grèce.
Maintenant que les jeux sont faits, qu’on ne peut plus rien cacher du dessous des cartes et que la Grèce se retrouve ruinée en termes de crédibilité, invoquer la responsabilité de ceux qui l’ont apprivoisée n’est possible que dans une certaine mesure puisque la Grèce se prétendait adulte, savait philosopher et réfléchir, puisqu’elle se disait consentante, ajoutons éclairée pour faire bonne mesure.
Il y aurait à dire sur « éclairée » Beaucoup à dire.
Et à redire aussi. Car même parmi les gros joueurs, lequel savait d’avance ce qui pouvait se produire de désastreux ? Qui s’était douté qu’un membre pouvait faire faillite ? Qui pouvait prédire des taux d’emprunt aussi élevés et une croissance aussi faible ?
Au fond, aucun des joueurs ne peut être considéré comme ayant été à l’époque, très parfaitement éclairé et conscient des risques.
N’empêche qu’en tenant compte du meilleur partage possible des responsabilités, le principe de la responsabilité des apprivoiseurs-séducteurs doit être évoqué.
Ce qui veut dire que si honte il devait y avoir, elle devrait être partagée par tous les joueurs.
Si ruine il y a, elle devrait être partagée par tous les joueurs.
Les autres joueurs ne peuvent pas se débarrasser de leur responsabilité en disant Grexit
Mais je serais Grec, je le dirais ce mot.
Je ne serais pas du tout malheureux de revenir aux chèvres et aux olives.
Après une telle expérience, les miroirs aux alouettes me laisseraient froid et je préférerais ma petite misère bien comprise.
Hélas, vous l’affirmez, bien des Grecs refusent un retour au pastoral. Ils refusent de renoncer au rêve de villas avec piscine. Ils refusent de ne plus pouvoir rouler en voiture et de devoir se contenter d’ânes ou de bicyclettes. Ils refusent que leurs enfants ne puissent aspirer à une belle réussite. Ils refusent un enseignement de misère et un isolement des progrès technologiques.
Et ils seraient donc susceptibles de se laisser tenter par des illusionnistes extrémistes.
Ouille !
Car en ce cas, même moi qui apprécie la misère matérielle, je fuirais le coin.
Si ce risque existe vraiment et vous semblez en livrer la preuve (il serait abusif d’agiter le spectre de l’extrémisme pour faire peur), alors l’Europe ne doit pas laisser tomber la Grèce. Ca vaut le coup de faire un effort collectif pour effacer l’ardoise grecque afin qu’elle reste démocratique.
Mais quid de l’après ?
Même ardoise partagée entre les joueurs, que va devenir la Grèce dans un jeu où ce sont les plus prométhéens, ceux qui inventent des concepts et formules, ceux qui déposent des brevets, qui s’en sortent le mieux (dans les régions sans ressources naturelles abondantes) ?
Peut-être faut-il deux sortes de périmètres à l’Europe. Un premier qui serait géopolitique et où même les pays les plus arriérés (chez moi ce n’est pas péjoratif et je ne m’embarasse pas de guillemets) pourraient entrer. Un second qui serait économique et monétaire où seuls les plus prométhéens pourraient jouer.
Enfin, sur ce sujet, ce qui stérilise les débats ce sont les réactions en « Que vous êtes méprisants ou arrogants ! » quand elles en restent là, quand elles ne démontrent pas qu’au contraire, la Grèce est performante au sens où l’entendent les marchés des capitaux.
S’il n’est pas possible de dire les faiblesses structurelles de la Grèce (qui existaient il y a 30 ans et qu’il aurait fallu considérer en premier rang, non en dernier) parce qu’en les exposant on se fait traiter de prétentieux, sans se voir opposer des contre arguments prouvant que la Grèce est aussi forte que les autres joueurs, alors on ne peut pas en débattre.
Et c’est bien ce qui est en train de se produire.
