Cet ambassadeur vient d’être désavoué par les déclarations du ministère des affaires étrangères chinois qui tente de rattraper la bourde de son « loup combattant » en rappelant qu’évidemment la Chine respecte la charte des Nations Unies qui reconnait la souveraineté territoriale des nations.
Cela fait tache pour un pays qui se pose en médiateur mais personne n’est dupe puisque Xi Jinping refuse de parler à Zelenski et qu’il clame partout son amitié indéfectible pour Poutine.
@Christophe Vous avez une approche philosophique j’ai une approche historienne. Vous pensez qu’il existe des concepts intemporels avec lesquels vous pouvez jongler en passant d’une notion à une autre. Pour moi aucune pensée n’a de sens en dehors de sa contextualisation et je raisonne en mode rupture/continuité, ce qui signifie que mon objet est le temps. Les « Chicago boys » de Milton Friedman œuvrent vers les années 1970, ma remarque évoquait la fin du XIXème siècle. Par ailleurs votre critique de la démocratie actuelle vous amène à jeter le bébé avec l’eau du bain dans un relativisme qui vous fait soutenir des régimes insoutenables.
@Christophe L’article que vous citez correspond à son intervention au Collège de France en 2018. Il est en grande partie consultable en français sur le site géopolitique conservateur « Terra Bellum ». Le reste de votre commentaire résume ce qu’est la démocratie selon Tocqueville à savoir, une égalité des droits à la naissance qui ne préjuge en rien le type de pouvoir. C’est une vision très orthodoxe du libéralisme au début du XIXème siècle dans sa version plutôt conservatrice. Les libéraux plus progressistes prônent les droits civiques pour tous et des institutions représentatives élues et contrôlées. Ces derniers obtiennent gain de cause en Europe et aux USA vers la fin du siècle. De son côté la pensée socialiste remet en question l’axiome libéral en faisant remarquer qu’il ne suffit pas d’octroyer les mêmes droits pour générer des conditions de vie égales puisque personne ne part avec les mêmes chances en raison des différences de position socioéconomique à la naissance. Ces évolutions sont décrites avec clarté dans les écrits de René Rémond qui datent un peu mais font encore autorité.
Aujourd’hui nos démocraties sont les héritières de ces débats déjà anciens. Elles sont libérales dans l’esprit et le fonctionnement (droits civils et civiques, Etat de droit, élections, séparation des pouvoirs, parlementarisme) elles sont sociales plus ou moins redistributives selon les modèles.
@Christophe Vous citez des auteurs sérieux dont principalement l’intervention d’Hiroshi Watanabe au Collège de France en 2018 mais faites une interprétation décontextualisée des notions que vous employez. Pour Tocqueville, la liberté c’est l’égalité des droits civils entre individus, ce qu’il appelle l’égalité des conditions qui sont le principe même de la démocratie. Il est en cela un parfait adepte de la philosophie libérale. Pour lui, peu importe le système politique, l’égalité des droits à la naissance, l’absence de caste suffisent à fonder la démocratie ce qui lui permet d’avancer cette expression antithétique de « despotisme démocratique » à propos de la Chine. Cela ne signifie en aucun cas pour Tocqueville qu’il peut y avoir démocratie sans liberté entendue dans l’acception de l’auteur. Tocqueville était un libéral conservateur girondin (décentralisateur). Lorsqu’il publie « De la démocratie en Amérique » en 1835 et 40 le système américain est encore censitaire, le suffrage universel masculin n’arrive qu’en 1870. Il participe certes à la Convention de 1848 mais s’insurge contre le droit de vote pour les domestiques, les soldats et les pauvres.
En somme lorsque vous affirmez que pour Tocqueville il peut y avoir démocratie sans liberté vous commettez une erreur de raisonnement et un anachronisme. Pour lui la liberté c’est l’égalité des droits (des conditions), elle définit la démocratie. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre les propos sur la Chine et ses « examens ». Ces termes n’ont plus le même sens aujourd’hui près de deux siècles plus tard et personne ne se hasarderait en dehors de vous à soutenir qu’il peut y avoir démocratie sans libertés.