Christian Labrune

@kali
Vous feriez mieux, puisque vous aimez cette volupté particulière qui consiste à se dire scandalisé et à se camper fièrement sur les principes de la morale, de vous étonner à propos d’une mitterrandolâtrie de la fin du siècle dernier dont on voit encore aujourd’hui les conséquences funestes. On sait maintenant beaucoup de choses sur le bonhomme, mais cela n’empêche pas de lui rendre un culte et le pauvre Hollande en est encore, à défaut d’avoir quelque chose à proposer, à en imiter dans ses discours les intonations ridicules.
On voit l’homme qui pensait avoir le « monopole du coeur » photographié avant la guerre derrière la banderole d’une manifestation qui exigeait l’ostracisme des « métèques ». Maréchaliste jusqu’à ce que le vent commence à tourner du côté de Stalingrad, il réalise cette étrange performance qui consiste à être un des rares « résistants » décorés de la francisque - et peut-être le seul, mais je ne m’avancerai pas sur ce point. En 56, dans le gouvernement Guy Mollet, il approuve l’usage de la guillotine pour faire raccourcir plus d’une trentaine de jeunes Algériens. Il n’a pas compris qu’il s’agissait d’une guerre, qu’il fallait conclure ce que De Gaulle appellera dès 58 une « paix des braves » et traite des résistants à la présence française comme des criminels de droit commun. En 59, comme on l’oublie un peu, il y a la monstrueuse forfaiture des jardins de l’observatoire : il organise un attentat contre lui-même. Il faut le faire !
L’homme de droite fait main-basse au congrès d’Epinay sur le PS ; avec l’aide de René Bousquet et d’une certaine presse que celui-ci contrôle indirectement, il peut entreprendre enfin son ascension vers le pouvoir, vers la « force tranquille ».
Slogan assez révélateur, sorte de retour du refoulé : à la fin de « L’enfance d’un chef », publiée juste avant la guerre Sartre, employait déjà cette expression : le jeune homme de la nouvelle, après avoir cassé la gueule avec plusieurs de ses petits camarades d’extrême droite à un vendeur juif de « l’Humanité » qui y perd un oeil se perçoit enfin comme « une force tranquille ».
La suite est plus connue : la gouvernement Maurois qui nationalise à tort et à travers et le tournant de 83 qui ouvre sur un libéralisme déréglé, inaugure « les années fric ». Et j’allais oublier la promotion délibérée de Le Pen pour mieux diviser la droite. Politique de gribouille, dont nous subissons encore les conséquences. Je vous laisse compléter le tableau.
 Tout cela, pour les historiens, dans cinquante ans, sera d’une importance capitale pour expliquer la dégringolade de la France. Les histoires de DSK, on les aura oubliées, ou bien on s’en étonnera à perte de vue, comme d’un signe de l’extravagant puritanisme d’un début du siècle.
 
 

@kali
Toutes ces choses-là n’arriveraient pas si on prenait enfin les mesures qui s’imposent. A l’époque où l’on chaponnait des petits garçons dans les villes d’italie, pour qu’il puissent conserver une voix de soprano, la majorité ne survivaient pas à l’opération, mais aujourd’hui, les risques seraient tout à fait minimes. Si la castration des garçons devenait obligatoire avant la puberté et, pour faire bonne mesure, une ovarectomie pour les filles, les relations entre hommes et femmes s’en trouveraient considérablement apaisées. Par dessus le marché, on pourrait enfin entendre ces voix extraordinaires qui enchantaient les auditeurs à la Chapelle Sixtine et dont les hautes-contre ne peuvent nous donner qu’une très vague idée. Le temps qu’on passait à batifoler dans les plumards, on le consacrerait à la musique. De la musique avant toute chose, enfin ! Si un candidat à la présidentielle proposait ce type de mesure, je voterais, mais j’en fais une condition sine qua non.

@kali
Il est possible que vous ayez raison, mais je perdrai pas mon temps à vérifier. J’ai écrit cette petite réaction en manière de provocation parce que ça m’amusait et que je déteste la tartufferie. L’affaire DSK est comme un os qu’on jette aux chiens pour les éloigner un moment, rien de plus, et elle ne me passionne pas. Un ami prof d’histoire me disait que de temps à autre, quand l’intérêt de ses élèves s’affaiblissait un peu, il avait recours, comme tout le monde, à quelque anecdote un peu croustillante pour les réveiller, mais il appelait ça « les bruits de chiotte de l’histoire » et il n’avait pas tort. Le Président Félix Faure, dont on avait fait « descendre la connaissance par l’escalier de service » ou tel Cardinal de l’Eglise catholique trouvé mort dans un hôtel de passe ou encore tel président américain toujours vivant des occupé dans le bureau ovale à des activités qui n’avaient pas grand chose à voir avec le destin des Etats Unis me paraissent à tout prendre, avec le recul, plus sympathiques que beaucoup de leurs contemporains dont l’histoire n’a rien retenu de la vie privée et qui n’étaient pas nécessairement plus vertueux.

@à l’auteur
Je vois que votre langue est le français. Si vous n’avez pas le temps d’apprendre l’arabe, lisez donc plutôt Descartes : les « Meditationes de prima philosophia » sont parfaitement traduites par le duc de Luynes et le cher René a même publié directement en français son « Discours de la méthode » pour que les femmes qui, souvent, ignoraient le latin, pussent s’adonner tout aussi bien que les hommes à la philosophie. Délicate attention dont vous ne risquez pas de trouver un équivalent dans la civilisation islamique où les femmes comptent pour des prunes.
Il y aurait beaucoup d’autres auteurs admirables dans la langue française, mais Descartes nous apprend à penser rigoureusement, il est l’ennemi de tous les obscurantisme. L’ayant lu, vous pourrez aisément faire l’économie de ce vieux truc poussiéreux que vous évoquez et dont se réclament aujourd’hui tant d’assassins.

A l’heure où je vois cet article, il est approuvé par 36% de lecteurs et désapprouvé à 62%. Ce qui est étrange, c’est que je ne lis guère -mais je n’ai peut-être pas tout vu- de réactions favorables. C’est bon signe, cela signifie qu’il y a dans la population française 62% de citoyens vertueux et donc, probablement de moins en moins de cocus et de femmes trompées. Et ceux qui se montreraient tolérants avec tout ce qui touche à la sexualité, à ses fantaisies, à ses débordements et à ses déviances, n’osent pas même s’exprimer, ces salauds : ils savent à quoi s’attendre.
Notre avenir étant probablement la charia, laquelle ne rigole guère avec des turpitudes de cette espèce, il est bon de nous y adapter très progressivement ; de cette façon, nous ne serons pas trop surpris. Je rêve d’un monde où l’on aurait d’un côté les femmes toutes voilées de la tête aux pieds et d’un autre côté les hommes, et aucune communication possible entre les deux sexes. Ce qu’il y a de particulièrement choquant dans le cas de DSK, c’est qu’il n’est même pas homosexuel ; s’il était dans la norme, ses petits débordements ne risqueraient plus de choquer personne, mais non : il aime les femmes. C’est d’un ringard ! Bref, il semble qu’un Savonarole new look soit en train de nous revenir. On n’attentait plus que cela pour être vraiment heureux dans le meilleur des mondes possibles.