Par exemple, le fait que Christine Lagarde rappelle aux Grecs -en lettre ouverte- qu’ils doivent commencer par payer leurs impôts, est effectivement inutile, humiliant et elle n’avait pas à dire ça. Mais pour autant, se servir de cette bêtise pour interdire ou castrer toute assertion établissant que la Grèce n’avait pas à jouer à une telle table, empêche définitivement d’entreprendre une analyse sérieuse des causes et effets.
Ou alors, il faudrait utiliser des formules tellements euphémisées ou alambiquées que personne ne verra la moindre pertinence à une telle étude.
Il faut pourtant bien en faire une d’étude sur cette catastrophe.
Il faut pourtant bien qu’on sache ce qui a foiré dans cette association.
Car d’autres catastrophes peuvent survenir qui pourraient être évitées si on savait quoi vérifier ou mesurer.
Il faudrait qu’on puisse débattre des systèmes économico-financiers et des différences entre les pays sans que les esprits soient d’abord hystérisés sur des questions d’amour propre ou de fierté.
« Quoi ? Parce qu’on dépose moins de brevets que vous, vous nous prenez pour des idiots, des incapables, des insolvables ? »
Si ça ce n’est pas de la panaroïa, ça y ressemble déjà trop pour discuter librement.
Je serais un Grec endetté d’avant la crise et surendetté depuis, je serais seulement pragmatique, je ferais tout mon possible pour que la dette nationale soit reniée.
Je serais non endetté mais désormais accablé d’impôts, je ferais pareil.
Je serais riche soudainement poursuivi par le fisc, je ferais pareil.
Je serais riche pas spécialement coincé par les nouvelles dispositions, je ne viserais pas le reniement de la dette et je resterais pour profiter des opportunités.
Si la majorité des Grecs sont aussi pragmatiques, ils iront au reniement de la dette et s’ils échouent, ils partiront. La dette se sera alors jamais remboursée mais la Grèce sera en partie saisie (elle a un ratio patrimoine / endettement beaucoup plus élevé que la France, les EU ou l’Allemagne)
Pour éviter cette dépossession financièrement logique mais patriotiquement absurde, les autorités grecques renieront très probablement la dette.
la Grèce redeviendrait alors un pays de chèvres, d’oliviers et d’accueil touristique et ça lui siéra mieux. C’est moi qui partirais alors d’ici pour aller y vivre.
Les EU sont un pays fondé sur un concept de conquête de l’espace (Américain). Espace semblant offrir des ressources naturelles, des dispositions agricoles et pastorales...
La France est un pays fondé sur un concept de conquête des esprits (du Monde entier). Dans la colonisation, le poids de la France sur les colonisés était surtout intellectuel, culturel.
L’Angleterre, l’Allemagne, idem que la France. Il y a en Europe quelques pays qui ont l’habitude de valoriser leurs pensées. Ce sont ces pays qui ont aujourd’hui un ratio patrimoine/dette plutôt bas. On leur prête beaucoup sur la seule confiance en leur capacité à vendre des idées.
Mais la Grèce n’est ni un pays conçu autour d’une conquête d’espace (à moins de remonter à deux mille ans plus tôt, comme pour la Perse et l’Egypte) ni un pays habitué à valoriser ses idées (comme pour Suez et Panama, c’est un Français qui a lancé l’idée de creuser le canal de Corinthe)
Elle a un ratio patrimoine / dette élevé mais aujourd’hui, vous l’avez souligné, les financiers vont surtout aux concepteurs (Facebook, Google...)
Dès 1492, plusieurs pays d’Europe ont disputé à la France la couronne de la conception. L’Autriche, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, la Russie, la Hollande, la Suède, le Danemark, la Pologne. Voilà le groupe de pays qui ont de bonnes raisons de former communauté d’intérêts.
La Grèce n’était pas de ce concours. Elle n’avait donc rien à faire dans notre groupe en dépit de son rôle éminent dans l’Antiquité et dans notre langue (en dépit aussi de sa présence dès les premières heures du CERN).
