Sortir en douceur du nucléaire

par olivier cabanel
mardi 9 février 2010

En 2007, près de 60% des français se prononçaient en faveur d’une diminution du nucléaire en France, ils sont aujourd’hui encore plus nombreux à vouloir en sortir

En effet, en 1994 les personnes hostiles au nucléaire avoisinaient les 30%, puis atteignaient 35% en 1999, et enfin 44% en 2002. lien

Dans un sondage BVA de juillet 2006, on apprend qu’ils sont 81% à considérer que le nucléaire est une énergie à risque,

54% ne trouvent pas normal d’investir 3 milliards d’euros dans la construction d’une nouvelle centrale nucléaire (le nouveau EPR va couter 6 milliards) 80% sont favorable à l’organisation d’un référendum sur ce sujet, et enfin 84% sont prêts à se tourner vers les énergies renouvelables. lien

Tchernobyl en est surement l’une des raisons, mais l’accumulation des accidents dans les centrales françaises n’y est pas pour rien. lien

Et puis les Français voyant ce qui se passe dans le reste de l’Europe n’acceptent pas que nous ayons le bonnet d’âne en la matière. lien

Freiburg en Brisgau, par exemple, ville allemande de 200 000 habitants est en tête des villes les plus écolo d’Europe.

Question énergie photovoltaïque, ils ont un taux record avec 31,3 watts par habitant.

Ce qui est un exploit si l’on tient compte de leur ensoleillement limité (1740 heures par an : notre Provence en récolte 1000 heures de plus). lien

On imagine sans peine le développement que pourrait prendre cette filière en France, puisque notre potentiel solaire est de 60 GTEP (700 000 TWh) lien.

Les rendements de conversion de l’énergie solaire en énergie électrique sont aujourd’hui d’environ 15% mais avec les dernières découvertes (Graetzel) que j’évoquais dans un article récent, le rendement fait un bond en avant, d’autant que les prix vont chuter considérablement. lien

Et puis ces nouvelles cellules photovoltaïques sont transparentes, et peuvent remplacer les vitres de nos fenêtres, ou alors souples, et s’intégrer un peu partout. lien

Prenons l’énergie éolienne, alors que notre pays dispose du 2ème gisement éolien d’Europe, nous arrivons loin, derrière l’Allemagne, l’Espagne, le Danemark.

L’Allemagne en est à 20 200 Mégawats, l’Espagne 11 600, et en France nous venons à peine de passer le chiffre de 1 000. lien

En développant mieux cette énergie propre et renouvelable, cela pourrait représenter 31% de la consommation électrique du pays. lien

La biomasse, avec production de méthane est aussi une partie de la réponse.

Nous avons un potentiel de 90 MTEP (millions de tonnes équivalent pétrole), ce qui comparé à la demande nationale (276,5 mtep) lien n’est pas négligeable.

la Suède est dans l’innovation, et les installations de biogaz se multiplient. lien

Elle disposait déjà en 2005 de 779 bus, de plus de 7000 voitures (en 2009) et même d’un train roulant au biogaz. lien

En 2009, elle compte 120 stations services délivrant du biogaz, et veut en produire d’ici 2015 assez pour alimenter 75 000 véhicules. lien

Pour produire ce méthane, ils utilisent les résidus des usines d’épuration d’eau.

Mais le méthane peut être aussi produit en traitant les lisiers et fumiers des étables, en le récupérant lorsqu’il s’échappe des zones de stockage de déchets, des fosses septiques, des déchets de broussailles broyées, après le passage des bucherons dans nos forêts.

En Chine depuis longtemps, des centaines de milliers de digesteurs familiaux permettent aux familles de cuisiner sur des réchauds au biogaz. lien

En France, Lille Métropole vient de s’équiper d’un site unique en Europe par sa taille : il approvisionne une centaine de bus en biogaz, et traite 108 600 tonnes de déchets ménagers. lien

Mais ce n’est qu’une installation, alors que notre pays pourrait en avoir des milliers d’autres, la France comptant 260 villes de plus de 30 000 habitants.

Lors d’un article récent (du pétrole sous les sabots) j’évoquais les 500 000 chevaux qui galopent dans notre pays, produisant plus de 4 millions de tonnes de fumier, ce qui représenterait 400 millions de mètre cubes de biogaz. lien

Si on y ajoute les bovins, les caprins, on découvre que nos paysans pourraient trouver là un moyen original de sortir de la crise dans laquelle ils se trouvent aujourd’hui plongés.

Quelques-uns commencent à le faire, mais ce sont des efforts très modestes. lien

On le voit, sortir en douceur du nucléaire ne relève pas de l’utopie, et se trouve seulement en butte à un président autocrate qui veut imposer le nucléaire aux français, contre vents et marées (noires).

Le mensonge nucléaire tente de passer encore pour une vérité, mais la mayonnaise ne prend plus. lien

Car comme disait mon vieil ami africain :

« La langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche ».


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