@Fergus Nous sommes d’accord sur l’essentiel mais votre article ne pointe que les dérives sans assez les détailler à mon goût car elles sont condamnables mais minoritaires et surtout sans signaler les apports de ce mouvement parti des USA qui a infusé ailleurs. Metoo a ouvert une parole qui n’existait pas et a déboulonné des personnes toxiques comme PPDA ou Le Graët. La dénonciation des violences policières lors des gilets jaunes a engendré une révision en cours de la méthode française, les dénonciations des contrôles faciaux que subissent toujours les noirs et arabes, la lutte contre l’homophobie et l’aide aux transsexuels, l’évolution de la législation sur le bien-être animal, la demande d’une économie décarbonée, de circulation douces, de moins d’intrants, etc... Tout cela est porté par la jeune génération qui mérite d’être soutenue sans qu’elle soit accusée de « wokisme », une expression à mon sens sans valeur parce que devenue après un long parcours celle de la peur des conservateurs.
On résume : un monarchiste ( tendance Bourbon je suppose), antirépublicain, antidémocrate, catholique qui veut que sa religion redevienne religion d’Etat, fan de Napoléon et pour qui l’histoire se résume aux héros et au roman monarchique. férocement contre-révolutionnaire (l’abbé Barruel doit être votre écrivain de chevet).
C’est exotique dans la France de 2023 !
Un détail qui m’a fait sourire : tous les gens comme vous commencent par dire qu’ils sont mariés et pères de famille. Vous auriez pu pousser ce marqueur identitaire du catho conservateur jusqu’à donner le nombre de votre progéniture. Le chiffre de quatre ou cinq vous aurait à coup sûr donné une crédibilité auprès des vôtres absolument complète.
De fait l’origine du mot est ancienne (il y a des occurrences dès le début du XXème siècle) et liée au combat des noirs américains pour leurs droits. Il est réactivé après le meurtre de M Brown en 2014 (émeutes de Ferguson) qui provoque une vague de contestation contre les violences policières aux USA. Il se répand ensuite à travers le monde au sein d’autres sphères militantes pour dénoncer toutes formes d’injustices sexuelles, ethniques, religieuses ou de genre.
Les personnes qui se revendiquent « woke » aujourd’hui participent à des mouvements très divers tels que, la lutte anti-raciste, les marches pour le climat, le combat pour l’égalité homme/femme, les droits lgbt, la lutte contre la souffrance animale, etc...Ce n’est en aucun cas un mouvement uniforme ou structuré autour d’une pensée précise si ce n’est la volonté de faire évoluer la législation et nos modes de vie.
La cancel culture (culture de l’annulation) vise à dénoncer les acteurs de ces inégalités. On a surtout vu son effet dans le mouvement Metoo.
En somme il s’agit d’une auberge espagnole qui regroupe des aspirations très diverses avec ses modérés et ses extrémistes comme partout, les derniers faisant le miel des commentateurs conservateurs.
Le terme woke est devenu une expression fourre-tout pour dénigrer des idées progressistes. Il est d’ailleurs principalement utilisé par la droite et l’extrême-droite qui dénoncent un nouveau « totalitarisme » de gauche comme si dénoncer la cuture du viol ou le racisme était totalitaire...
Ce mot valise qui n’est pas revendiqué par grand monde en France et est largement inconnu des français (6% savent en 2021 le sens du terme) est devenu le diable pour les conservateurs dont Sandrine Rousseau serait le bras droit maléfique.
Plutôt que délirer sur une supposée invasion woke comme le faisait JM Blanquer il y a peu encore, on ferait mieux d’essayer de voir ce que cette volonté d’améliorer nos sociétés apporte.
En quoi publier un guide d’aide aux parents et fournir les coordonnées d’associations d’aide aux transsexuels serait-il une infraction à la « neutralité, l’impartialité et l’indépendance du service publique » ?
Je suppose que Juristes pour l’enfance ne demande pas à la CAF de supprimer les mêmes dispositifs qui doivent sans doute exister sur d’autres sujets comme par exemple les handicaps, la maltraitance ou les maladies.
La réalité est que cette association militante nie la notion même de transidentité. Elle y voit un trouble mental qu’il convient de traiter.
Proche des milieux conservateurs catholiques, issue de la mouvance « manif pour tous », elle a milité contre la PMA pour toutes et a trouvé un nouveau cheval de bataille avec les transsexuels.
Son approche est exactement la même que celle qui prévalait naguère envers les homosexuels dans ces milieux. Un refus farouche d’accepter les gens comme ils sont et le disent, la croyance qu’il suffirait d’une thérapie pour remettre les impétrants dans le droit chemin, la certitude que le monde s’effondrera si la société fait preuve d’écoute et de tolérance.
Cette vision fixiste de la famille et des identités n’est qu’une machine à exclure.