Actuellement l’Espagne est plantée mais au contraire de la Grèce, elle l’est d’avoir eu trop d’idées (peut-être pas assez novatrices). En ayant des idées et surtout de l’allant pour se doter d’un énorme parc d’immobilier de tourisme accompagné de toutes sortes de piscines et manèges, elle s’est plantée d’un point de vue marketing. Elle serait allée trop vite, de manière trop euphorique et imprudente.
Elle est donc dans une situation très grave mais à son manque de haute technicité près (14 ème rang européen en terme de nombre de brevets par habitant), elle est des pays européens qui se distinguent par leurs créations prométhéennes. Elle fait donc bien partie de notre groupe.
Les européistes à la Monnet d’après guerres ont été, je pense, trop obnubilés par le mariage entre tous les pays d’Europe afin de réaliser une belle et grande carte en une seule pièce. Ils ont été séduits par le concept d’union totale, par l’esthétique de la pièce unique et aussi par l’idée d’une seule frontière périphérique (la France n’ayant plus à s’en préoccuper directement).
Ils auraient été plus pragmatiques, ils auraient accepté l’idée d’une carte léopard ou mitée, ils auraient sélectionné plus finement les bons partenaires.
Vous n’êtes pas objective ou scientifique.
Si la cosmétisation en bucolique était la soluce marketing, tous les produits alimentaires seraient ainsi parés.
Or ce n’est pas le cas et de très loin. En France.
Ce n’est pas parce qu’ici et là on peut trouver la photo d’une fraise ou d’une meule de foin que ça prouve une tendance au bucolisme. Ca prouve seulement qu’il y a quelques marchands qui croient encore que ça produit de l’effet.
Le fait même de l’explosion des boisson cosmétisées énergisantes prouve ce que je dis.
Quand plus de 70 % des produits ne sont pas bucolisés, quand ils sont au contraire undergroundés, même dans l’alimentaire, peut-être bientôt dans le rayon hygiène, quand d’autre part très peu sont greenwashés, ça veut dire que la tendance est à l’urbain et à l’urbain sombre, non au bucolique.
Rien, absolument rien n’aurait empêché les fabricants de bucoliser les chaussures de marche, les planches à voile, les surfs, les VTT, les motos cross, les parapentes, les quad, les 4x4, les string. Au contraire, certains les y attendaient ainsi travestis tant ça leur semblait logique.
Le fait est que tout ça est au contraire paré urbain.
Des pubs avec des voitures circulant en campagne ? Même pas en rêve.
M’enfin, si vous tenez à prendre pour courant majoritaire ce qui n’est que minoritaire, c’est probablement que vous en avez besoin.
(Sur cette file qui devrait pourtant les attirer, sauf à ce qu’ils rappliquent maintenant pour me faire mentir, minoritaires sont ceux qui ont, comme vous, un avatar bucolisé. Plus nombreux sont ceux qui versent dans le street art, le tag, l’urbain et l’underground)
Je ne vous disputerai rien.
Mais je tiens à mentionner quelque chose qui a forcément une incidence dans ce sujet : Le Crédit Impôt Recherche
Depuis 1983 l’Etat s’est mis à rembourser 25% des dépenses en RD des entreprises. Il y avait des idées de grandeur dans l’air, la France devait pondre des brevets en veux-tu en voilà, il fallait donc soutenir les entreprises dans leurs dépenses en RD.
Plus exactement, ce remboursement des 25% était OK pour la première année mais l’année suivante, les entreprises qui en avaient bénéficié ne pouvaient obtenir un remboursement de 25% que sur leurs surdépenses ./. à l’année précédente.
1 million de dépensés chaque année en RD n’offrait qu’un seul remboursement de 250 000 la première année ensuite plus rien. Pour profiter chaque année de cette subvention, il fallait dépenser de plus en plus en RD.
D’autres pays en ont fait à peu près autant.
Pour présenter son dossier de remboursement à l’Etat, l’entreprise doit montrer que ses dépenses exposées sont 100% relatives à la RD. Il n’est en principe pas question de se faire rembourser l’achat ou l’amortissement d’un chariot élévateur qui sert en réalité à la production. Pas question non plus de se faire rembourser les salaires d’un ingénieur ou jardinier qui bosse en réalité à la production ou au commercial.
