« D’ailleurs, Mervyn King, président de la banque d’Angleterre, stipule qu’avec les nouvelles technologies, dans une société purement marchande, une banque centrale ne sert plus à rien, les individus pouvant se faire crédits entre eux. »
Effectivement, si l’on observe les 403 monnaies ( http://coinmarketcap.com  ;) qui, à ce jour, se cachent derrière le Bitcoin, on comprend assez facilement que les banques centrales ont bien du soucis à ce faire.
Reste qu’il sera difficile de financer les autoroutes et les hôpitaux si les états n’ont aucun accès au transactions. J’aime bien l’idée d’une économie du don qui s’oppose à une économie de la prédation, mais je crains qu’il n’y ait pas beaucoup de volontaires pour payer.
Par contre, utiliser plusieurs monnaies en même temps, voire dans la même transaction permettrait un meilleur fonctionnement de l’économie, car chaque monnaie poursuit une intention économique différente et cela permettrait de couvrir la totalité des intentions. Si on pose à chacun d’entre-nous la question « Pour vous, qu’est-ce que la richesse ? », la multiplicité des réponses montrerait qu’il existe bien une grande quantité d’intentions.
Fonctionner avec plusieurs monnaies en même temps, les Suisses le font depuis 80 ans avec le Franc WIR, émis par une banque mutualiste pour ses 70000 clients. Cela représente tout de même 10% du PIB Suisse. Les clients de cette banque payent bien leurs impôts avec des Francs Suisses, y compris sur les transactions en Franc Wir.
Nous pourrions donc fort bien supprimer le monopole de l’Euro (sans supprimer l’Euro), mais je crains qu’on ne puisse rendre légales que les monnaies qui acceptent un certain niveau de transparence.
Une autre manière de créer de la monnaie et de faire un chèque. Entre la rédaction du chèque et son encaissement, le chèque existe comme un billet pendant quelques jours. L’émetteur du chèque peut très bien continuer à toucher des intérêts sur cette somme avant qu’elle soit débitée de son compte alors que la propriété du chèque a déjà été transférée. J’ai connu une époque où les chèques n’étaient pas barrés et pouvaient circuler…
Quand vous parlez du prêt entre entreprises, il y a une différence notable avec la banque. Le prêt n’est effectif que lorsque l’argent est transféré d’un compte à un autre. Avec la banque, c’est complètement différent, l’argent reste à la banque, c’est comme si vous aviez déposé cet argent sur votre compte. Il ne sortira de la banque que par les compensations interbancaires qui ne transfère que le solde de tous les mouvements extérieurs. Le prêt n’en fait pas partie. Vous citez en référence le document d’Etienne Chouard qui parle bien lui aussi de création monétaire.
Vous êtes vraiment le seul à défendre cette thèse et cela aurait du vous faire réfléchir. Tout d’abord, la finance n’est pas contrôlée par la comptabilité, la compta sert plutôt à mesurer la finance. Donc, si la BCE dit que la monnaie est créée par les emprunts, c’est que cela doit être vrai. Ensuite, nous ne sommes plus à l’époque où la monnaie est uniquement constitué des pièces et des billets en circulation. Ces billets et ces pièces ne constituent qu’une infime partie de la monnaie en circulation. Il faut bien créer le reste.
La BCE fait de l’émission monétaire et les banques font de la création monétaire. La monnaie émise est réservée aux banques et au Trésor et ne doit pas circuler ; cela sert à établir les fonds propres des banques qui seront clonés pour les emprunts. Seul circulent la monnaie créée par les banques et les pièces et billets créés par le Trésor.
Ce mécanisme de clônage mérite d’être explicité. En fait on peut considérer que lors d’un emprunt, on enlève cette somme des fonds propres pour les mettres sur le compte de l’emprunteur. Comme l’emprunteur ne l’utilise pas immédiatement, on peut considérée que la somme est déposée par l’emprunteur à sa banque et remise dans les fonds propres. L’emprunteur va utiliser cette somme pour payer ses créanciers, une partie sera dirigé vers des comptes qui sont encore dans la même banque et sera donc toujours dans les fonds propres. De même, des emprunteurs d’autres banques vont payer des créantiers dans la première banque et les banques ne transfèrent entre elles que la différence dans une opération de compensation.
Au final, une petite partie seulement de la somme empruntée sortira de la banque. Le reste peut encore être utilisé pour d’autres emprunteur. La BCE impose des contraintes sur le nombre de fois qu’une somme émise peut être clonée pour limiter les risques d’impayés. On parle de ratio Cooke (ou Bâle 1) Bâle 2 et maintenant Bâle 3. Ces ratios n’auraient aucun sens si vous aviez raison.
Dans les faits, ces ratios ne sont pas très efficaces, car les banques font de la titrisation pour maximiser le chiffre d’affaire.
L’argent créé se retrouve sur le compte de l’emprunteur et est détruit dès qu’il est remboursé. Il n’est donc jamais sur le compte de la banque. Si ce mécanisme n’existait pas, il n’y aurait pas assez d’Euros en circulation. C’est un mécanisme anti-inflation grâce à le destruction de la monnaie. En théorie, il ne circule que la monnaie nécessaire à l’économie. Dans la pratique, c’est autre chose…
Une banque n’est pas une entreprise comme les autres puisqu’elle a le droit de créer de la monnaie dans des limites imposées. Si vous aviez raison, alors Bâle 3 serait du vent et la crise financière n’existerait pas...
« Les sommes correspondantes existent, elles sont juste concentrées chez les détenteurs de richesse (qui ne sont d’ailleurs pas tous banquiers). » Vu votre dernière phrase, vous n’êtes pas loin de défendre l’idée des monnaies fondantes. C’est une approche qui me semble pertinente pour rééquilibrer la création de richesse vis à vis de la prédation.
Une majorité de la population rêve de pouvoir faire de la prédation, c’est-à-dire de s’enrichir sans participer à un acte de création. Il y a juste ceux qui peuvent le faire et ceux qui ne peuvent qu’en rêver. La monnaie fondante à pour avantage de ne pas permettre un enrichissement sans participer à la création de richesse. Elle permet aussi de rééquilibrer la rélation entre un vendeur et un acheteur : l’acheteur est alors aussi pressé de finaliser la transaction que le vendeur.
C’est justement parce que la fonction bancaire est absolument nécessaire au fonctionnement de l’économie que les erreurs ont des conséquences sensibles. Il est donc normal que la fonction soit rémunérée mais aussi que les erreurs soient payées.