Les entreprises ont donc rusé pour faire glisser des dépenses de production ou de marketing dans le poste RD afin de se les faire rembourser. (Même des ratés de productions ont été affectés en « essais de RD »
Mais en 2006, parce que les entreprises dépensant chaque année le même budget en RD protestaient de n’être plus aidées, on a convenu de les rembourser sur la base de leurs dépenses, peu importe qu’elles soient en hausse, égales ou en baisse.
Nous étions le seul pays à être si généreux et bien des étrangers ont trouvé intéressant de s’installer ici.
Pire.
Jusque là, même après 2006, les montants de remboursement étaient plafonnés (disons à 100 millions d’Euros par entreprise et par an)
Or après 2006, les remboursements ont été déplafonnés.
Pire encore.
Ce n’était plus 25% que l’Etat remboursait aux entreprises mais 50% !
En somme, si chaque année Aventis dépensait un total de 800 millions en RD, l’Etat lui envoyait un chèque de 400 millions.
Il y a même eu des possibilités de se faire rembourser par l’Etat avant d’avoir effectué la dépense !
Ce remboursement par l’Etat s’effectue au vu du rapport des dépenses en RD que lui remet l’entreprise. Comme c’est très technique, personne à Bercy n’étant assez compétent pour comprendre la différence d’usage entre 100 kilos de barydisulfate et 20 grammes d’hydroxynucléoazimuthé, Bercy signe des chèques les yeux bandés.
Un PDG peut placer un bon ami à une place bien grasse en RD, même si elle est archi fictive, Bercy ne peut rien redire. Quand un patron a une bonne paire de pantoufles à offrir à quelqu’un c’est en RD puisque son salaire, ses déplacements, ses voyages « de recherche » tout y sera remboursé à 50% par l’Etat.
Quand l’équipe très spéciale (externe souvent), constitue le dossier de CIR annuel, elle peut inscrire sur la liste des dépenses de RD une poignée de directeurs parfaitement déclarés et régularisés à l’URSAFF, qui disposent d’un bon contrat de travail, mais qui n’ont jamais mis les pieds ni en RD ni même dans l’entreprise. Ce rapport n’étant lu par personne que le PDG de l’entreprise, étant envoyé directement à Bercy, personne de l’entreprise ne peut dire « C’est bizarre, ce directeur là , je ne l’ai jamais vu en RD »
Bercy peut poursuivre avec pugnacité un patron pour un plein d’essence effectué un WE mais capituler complètement devant un dossier de demande de remboursement RD pesant 1 milliard. Et Bercy d’avouer piteusement que le CIR n’est pas sur son axe de vérification. On s’en serait douté.
L’Etat subventionnait donc 50 % de la RD française qui, ainsi engraissée, ne recherchait probablement plus autre chose que de nouvelles pantoufles.
Vous imaginez bien que l’Etat finançant aussi généreusement la recherche ne pouvait pas, en plus, continuer d’accepter de rembourser les médocs issus de cette recherche quel qu’en fût leur prix.
Il y a eu énormément d’abus. Mais comme les seuls qui pourraient nous les révéler sont ces personnels qui bossaient à la RD et qui en profitaient, nous n’en saurons jamais rien.
Toujours est-il qu’en 2011, il y a eu réforme de ce principe, resserrrage de vis et que la nouvelle donne du CIR a forcément joué dans les calculs des entreprises et en tout premier lieu de celles de la pharmacie.
Mon impression sur nos magasins et produits alimentaires c’est qu’ils n’affichent que très peu de bucolique.
Il m’apparaît qu’au contraire, les industries nous habituent de plus en plus à l’industriel.
Des pizzas surgelées, il s’en vend des millions. Pas un seul emballage n’évoque quoi que ce soit de bucolique. On y voit la photo d’un produit assez parfaitement industriel
Enormément de produits laitiers ne montrent aucune sorte de vache ou de campagne.
Quelle bouteille de boisson nous présente quelque chose de bucolique ? Au contraire, elles foncent droit vers quelque chose d’urbain : Coca. Et même underground : Monster)
Une image de berger ou de cochon sur un saucisson, ça devient difficile à trouver.
Belle des champs, La mère Denis, c’est fini et Bonne Maman fatigue.
Et ils auraient bien tort les publicitaires de persister dans le bucolique car les nouvelles générations sont citadines. Elles ignorent le cuir et bientôt le coton. Elles ne jurent plus que par les matériaux synthétiques. Les mariages ne se font plus dans des fermes mais sur le boulevard périphérique. Quant aux magasins de fringues ils deviennent noirs comme des discothèques où les écrans des smartphones remplacent les boules à facettes.
Pour l’instant, il est encore difficile de produire des pastèques cubiques mais dès que ce sera possible, les gens se jetteront dessus.
Vous vous trompez, l’industrie alimentaire fait très peu d’efforts pour se déguiser. Il lui est bien plus simple de nous faire avaler des poissons carrés et si elle pouvait produire des frites fluos qui font des cacas luminescents, ça sera la ruée.
Nous voulons déjà être dénaturés, déshumanisés, androïdés, artificialisés. Les tatoutages et implants n’en sont qu’au début de leurs expériences. Ils iront beaucoup plus loin.
Cette transformation lourde, qui est pourtant la réponse logique à la lassitude, pose constamment des problèmes à ceux qui investissent dans des entreprises de long terme. Le club Med qui avait payé cher ses structures en atoll se retrouve avec une clientèle que cette nature indiffère de plus en plus et qui préfère profiter des vacances pour s’undergrounder, pour s’enfermer davantage.
On s’offrira probablement encore des roses mais fluos et sentant le bubblegum.
J’estime que les Américains ont davantage utilisé puis déguisé en bucolique que les Français.
Au moment où ils avaient choisi pour emblème un pygargue serrant foudre et olivier, où sur leurs avions de guerre ils mettaient des noms de tribus amérindiennes et où Levi Strauss comme Marlboro la jouaient grands espaces d’Antan, en France on allait vers des symboles pris dans des concepts.
La statuaire qui orne le grand Palais, le pont Alexandre III, la place de la Nation, la place de République semblent représenter des personnes humaines mais il s’agit d’incarnation sous forme humaine de concepts abstraits. Le clou étant la statue de la Liberté.
L’Amérique est le seul endroit du Monde où l’on a eu l’idée de réunir les meilleurs présidents dans une montagne (Ruhsmore). En France on rassemble nos panthéonisés en plein centre ville.
Le drapeau français c’est la juxtaposition de trois couleurs valant concepts
Le drapeau américain c’est la juxtaposition de figures valant territoires.
Aujourd’hui, en Amérique, des millions s’habillent comme les paysans et vachers de 1853 (lancement du blue-jeans), chapeau, chemise et chaussures comprises. En France personne ne s’habille à la manière de Victor Hugo
En Amérique, il y a les Amish, entre autres, qui peuvent vivre comme il y a deux siècles, rien qu’avec des chevaux. En France les Gitans et Tziganes sont méprisés.
L’Amérique est le résultat d’une conquête des espaces et elle ne l’oublie pas (Les immigrants ayant volé les terres des natifs). La France se définirait plutôt comme le résultat d’une conquête des esprits (les Français ayant surtout aliéné leurs colonisés à la culture ferryste).
Là-bas la liberté serait spatiale, ici elle serait intellectuelle (Cf la liberté de Sade à écrire ce qu’il voulait en passant le plus clair de son temps en prison).
« »« »« »Après être sorti de la nature et ses limites par sa volonté et son intelligence pour être un inventeur, un créateur de cultures, un contemplateur, l’homme est devenu prisonnier de la culture qu’il a façonnée, une sous-culture hyper moderne, faite d’artifices,.....« »« »"
Que de mots savanteux pour dissimuler les poils de vos mains !
La nature, ce sont ceux qui ont les mains dedans qui la connaissent en certaines de ses réalités. Il s’agit des planteurs de choux, des pêcheurs, des physiciens du CERN, des astronomes, des médecins, des bûcherons, les tanneurs, les éleveurs de cochons, les chocolatiers, les parfumeurs, les forgerons, les menuisiers, les infirmières...
Tous ces gens auraient besoin de protections spécifiques pour se protéger un peu des agressions de la nature.
Les autres, qui n’ont besoin d’aucune autre sorte de protection physique que celle des oisifs, ne s’y connaissent qu’en transcendantalisation du travail ou en poétisation de la nature : Confucius, Platon, BHL et Hegel pour qui arbeit macht frei.....
Ce soir, ils ont l’humeur joyeuse, ils font la Lune argentée
Demain, d’une humeur différente, ils la font cendrée
Et ce faisant, ils dénient que leur nourriture concrète provient d’un travail silencieux mais pénible et usant sur la nature.
Ce travail qu’effectuent pour eux des esclaves ou travailleurs physiques, les merles le dénient et n’y rendent jamais hommage.
Le travail fondamental est celui qui tire au mieux mais toujours dans l’effort physique, de ce qu’offre la nature (pas toujours renouvellante ou cyclique, parfois épuisable).
La culture vivrière étant pénible, il s’est vite trouvé des petits malins qui ont eu la bonne idée d’inventer des tas de mots pour donner l’impression de produire quelque chose qu’ils ont appelé également culture. La leur servant à nourrir l’esprit.
Partant de cette ruse si longuement sédimentée qu’elle fait nos calcaires cognitifs et marbres sémantiques, il leur devient tout à fait possible d’affirmer n’importe quoi.
Partant du fait qu’on peut éblouir Joudain en l’informant qu’il dit de la prose ou épater un boulanger en l’informant qu’il participe à la culture, il leur devient possible de s’engraisser sur leur dos.
Si le pont transbordeur fermait bien le Vieux port, fabriquer un tel bazar pour s’éviter un détour de seulement deux kilomètres (pour ceux qui circulaient au plus près de ce pont) me semble avoir été grandiloquent ou affaire juteuse pour les décideurs.
A Rochefort ; il y avait un pont transbordeur qui offrait d’éviter un détour de 20 km
Concernant votre article, vous avez cherché à la jouer très marseillaise.
Pour ma part, j’aurais entrepris un tel sujet, j’aurais tout de même dit un mot sur la situation de Marseille avant 42, puis après 42 où elle est devenue un piège pour des tas de gens fuyant les Nazis et j’aurais dit deux mots sur Toulon et la flotte française invitée à se saborder.
Coulée -avec l’accord de De Gaulle- sans jamais avoir combattu.
(Ce qui fait que l’unique victoire de la Royale au XXème siècle s’était produite dans le golfe de Thaïlande où notre marine d’Indochine, coincée-tolérée par l’occupant japonais, avait coulé la marine Thaï qui escomptait profiter du grand brassage des cartes pour croquer un bout de notre colonie)
Vous dites qu’il ne faut pas magnifier le rôle de la résistance.
Ce rôle est effectivement petit d’un point de vue très militaire et déjà plus important sur le plan du renseignement.
Mais surtout, dans tous les pays occupés, la Résistance joue un rôle énorme d’un point de vue psychologique.
Tellement énorme qu’elle peut être surévaluée.
Exemple : Pendant la guerre du Vietnam, le Viet Cong était partout (en tous cas pendant les nuits). Cette résistance viet était si présente, qu’elle-même s’est ennivrée de sa puissance. Elle avait lancé l’offensive du Têt en étant persuadée que toute la population la rejoindrait devant son ample déploiement. Il n’en a rien été et elle a été marrie.
Les Chouans aussi avaient été ennivrés par leur impression de force.
D’une manière générale et c’est le propre des organisations clandestines, il est difficile pour toutes les parties dont elles-mêmes, d’en évaluer exactement la puissance.
(Ca vaut aussi en politique pour les partis émergents)
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